« Monténégro : la loi sur les religions, une nouvelle onde de choc pour l’orthodoxie ? » – entretien avec le professeur Boško Bojović

5 janvier 2020  par Jivko Panev

« Monténégro : la loi sur les religions, une nouvelle onde de choc pour l’orthodoxie ? » – entretien avec le professeur Boško Bojović

Le 27 décembre dernier, le Parlement monténégrin a adopté une nouvelle loi qui prévoit que l’État devienne propriétaire de tous les édifices religieux construits avant 1918. La métropole orthodoxe du Monténégro et du Littorale (Église orthodoxe serbe), la seule juridiction canonique, risque de perdre la propriété de ses 600 églises, 60 monastères et dénonce une « loi de spoliation ». Nous avons demandé à Boško Bojović, professeur associé à l’EHESS, directeur de recherches à l’Institut des études balkaniques de l’Académie serbe des sciences, en retraite et professeur à l’ECPD (Europian Center of Peace and Developement). Boško Bojović de nous donner son analyse de la situation.

Source: Orthodoxie.com

Des dizaines de milliers de Monténégrins ont remplacé les réjouissances du Nouvel An par des processions pour la défense de leur Église

2 janvier 2020  par Jivko Panev

Des dizaines de milliers de Monténégrins ont remplacé les réjouissances du Nouvel An par des processions pour la défense de leur Église

Des dizaines de milliers de Monténégrins, dont de nombreux jeunes, ont remplacé les réjouissances du Jour de l’an par des processions pour la défense de l’Église orthodoxe au Monténégro, menacée par la nouvelle loi votée par le Parlement et signée par le président Milo Djukanović. Après un office d’intercession dans leurs églises, les fidèles ont défilé en procession dans les principales villes du pays. On peut visionner ici les processions à Podgorica :

La procession à Podgorica
La procession à Podgorica

la procession à Budva :

la procession à Pljevlja :

La procession à Budva
La procession à Pljevlja
La procesion à Berane
La procession à Bar
Zablak

Source: Orthodoxie.com

Le patriarche de Serbie a reçu le président serbe Vučić et a évoqué avec lui la situation au Monténégro

2 janvier 2020  par Jivko Panev

Le patriarche de Serbie a reçu le président serbe Vučić et a évoqué avec lui la situation au Monténégro

Le 31 décembre 2019, le patriarche de Serbie Irénée a reçu le président serbe Aleksandar Vučić dans les locaux du Patriarcat à Belgrade. À la rencontre étaient également présents l’évêque de Remesiana Stéphane, Ivica Dacić, ministre des Affaires étrangères, Nikola Selaković secrétaire du président de la République de Serbie, ainsi que le secrétaire particulier du patriarche de Serbie, Dejan Nakić. Après la rencontre, le patriarche et le président se sont adressés aux nombreux représentants des médias. « Malheureusement, là-bas, les Serbes sont confrontés à un assez grand problème. Nous avons discuté [avec le président] et avons examiné la manière de résoudre ces problèmes. Mon opinion personnelle, dont j’ai fait part, est que les choses doivent se calmer », a déclaré le patriarche Irénée. « Nous considérions le Monténégro comme une partie de notre peuple. Nous n’avons rien contre le Monténégro en tant qu’État. Le Monténégro a été indépendant dans le passé et il peut l’être aujourd’hui. Nos relations mutuelles ne doivent pas changer, car nous sommes un seul peuple, mais il y a des gens qui le nient, qui considèrent qu’ils sont un peuple particulier. L’histoire a son jugement sur tout cela et il doit être entendu » a poursuivi le patriarche. Au sujet des relations de l’Église et de l’État en Serbie, celui-ci a déclaré que « l’Église s’occupe de ses affaires, tandis que l’État s’occupe des siennes. Dans notre histoire, l’époque la meilleure a été lorsque prédominait la symphonie entre l’État et l’Église, et c’était lorsque l’État s’occupait de ses affaires, tandis que l’Église s’occupait des siennes. Nous nous efforçons de vivre cela aujourd’hui également », a souligné le primat. « Je suis fort reconnaissant à l’État, à ceux qui le représentent, pour ce qu’ils font pour le bien de l’Église, car ce qui est fait pour le bien de l’Église est fait pour le bien du peuple. Ce qui nous surprend [dans ce qui se passe au Monténégro] c’est que ce n’est pas seulement l’Église profitait des sanctuaires, mais le Monténégro tout entier ». Le patriarche a remercié les représentants de l’État pour leur compréhension des nécessités de l’Église et a souligné qu’il remerciait particulièrement le président Vučić pour l’aide à la construction de la cathédrale Saint-Sava : « Tant l’Église que l’État en bénéficieront. Nous sommes une seule et unique entité ». Le primat a ajouté qu’il avait pleine compréhension pour le bien de l’État et qu’il ne ressentait pas de difficultés particulières, « car nombres d’entre elles sont résolues par l’État ». À la question de savoir ce que feront l’État et l’Église si les autorités de Podgorica se mettent à s’emparer des sanctuaires, le patriarche a répondu qu’il espérait que la raison l’emportera et qu’on n’en arrivera pas à saisir les sanctuaires de l’Église orthodoxe serbe au Monténégro. Au même sujet, le patriarche a ajouté que les autorités monténégrines doivent réfléchir, car elles voient la réaction du peuple : « Le peuple est prêt à défendre ses sanctuaires historiques et je crois que l’on n’en arrivera pas là. Si c’est le cas, j’ignore quelles mauvaises conséquences en découleront. Je prie Dieu pour que malgré tout la raison l’emporte sur les problèmes ». À son tour, le président Vucic a déclaré qu’il n’avait rien à ajouter aux paroles du patriarche. Questionné au sujet du monastère d’Ostrog [le plus grand lieu de pèlerinage au Monténégro, dont les revenus sont importants, ndt] le président a déclaré qu’il espérait que personne n’aurait l’idée de s’en emparer. « Il est important pour nous que la paix soit préservée au Monténégro et que l’on arrive à l’apaisement des tensions, et je suis certain que personne ne pense là-bas qu’il serait bien de s’emparer du monastère d’Ostrog » a souligné le président.

