Communiqué de presse du Conseil épiscopal de l’Église orthodoxe serbe au Monténégro

Communiqué de presse du Conseil épiscopal de l’Église orthodoxe serbe au Monténégro

Suite à la promulgation de la loi spoliant les églises et biens ecclésiastiques de l’Église orthodoxe au Monténégro, les membres du Conseil épiscopal de celle-ci ont publié le communiqué de presse suivant 

« Podgorica, le 29 décembre 2019

Le Conseil épiscopal de l’Église orthodoxe serbe au Monténégro qui, par décision de la sainte Assemblée des hiérarques de l’Église orthodoxe serbe du mois de mai 2006, est constitué des évêques du diocèse métropolitain du Monténégro et du Littoral, du diocèse de Budimlje-Nikšić, du diocèse de Mileševo et de l’évêché de Zahumlje-Herzégovine et du Littoral, s’est réuni à Podgorica les 28 et 29 décembre de l’année du Seigneur 2019. L’évêque de Dioclée Méthode, vicaire du métropolite du Monténégro et du Littoral n’y a pas participé, en raison des violences physiques exercées à son égard par la police sur le pont de Djurdjevića Tara le 26 décembre et à cause desquelles il est retenu à l’hôpital de l’académie militaire de médecine à Belgrade. Les hiérarques réunis lui souhaitent un prompt rétablissement et un retour prochain. À l’issue de l’office d’intercession à la Très sainte Mère de Dieu – célébré lors des malheurs et des épreuves – et qui a eu lieu le samedi 28 décembre en la cathédrale de la Résurrection du Christ à Podgorica, s’est tenue la session du Conseil épiscopal au cours de laquelle les hiérarques ont évoqué la situation nouvellement créée, dans laquelle s’est trouvée la sainte Église orthodoxe de Dieu après l’adoption par le Parlement du Monténégro de la loi anticonstitutionnelle, ouvertement anti-ecclésiale et discriminatoire sur « la liberté religieuse ou confessionnelle et la situation juridique des confessions religieuses ». Les évêques sont convenus que la promulgation d’une telle loi et ce sans dialogue préalable, avec de nombreuses violations procédurales et des incompatibilités avec les normes internationales, est indubitablement dirigée contre l’Église orthodoxe, concrètement contre le Patriarcat de Serbie, étant donnée que les autres Églises et confessions religieuses traditionnelles ont déjà réglé au moyen d’accords les questions litigieuses avec l’État monténégrin, ce qui n’a pas été accordé à l’Église orthodoxe serbe. Cela est confirmé tant par les déclarations des plus hauts fonctionnaires de l’État et des membres du parti au pouvoir, que par les discussions des députés de ce parti au Parlement monténégrin, et particulièrement par le refus des autorités du Monténégro d’accepter toute solution proposée par l’Église. Depuis des jours déjà, nous sommes témoins de la jubilation de tous ceux qui haïssent l’Église orthodoxe et des nationalistes néo-monténégrins acharnés, pour la plupart des athées militants, qui fêtent la victoire sur l’Église du Christ. Ceux-ci oublient l’ancienne vérité de la Sainte Écriture selon laquelle « les portes de l’enfer ne prévaudront pas » contre l’Église de Dieu. Beaucoup de puissants sont venus et sont partis, mais l’Église de Dieu est restée et a survécu. Les hiérarques du Monténégro rejettent toutes les accusations selon lesquelles l’Église de Dieu au Monténégro est un représentant ou un vestige de quelque idéologie impérialiste ou politique. C’est exactement le contraire, car l’adoption de cette loi et la spoliation des biens ecclésiastiques doit servir en quelque sorte à discipliner l’Église afin qu’elle ne soit pas la servante de la matrice idéologico-politique de l’actuel régime monténégrin. La seule « idéologie » de l’Église et son seul ministère à travers les siècles a été et restera l’Évangile de Dieu et le service du Christ notre Dieu, crucifié et ressuscité. Les évêques ont confirmé les conclusions de leur conférence téléphonique du 26 décembre 2019 et