Source

Traduction: Orthodoxie.com

L’évêque serbe Méthode se remet à l’hôpital de Belgrade des coups que lui ont assenés les policiers monténégrins

1 janvier 2020  par Jivko Panev

L’évêque Méthode (Église orthodoxe serbe) se remet à l’hôpital de Belgrade des coups que lui ont assenés les policiers monténégrins

L’évêque de Dioclée Méthode a été admis, il y a trois jours, à l’hôpital de l’académie militaire de médecine à Belgrade suite aux coups que lui ont assenés les policiers monténégrins dans la nuit du 26 au 27 décembre, alors qu’il se trouvait sur le pont qui surplombe la rivière Tara à Pljevlja, au Monténégro, avec le peuple des fidèles qui protestaient contre la loi discriminatoire sur « la liberté religieuse ». Le lendemain de l’incident, Mgr Méthode a parlé avec un journaliste de Radio Svetigora (station du diocèse du Monténégro de l’Église orthodoxe serbe) et à dit à celui-ci qu’il se sentait bien, et qu’il était seulement contusionné. Or, après un examen médical approfondi, de nombreuses ecchymoses ont été détectées sur tout le corps et des saignements internes étaient à craindre. Étant donné que, selon le personnel médical de l’hôpital, Mgr Méthode a des problèmes chroniques avec les veines, les saignements internes sont très risqués et nécessitent un traitement et une thérapie intensives. Décrivant l’événement, Mgr Méthode a communiqué à Radio Svetigora qu’à un certain moment les policiers ont commencé à pourchasser les gens de telle façon que s’est formée une masse de gens qui étaient pressés de toutes parts. C’est un véritable miracle, a-t-il poursuivi, que personne dans cette foule n’ait été gravement blessé. L’évêque a constaté que lui-même, à un certain moment, a pensé qu’il allait perdre connaissance. Malgré cela, il a déclaré qu’il pardonnait aux policiers et qu’il espérait que la police ne ferait pas dorénavant usage de la force à l’égard de personnes privées de leurs droits et humiliées.

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Traduction: Orthodoxie.com

Recension, le Monastère de Hilandar au Mont Athos par Ljubomir Mihailović

Brouillon auto

Ljubomir Mihailović, « Le monastère de Chilandar (Hilandar) sur la Sainte Montagne », Éditions Metokhia, Paris, 2019, 151 p.
Continuant sa série d’ouvrages consacrés à la présentation des monastères et églises orthodoxes de Serbie, Ljubomir Mihailović nous propose ici un volume sur le plus prestigieux des monastères serbes, celui de Chilandar au Mont-Athos. Fondé et richement doté, au XIIIe siècle, par saint Sava et son père saint Syméon le Myroblite (roi de Serbie devenu moine à l’Athos), il est aussi l’un des plus beaux de la Sainte Montagne.
L’ouvrage porte principalement sur l’évolution historique du monastère au cours des siècles, fortement soutenu par les successeurs des fondateurs: le roi Milutin, le puissant roi Dušan, grand bienfaiteur des Balkans, de la Grèce et du Mont-Athos, le prince Lazare, la famille Brancović, avant que, la Serbie étant sous occupation ottomane, la Russie ne prenne le relai. Comme tous les monastères de l’Athos, Chilandar a connu au XXe siècle une baisse du nombre de ses moines, puis une renaissance dans les années 70 où il a connu un rétablissement de la vie cénobitique. L’incendie du monastère en mars 2004 fut une terrible épreuve dont s’émut le monde entier; les bâtiments ont cependant retrouvé aujourd’hui leur aspect d’origine grâce à un remarquable travail de reconstruction et de restauration.
L’auteur ne se contente pas de suivre l’évolution historique du monastère et de ses dépendances (dont certaines sont très importantes). Il présente aussi le Typikon du monastère, ses icônes prestigieuses (outre plusieurs icônes miraculeuses connues – dont la Mère de Dieu « aux trois mains », ayant appartenu à saint Jean Damascène – le monastère possède l’une des plus belles collections d’icônes anciennes de l’Athos), et plusieurs figures spirituelles anciennes et contemporaines qui ont contribué à son rayonnement spirituel (le moine Mitrophane, le prohigoumène Nikanor, le moine Jovan, le hiéromoine Kirilo, et le charismatique higoumène actuel, l’archimandrite Métodije).
Le livre peut être acquis à l’église Saint-Sava, rue du Simplon, Paris  XVIIIe.

Jean-Claude Larchet.

Communiqué de presse du Conseil épiscopal de l’Église orthodoxe serbe au Monténégro

Communiqué de presse du Conseil épiscopal de l’Église orthodoxe serbe au Monténégro

Suite à la promulgation de la loi spoliant les églises et biens ecclésiastiques de l’Église orthodoxe au Monténégro, les membres du Conseil épiscopal de celle-ci ont publié le communiqué de presse suivant 

« Podgorica, le 29 décembre 2019

Le Conseil épiscopal de l’Église orthodoxe serbe au Monténégro qui, par décision de la sainte Assemblée des hiérarques de l’Église orthodoxe serbe du mois de mai 2006, est constitué des évêques du diocèse métropolitain du Monténégro et du Littoral, du diocèse de Budimlje-Nikšić, du diocèse de Mileševo et de l’évêché de Zahumlje-Herzégovine et du Littoral, s’est réuni à Podgorica les 28 et 29 décembre de l’année du Seigneur 2019. L’évêque de Dioclée Méthode, vicaire du métropolite du Monténégro et du Littoral n’y a pas participé, en raison des violences physiques exercées à son égard par la police sur le pont de Djurdjevića Tara le 26 décembre et à cause desquelles il est retenu à l’hôpital de l’académie militaire de médecine à Belgrade. Les hiérarques réunis lui souhaitent un prompt rétablissement et un retour prochain. À l’issue de l’office d’intercession à la Très sainte Mère de Dieu – célébré lors des malheurs et des épreuves – et qui a eu lieu le samedi 28 décembre en la cathédrale de la Résurrection du Christ à Podgorica, s’est tenue la session du Conseil épiscopal au cours de laquelle les hiérarques ont évoqué la situation nouvellement créée, dans laquelle s’est trouvée la sainte Église orthodoxe de Dieu après l’adoption par le Parlement du Monténégro de la loi anticonstitutionnelle, ouvertement anti-ecclésiale et discriminatoire sur « la liberté religieuse ou confessionnelle et la situation juridique des confessions religieuses ». Les évêques sont convenus que la promulgation d’une telle loi et ce sans dialogue préalable, avec de nombreuses violations procédurales et des incompatibilités avec les normes internationales, est indubitablement dirigée contre l’Église orthodoxe, concrètement contre le Patriarcat de Serbie, étant donnée que les autres Églises et confessions religieuses traditionnelles ont déjà réglé au moyen d’accords les questions litigieuses avec l’État monténégrin, ce qui n’a pas été accordé à l’Église orthodoxe serbe. Cela est confirmé tant par les déclarations des plus hauts fonctionnaires de l’État et des membres du parti au pouvoir, que par les discussions des députés de ce parti au Parlement monténégrin, et particulièrement par le refus des autorités du Monténégro d’accepter toute solution proposée par l’Église. Depuis des jours déjà, nous sommes témoins de la jubilation de tous ceux qui haïssent l’Église orthodoxe et des nationalistes néo-monténégrins acharnés, pour la plupart des athées militants, qui fêtent la victoire sur l’Église du Christ. Ceux-ci oublient l’ancienne vérité de la Sainte Écriture selon laquelle « les portes de l’enfer ne prévaudront pas » contre l’Église de Dieu. Beaucoup de puissants sont venus et sont partis, mais l’Église de Dieu est restée et a survécu. Les hiérarques du Monténégro rejettent toutes les accusations selon lesquelles l’Église de Dieu au Monténégro est un représentant ou un vestige de quelque idéologie impérialiste ou politique. C’est exactement le contraire, car l’adoption de cette loi et la spoliation des biens ecclésiastiques doit servir en quelque sorte à discipliner l’Église afin qu’elle ne soit pas la servante de la matrice idéologico-politique de l’actuel régime monténégrin. La seule « idéologie » de l’Église et son seul ministère à travers les siècles a été et restera l’Évangile de Dieu et le service du Christ notre Dieu, crucifié et ressuscité. Les évêques ont confirmé les conclusions de leur conférence téléphonique du 26 décembre 2019 et ont exprimé leur détermination à s’opposer à cette injustice à laquelle l’Église fait face, par tous les mécanismes juridiques nationaux, mais aussi en s’adressant aux institutions internationales compétentes pour la défense des droits et des libertés de l’homme. Le Conseil épiscopal informe le public qu’il sait que des dispositions très similaires à celles visant la spoliation des biens ecclésiastiques au Monténégro, se trouvent également en instance de procédure devant les organes des autorités de Priština, dont l’intention est d’ôter au diocèse de Ras et Prizren du Patriarcat de Serbie ses droits de propriété sur nos anciens lieux saints et églises au Kosovo et en Métochie. Le Conseil épiscopal et tous les évêques expriment individuellement l’attachement à notre tradition huit fois séculaire et restent jusqu’au bout fidèles à la structure canonique du Patriarcat de Peć / Serbie, rappelant que chacun des diocèses de celui-ci est l’héritier des anciens évêchés qui ont été fondés au XIIIème siècle par S. Sava, le premier archevêques des terres serbes et du littoral. Les évêques appellent le peuple orthodoxe fidèles du Monténégro à ne pas désespérer et à mettre sa confiance en Dieu et Sa puissance. En ces jours précédant Noël, nous devons nous rassembler dans les églises pour prier avec notre dignité et notre détermination chrétiennes, sans céder aux provocations de ceux dont le but est la séparation entre frères, et nous montrons ainsi que le régime monténégrin ne nous a nullement ébranlés ou effrayés dans notre effort déterminé de défendre nos lieux saints et nos droits et libertés religieuses. « Dure est la noix, fruit singulier, tu as cherché à la casser mais tu t’es cassé les dents » [Niegoch]. Toutes les communautés ecclésiales de nos diocèses sont libres d’exprimer dans un esprit de prière, dans un esprit de paix chrétien et de concorde fraternelle, de façon appropriée, leur position contre la menace pesant sur les droits et libertés fondamentales des croyants. Nous exhortons toutes les forces de la police et leurs chefs, tous jusqu’au Président au Premier ministre, à ne pas recourir à la force, utilisée même contre les évêques, qui se rassemblent pacifiquement pour défendre et réaliser leurs droits religieux. Nous leur rappelons qu’à maintes reprises nous leur avons dit publiquement que le mépris envers l’Église orthodoxe, qui se manifeste depuis presque les deux dernières décennies, et qui a été démontré dans le processus de la préparation et de la promulgation de cet acte législatif honteux, peut entraîner de graves conséquences pour la société monténégrine, et aussi qu’elle détruit la paix et l’harmonie fraternelle qui sont le trésor inestimable de toute société contemporaine. La promulgation d’une telle loi ne sert pas l’honneur et n’attire pas la bénédiction, ni sur ceux qui l’ont proposés, ni sur ceux qui l’ont voté et promulgué. Ce faisant, tous ceux qui sont orthodoxes, nous le constatons avec tristesse, se sont eux-mêmes exclus de l’Église orthodoxe, et par voie de conséquence sont excommuniés. Aussi, nous ordonnons à notre pieux clergé, de ne leur administrer « aucun rite ecclésial » selon l’expression de S. Pierre de Cetinje, jusqu’à leur repentir, pour lequel nous prions. Nous appelons les détenteurs du pouvoir de rassembler leurs forces et, dans les plus brefs délais, d’ouvrir un véritable dialogue afin de rectifier ce qui peut l’être, avant que l’application éventuelle de cette loi ne devienne la source de graves divisions de la société avec des conséquences imprévisibles. Seul un accord pourrait être une véritable victoire du Monténégro et de tous les citoyens monténégrins.

AMPHILOQUE, archevêque de Cetinje, métropolite du Monténégro et du Littoral, ATHANASE, évêque de Mileševo, JOANNICE, évêque de Budimlja-Nikšić, DIMITRI, évêque de Zahumlje-Herzégovine et du Littoral, ATHANASE, évêque émérite de Zahumlje-Herzégovine ».

Source

Traduction: Orthodoxie.com

Coup de cœur pour la B.D. « Bienvenue au Kosovo »

 Coup de cœur pour la B.D. « Bienvenue au Kosovo »

Vendredi 22/11/2019  Après « Le martyre du Kosovo », paru en 2013, Nikola Mirkovic revient sur la scène littéraire et signe son second livre. Intitulé « Bienvenue au Kosovo », ce nouvel ouvrage est un récit contemporain en bande dessinée dans lequel l’auteur croise l’histoire familiale d’un jeune serbe immigré en Italie avec l’histoire de sa région d’origine, celle du Kosovo-Métochie. Une B.D. qui s’inscrit dans une veine autobiographique, mais dont les récits sont bornés par de grandes dates de l’histoire contemporaine. Un type de récit qui n’est pas sans rappeler le célèbre Persepolis de Marjane Satrapi. 

« Bienvenue au Kosovo » présente un éclairage original et très pointu sur l’histoire du Kosovo contemporain, des années 1970 à 2004. On y retrouve le personnage principal, Dimitri, qui a quitté la Yougoslavie et s’est installé à Milan. Il doit retourner au Kosovo pour l’enterrement de son père, mais se trouve plongé dans les émeutes et les pogroms de 2004. Au fil de son voyage, en train et en voiture, lui reviennent en mémoire les souvenirs de son enfance, de la guerre et de ses amis d’alors, qu’il retrouve de façon fortuite dans une ville déchirée entre Albanais et Serbes. 

Disponible depuis le 23 octobre, la B.D. remporte un beau succès la classant directement parmi les premières ventes du genre en ligne. Les critiques littéraires qui lui sont dédiées ne tarissent pas d’éloges comme celle de l’Opinion Indépendante pour qui, « Bienvenue au Kosovo » est une BD « à rebours des idées reçues » qui « fait entendre la voix des oubliés de l’histoire. »
Cette B.D. est un nouveau coup de maitre littéraire pour Nikola Mirkovic, membre de longue date du bureau de Solidarité Kosovo, dont la volonté demeure, comme pour le premier opuscule, de faire connaitre le sort d’un peuple martyr, celui des Serbes du Kosovo.
Bienvenue au Kosovo, de Nikola Mirkovic (Auteur), Simona Mogavino (Auteur), Giuseppe Quattrocchi (Illustrations). Aux éditions du Rocher, 2019, 14.90€
Les Editions du Rocher – 28, rue Comte Félix Gastaldi – BP 521 MC 98015 Monaco
www.editionsdurocher.fr –  Tél. : 00 377 99 99 67 17 

Source : Solidarité Kosovo

Interview exclusive du patriarche Irénée au quotidien belgradois « Politika » à l’occasion du 800e anniversaire de l’autocéphalie de l’Église orthodoxe serbe

10 octobre 2019 par Jivko Panev

Interview exclusive du patriarche Irénée au quotidien belgradois « Politka » à l’occasion du 800e anniversaire de l’autocéphalie de l’Église orthodoxe serbe

À l’occasion du grand jubilé de l’Église orthodoxe serbe, qui fête le huitième centenaire de son autocéphalie, le patriarche de Serbie Irénée a accordé une interview exclusive au quotidien belgradois « Politika ». Le primat de l’Église serbe a évoqué la signification de ce grand événement qui, au cours des semaines suivantes sera marqué par des fêtes au niveau de toute l’Église orthodoxe serbe, mais il a également abordé les questions actuelles auxquelles celle-ci fait face dans sa mission contemporaine, ainsi que le problème ukrainien. « L’obtention de l’autocéphalie pour notre Église constitue réellement un tournant dans notre histoire. Il y a eu dans le passé des événements importants, mais celui que nous célébrons, à côté de la bataille de Kosovo, est assurément le plus grand pour notre identité, pour notre continuité historique et pour la voie du peuple serbe. Ces deux événements, le testament de S. Sava et celui S. Lazare, par lesquels notre peuple a vécu durant des siècles, vit aujourd’hui et vivra encore » a déclaré le patriarche Irénée.

– À l’aune du grand jubilé, huit siècles d’autocéphalie de l’Église orthodoxe serbe, que nous enseigne le passé et quelles leçons devons-nous appliquer à l’avenir ?

– Pendant ces huit siècles, lorsque nous les regardons maintenant, il y eut des hauts et des bas, des victoires et des défaites, de grandes afflictions et de grandes joies, et voici que Dieu nous a donné de dire que, à la gloire de notre intercesseur céleste saint Sava, nous avons gardé sa foi et notre foi chrétienne, orthodoxe, la langue, l’esprit national, la culture et l’état et que, avec cette foi, nous faisons face aujourd’hui également à toutes les difficultés et les épreuves qui inévitablement se produisent dans la vie. Aussi, nous tous, orthodoxes serbes, depuis tous les endroits où il y a des âmes serbes, en République de Serbie et en Bosnie-Herzégovine, dans le fier Monténégro, notre chère Boka [région littorale du Monténégro], en Dalmatie, où nous avons récemment fêté le 4ème centenaire de notre plus ancien séminaire, et ensuite dans tous les Balkans et tous les continents où notre peuple à érigé ses églises, dans lesquelles saint Sava a appelé aussi les autres peuples, voire même les autres races – les Noirs en Afrique, les Indiens d’Amérique du Sud, et les autres connus de Dieu – tous nous devons être fiers et nous réjouir de cet anniversaire grand et grandiose. Depuis ces huit siècles, le peuple serbe et son Église contribuent au patrimoine mondial chrétien, spirituel et culturel. C’est un grand et magnifique anniversaire que nous ne pouvons pleinement concevoir en raison de nos péchés. Gloire à Dieu pour tout ! Aussi, je souhaite aux lecteurs de « POLITIKA » et à tout le peuple serbe un joyeux jubilé et j’appelle à cette occasion tous nos fidèles et les gens de bonne volonté, du 6 au 9 octobre, avec leur Église de Saint Sava, au monastère de Žiča, au Patriarcat de Peć et à Belgrade, à fêter dans la joie le jubilé du huitième centenaire de l’autocéphalie de l’Église orthodoxe serbe.

– Comment voyez-vous les différentes perceptions de l’Église dans notre société actuelle ? Il y a ceux qui contestent la fidélité de l’Église serbe envers ses anciennes racines huit fois séculaires, et ceux qui la considèrent comme « dépassée » et pensent que tout ce qui concerne l’Église est une chose qui doit demeurer « entre ses quatre murs », tandis que la voix de ces 90% qui se déclarent fidèles de l’Église orthodoxe serbe, ne s’entend presque pas.

– À cette occasion, vous et moi représentons la voix de ces 90, plus exactement 85% de la population de la Serbie qui, lors du dernier recensement ainsi que des précédents, se sont déclarés comme chrétiens orthodoxes. Je serais heureux si, non seulement la majorité, mais aussi les quelques pourcents restant soient satisfaits de notre conversation, de nos positions quant au passé, présent et futur de notre peuple. Car je ne les ressens pas comme des « pourcentages », mais comme des frères et sœurs. Ici vivent nos frères musulmans, protestants et catholiques en Voïvodine, ainsi que nos frères juifs. Ce n’est pas a eux qu’appartiennent les voix fréquentes d’intolérance radicale, voire même la haine envers l’Église de saint Sava. Ils ne considèrent pas que tout ce qui a trait à l’Église, la foi en Dieu, doive se produire entre quatre murs privés. Les voix radicales d’intolérance envers l’Église, voire la haine, sont infimes. Il s’agit de quelques groupes de gens, bien connus de l’Église, rassemblés pour la plupart à Belgrade autour de certains medias et d’organisations financées depuis l’étranger et, je l’espère, non par notre gouvernement. Une partie d’entre eux vit exclusivement de l’argent qu’ils reçoivent d’étrangers mal intentionnés qui savent que l’Église est la détentrice essentielle de l’identité du peuple serbe. Vous avez raison lorsque vous dites que la voix de ceux qui se déclarent comme fidèles ne s’entend pas assez. Il est important que ceux qui se considèrent fidèles, d’autant plus des personnalités remarquables du monde de la science, de la culture, de la politique, témoignent clairement, publiquement de leur foi. Il n’est pas là question d’être fanatique, mais il est nécessaire que par la claire affirmation de leur foi orthodoxe, ils donnent des exemples aux autres, jeunes comme âgés. Rappelons seulement nos amis et frères récemment décédés comme le Dr Jerotić, le compositeur Aleksandar Vujić, l’acteur Nebojša Glogovac, l’architecte Pedja Ristić et de nombreux autres. Ils étaient les porteurs d’un véritable apostolat laïc. Grâce à leur travail professionnel supérieur à la moyenne, mais aussi leur témoignage public, ils ont fait beaucoup pour l’Église et notre peuple. Je crois que le Seigneur leur a donné une place proche de saint Sava, parmi tous nos pieux ancêtres. Mes collaborateurs et les jeunes évêques me disent que, parmi les personnalités publiques, acteurs, musiciens, sportifs, il y en a beaucoup qui soulignent avec fierté leur appartenance à l’Église de saint Sava. Ils sont tous des exemples dignes d’éloges.

– Quelle est la situation de l’Église orthodoxe serbe parmi les autres Églises locales ? Nous avons vu, dans la « crise ukrainienne » qu’il y a eu des rencontres au plus haut niveau tant avec Moscou qu’avec Constantinople.

– La préoccupation et la responsabilité de notre Église envers l’unité de l’Église orthodoxe, sa conciliarité et sa fidélité à la Sainte Tradition et aux canons, nous oblige à faire comprendre clairement aux protagonistes que leurs activités non seulement font du tort à l’Église en Ukraine, mais menacent sérieusement l’unité de l’Église orthodoxe. Et c’est ce que j’ai fait personnellement, tant par écrit, nombre de fois, qu’oralement dans une conversation directe avec le Patriarche de Constantinople. Ce faisant, je dois à nouveau souligner que notre Église n’a pas défini sa position en raison de ses affinités slaves avec l’Église russe, ni en fonction de certains intérêts politiques ou autres similaires, mais en abordant le problème qui a surgi exclusivement du point de vue de l’Église, de la Tradition et des Canons. Si une autre Église locale, russe ou autre, avait agi semblablement, nous aurions agi de même. De nombreux frères hiérarques ont grandi spirituellement en Grèce, sur le fondement de la théologique et de la culture helléniques. Moi-même, je me sens redevable et j’insiste sur la plus profonde reconnaissance envers l’Église Mère et le très saint Trône des patriarches de Constantinople, et avec nos évêques les plus instruits, je partage l’amour envers le peuple, l’Église et la culture grecques. Mais ni à moi, ni à eux, cet amour ne donne le droit – ce qu’au demeurant font aussi certains théologiens et hiérarques grecs – de ne pas pointer des agissements qui sont anti-canoniques et inacceptables. Nous ne renoncerons pas à cela. Les medias ukrainiens ont rapporté que les autorités gouvernementales de ce pays m’avait déclaré « persona non grata ». J’ignore si cela est exact. Je n’ai rien reçu officiellement, mais cela ne diminuera pas mon soutien au métropolite Onuphre et aux pieux Ukrainiens, ni mon souhait et ma prière pour que le schisme en Ukraine soit réellement guéri. Ce que fait le Phanar et les autorités civiles de Kiev, sous l’incitation des forces non orthodoxes ne fera qu’approfondir le schisme.

– Le public serbe s’est intéressé aux relations entre les évêques, bien plus qu’au jubilé. Il y a eu des attaques ouvertes dans les tabloïdes contre certains évêques, des articles sur les désaccords autour de la position concernant la « question ukrainienne », sur  l’engagement d’un évêque à la Faculté de théologie orthodoxe, sur la question de savoir qui doit participer à l’Assemblée des évêques, et qui souhaite devenir le nouveau patriarche… Y a-t-il des raisons d’être préoccupé par la situation dans l’Église serbe ?

– Si l’image que présentent les tabloïdes au sujet de quel segment que ce soit de la société serbe, était fidèle, il y aurait de quoi s’inquiéter ou il serait même tard pour s’inquiéter. Dieu soit loué, il n’en est pas ainsi. Le problème qui, au demeurant, doit inquiéter, n’est pas que les propriétaires ou les rédacteurs des tabloïdes veuillent imposer leur goût et leur sombre mode de vie par l’intermédiaire de leurs journaux au peuple orthodoxe serbe. La question est que certaines personnes qui ont une haute responsabilité spirituelle participent à cela. Sous de telles influences, la presse à scandale crée des affaires dans l’Église, donne son appréciation aux décisions d’Assemblées épiscopales et Synodes et prétendent arbitrer des questions concernant l’éducation ecclésiastique, les questions inter-orthodoxes, canoniques et ecclésiologiques. Nous ne pouvons influer sur les tabloïdes. Nous ne pouvons que lancer des appels et autres choses similaires. Mais il faut que chacun identifie les problèmes dans sa propre maison et les résolve. L’Église doit examiner si elle doit à nouveau prendre des décisions semblables à celles qu’elle a prises les années passées.

– En huit siècles d’une longue histoire les relations entre l’Église et l’État ont considérablement changé. Comment sont-elles aujourd’hui ?

– Il est évident que nous n’avons pas l’illusion de pouvoir revenir aux temps de la « symphonie » comme c’était le cas à Byzance ou dans la Serbie des Némanides. Mais de même, je pense que nous mêmes en tant que personnes qui menons des activités responsables au sein de l’Église et de l’État, devrions prendre des décisions qui soient d’une utilité indubitable pour les citoyens et non pas seulement pour les fidèles, il faut que nous ayons toujours comme exemple le mode de pensée qu’ont eu saint Sava et son frère Étienne le premier couronné. S’inspirer de leur exemple n’est aucunement anachronique, car les circonstances dans lesquelles ils ont vécu et mené le peuple serbe, l’Église serbe et l’État, sont fort semblables aux circonstances actuelles. Par exemple, le conflit et la rivalité entre l’Orient et l’Occident, la division du peuple serbe en plusieurs petits États, etc. Dans ces circonstances, saint Sava et le saint roi Étienne le Premier Couronné ont réglé les problèmes, avant tout, par la confiance et la foi profonde en Dieu, qui leur a donné la force et la sagesse, le talent diplomatique, le pragmatisme, le respect des différents intérêts et la construction de ponts vers l’Orient et l’Occident, mais avec une détermination durable pour l’Orient, c’est-à-dire pour l’Orthodoxie. Cette détermination et l’habileté inspirée par Dieu pour diriger les affaires de l’État et de l’Église qui furent les leurs, ont fait progresser la Serbie du point de vue religieux, culturel et économique. C’est ainsi que nous nous souvenons de l’époque des saints Némanides comme de l’âge d’or de l’histoire serbe. Naturellement, la Serbie est aujourd’hui un État séculier. La constitution définit la République de Serbie comme un État séculier dans lequel les Églises et communautés religieuses sont séparées de l’État. Le principe d’une séparation coopérante et d’une collaboration est approprié pour notre époque. Chacun fait son travail, et lorsque cela est nécessaire, les parties s’entraident. L’héritage des décennies passées, alors que l’athéisme était la doctrine de l’État et que l’Église se trouvait en marge de la société, et, dans nombres de domaines, bannie de la vie publique, n’est toujours pas encore surmonté. Je ne peux accepter la position selon laquelle l’Église n’a pas le droit de se prononcer sur les questions les plus importantes, ce qui est avancé par certains aujourd’hui. L’Église ne peut l’accepter. S’il n’y avait pas eu l’Église de saint Sava, il n’y aurait pas non plus notre peuple aujourd’hui. D’autres gens et peuples, et non les Serbes orthodoxes, peupleraient aujourd’hui ces lieux magnifiques. Aussi, l’Église continue, lorsqu’elle le considère nécessaire, particulièrement lorsqu’il s’agit de questions vitales et de l’identité du peuple, de la conscience qu’il a de lui-même, de faire entendre sa voix de façon décisive. Que cela plaise ou non. Par ailleurs, je souligne que les relations de l’Église et de l’État, des organes et des autorités de l’État se trouvent sur une voie ascendante. C’est ce qui est témoigné par le fait que l’État a accepté, entre autres, de commémorer avec l’Église le grand jubilé du huitième centenaire, d’aider notre Église dans les régions menacées, particulièrement au Kosovo et en Métochie. Il en est de même dans notre République serbe de Bosnie. Là aussi, nous avons une bonne collaboration de l’Église et de l’État. C’est ce que témoignent nos évêques et nos prêtres, c’est ce qu’affirme aussi notre peuple. Cela est bon et profitable pour notre peuple, notre État et notre Église. Bien que nous soyons dans l’atmosphère de fête, je devrai mentionner aussi la situation tragique au Monténégro qui, n’est pas moins serbe que le Kosovo et la Métochie, c’est un pays serbe classique. Cette situation est tragique jusqu’à l’absurde. Non seulement parce que le pouvoir [monténégrin] a reconnu le Kosovo et la Métochie en tant qu’État indépendant, mais parce qu’il entretient aussi des relations étroites avec les autorités de Priština, lesquelles étaient à l’origine des détachements d’une armée terroriste. Cetinje affirme encore que la Métochie n’appartient pas à la Serbie, mais au Monténégro. Ainsi, avec des pressions perfides et systématiques, les autorités oppriment le peuple serbe de la République du Monténégro et, dans le même temps, certains milieux mettent en avant des revendications territoriales sur la Serbie.

– L’Église serbe, est-elle, dans une mesure suffisante, présente dans les questions sociales et les tentatives de donner des solutions concrètes et des réponses aux problèmes contemporains : tels que l’exode des jeunes, le faible taux de natalité, la hausse de la violence domestique et autre, comme les défis globaux, tels que le problème de l’utilisation abusive des technologies contemporaines et les atteintes à la vie privée, les expérimentations avec les biotechnologies et la dévastation de l’environnement ?

– Il existe une question plus large que l’engagement social de l’Église serbe, à savoir l’établissement et le maintien de l’équilibre entre l’activité de prière et l’activité sociale. L’Église travaille fort activement dans la résolution de certains des problèmes de la société actuelle. Dans mon diocèse, à Belgrade en tant que mégalopole, l’Église, par l’association caritative religieuse, nourrit chaque jour des milliers de nécessiteux. L’Église dispose de ses propres centres de conseils médicaux, de médecins qui aident gratuitement, il y a ensuite des conseillers en matière psychologique ou conjugale, etc. L’Église soigne beaucoup de jeunes, des centaines d’entre eux, des maladies de dépendance, toxicomanie, alcoolisme… Il existe aussi de nombreux services sociaux de l’Église dans les autres diocèses. Nous n’en faisons pas de la publicité. Des personnes individuelles s’occupent aussi du problème des technologies actuelles, nous avons aussi des prêtres qui sont de véritables experts pour ces questions. Mais ce n’est pas le rôle principal de l’Église. Bien sûr, nous ne négligeons pas, nous nous efforçons d’améliorer l’action sociale. Certains problèmes que vous avez mentionnés se posent, tant au plan local que global, non pas seulement à l’Église serbe, mais à tous les autres facteurs sociaux et ce, de plus en plus vite et de façon de plus en intensive. Les gens attendent à juste titre des réponses. À certaines d’entre elles, comme la dignité de la personne, l’éthique de la naissance, l’opposition à la violence, l’Église répond rapidement et relativement facilement, sur la base des réponses existantes tirées du trésor de sa théologie. Pour ce qui est des autres questions, il convient de réfléchir plus longtemps et avec plus d’attention, car elles se posent aujourd’hui non seulement sous une forme, mais aussi dans leur problématique essentielle qui s’exprime dans la sphère de la théologie, qui n’existaient pas. Je pense que la solution aux problèmes mondiaux menaçants, que beaucoup perçoivent comme apocalyptiques : guerre nucléaire, écologique, climatique, etc, ne peut être trouvée que dans le retour clair et non ambigu aux valeurs fondamentales chrétiennes que la civilisation, au cours des siècles, a oubliés et dont elle a dévié. En aucun cas autrement. Nous, comme ancien peuple chrétien, avons une riche tradition, des exemples lumineux du passé proche et lointain, des saints, des monastères et des lieux de culte vivants, par exemple Chilandar, une véritable et incommensurable richesse qui nous a été donnée : pour la garder et l’utiliser ! Et tout le reste – c’est ce croyaient nos pères et cela n’a jamais été trahi – nous sera donné par le Seigneur Lui-même. Avec cette foi, avec l’aide du Seigneur et de saint Sava, tous les scandales de ce monde deviennent différents, plus solubles, plus insignifiants. Il est absolument inacceptable que nous considérions que nous sommes seuls, effrayés, que nos problèmes sont les plus grands et insolubles. L’Église révèle quotidiennement cette foi à son peuple, comme elle l’a toujours fait, par l’Évangile qu’elle prêche.

– Quel est aujourd’hui la question la plus importante pour l’Église orthodoxe serbe ? Est-ce le destin du Kosovo et de la Métochie ?

– Toute l’expérience de l’Église du Christ nous enseigne qu’aucune question, aucun problème, voire même un problème aussi important que celui du Kosovo et de la Métochie ne se pose ou peut être résolu durablement de manière particulière. Les problèmes d’un peuple ou d’un État se manifestent territorialement, économiquement, démographiquement etc, mais toujours, je dirai, qu’ils ont au fond un élément spirituel. Et le problème dont nous parlons est difficile, car il contient en lui tous les éléments mentionnés. Tenant compte de tout cela, l’Assemblée des évêques de l’Église orthodoxe serbe, lors de sa session de cette année, a procédé à une déclaration spéciale sur le Kosovo et la Métochie, dans laquelle elle a lancé un appel à tous les acteurs politiques pour continuer le dialogue, sans pression ni chantage, dans le contexte de la résolution des questions de défense des droits du peuple, de la liberté de la vie et de l’œuvre de l’Église orthodoxe serbe, de la défense institutionnelle et sécuritaire de nos lieux saints, de la possibilité du retour sans entrave des personnes déplacées et le libre accès à leurs biens de ceux qui en ont été dépossédés illégalement ou dont la propriété a été usurpée. À cette occasion, l’Assemblée épiscopale a soutenu sans réserve tout dialogue responsable qui doit apporter l’état de droit et la réconciliation entre tous les peuples qui vivent sur les espaces du Kosovo et de la Métochie en tant que province méridionale de la Serbie.

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Traduction: Orthodoxie.com

« Ce n’est ni Rome, ni Constantinople, mais Jérusalem qui a enfanté toutes les Églises » a déclaré le métropolite Amphiloque

1 août 2019 par Yannick Provost

« Ce n’est ni Rome, ni Constantinople, mais Jérusalem qui a enfanté toutes les Églises » a déclaré le métropolite Amphiloque

Dans une interview à l’agence Tass, le métropolite du Monténégro et du Littoral Amphiloque (Église de Serbie) s’est exprimé sur la situation des Églises dans les Balkans, et à propos de l’autorité du patriarcat de Constantinople : « Je ne crois pas que le modèle du schisme orthodoxe en Ukraine puisse être répété dans les Balkans ou au Monténégro. Dedeić (le leader de « l’Église orthodoxe monténégrine » schismatique, ndt), a été réduit à l’état laïc par le patriarcat de Constantinople, donc il ne peut en être question. Pour ce qui est de la Macédoine, je ne voudrais pas croire qu’après tous les événements [en Ukraine], le patriarcat de Constantinople déclare la guerre aussi à l’Église orthodoxe serbe. Après l’Ukraine, on peut s’attendre à tout, mais j’espère néanmoins, qu’on n’en arrivera pas là », a-t-il déclaré. Le métropolite a exprimé ses regrets que « ce ne sont pas les plus dignes qui influencent le patriarche de Constantinople, mais un certain groupe de jeunes métropolites, des gens ambitieux, qui par leurs ambitions incitent le patriarche à certains agissements ». « J’ai discuté avec des gens sérieux en Grèce et d’autres encore, je ne veux pas les nommer maintenant, qui sont mécontents d’une telle influence sur le patriarche de Constantinople. C’est un homme âgé et qui s’emploie à renforcer sa primauté. Or, en réalité il la met en danger, il n’y a aucun doute à ce sujet. Il y eut de grands hiérarques sur le trône patriarcal de Constantinople, reconnus universellement, comme saint Jean Chrysostome et saint Grégoire le Théologien, mais il y eut aussi des patriarches qui ont été condamnés pour hérésie, il n’y a pas de hiérarques infaillibles dans l’Église », a souligné le métropolite. Celui-ci a rappelé que le rôle historique particulier du patriarche de Constantinople était dû au rôle de la ville de Constantinople comme capitale impériale : « Depuis 1453, Constantinople a cessé d’être capitale impériale, c’est aujourd’hui la capitale d’un sultan. Cette qualité de capitale impériale a été héritée par l’Empire russe, qui a joué un grand rôle pour toute l’Orthodoxie jusqu’à la mort du Tsar en 1918. Après la chute de Constantinople et le meurtre du Tsar en Russie, ces deux centres ne jouent plus leur rôle d’antan, aussi l’Église doit revenir à cette structure qui existait avant l’empereur Constantin. L’époque constantinienne de l’histoire ecclésiale est terminée. La seule autorité qui peut résoudre toutes les questions orthodoxes, c’est le Concile œcuménique ». Selon le métropolite, le Concile doit être convoqué par le patriarche de Constantinople. « Cependant, s’il continue à se conduire de la sorte, il perdra ce droit aussi. La seule Église qui est véritablement la mère de toutes les Églises orthodoxes est celle de Jérusalem, parce que ce ne sont ni Rome, ni Constantinople, mais Jérusalem qui a enfanté toutes les Églises » a conclu le métropolite Amphiloque. Il a également déclaré que l’Église devrait revenir au système qui existait avant l’empereur Constantin et que toutes les difficultés devraient être résolues par un Concile oecuménique.

Sources : 1 et 2

Traduction: Orthodoxie.com

À bord du Saint Lukas, le train-hôpital qui parcourt la Sibérie

Icône de Saint Lukas vénérée au monastère de Lectoure

En Russie, financé par le gouvernement russe, le train Saint Lukas,
train-hôpital, parcourt la Sibérie et l’Extrême Orient russe afin d’offrir des soins aux personnes vivant dans des villages reculés. En effet, dans ces lieux quasiment coupés du reste du monde en raison de l’éloignement géographique et de l’exode rural, il manque souvent de médecins et d’infrastructures médicales. Pour les villageois, l’arrivée du train médical une fois dans l’année est donc un événement à ne pas manquer.Au sein du convoi, grâce au matériel dont ils disposent, médecins et infirmières effectuent échographies, scanners,
prises de sang, diagnostics… Les visites et les soins sont gratuits.

Le Saint Lukas

Au total, toutes professions confondues, ce sont près de 75 personnes qui sont présentes à bord du train, avec plus d’une vingtaine de spécialités médicales. L’équipage s’arrête plus ou moins longtemps dans les villages. Les médecins voient en moyenne 150 patients par jour. Le train porte le nom de saint Lukas.
En effet, canonisé en l’an 2000 dans l’Église orthodoxe, Mgr Lukas était à la fois évêque et chirurgien, il a survécu à la révolution bolchévique et aux goulags de Staline. Très tourné vers la très sainte Mère de Dieu, il ne manquait pas de l’invoquer avant d’opérer quelqu’un.

La chapelle du train

L’un des wagons a d’ailleurs été transformé en église. Les patients peuvent venir se recueillir entre deux examens dans ce wagon baigné par la lueur des cierges.


Plus qu’un simple train, le Saint Lukas est un véritable lieu de vie.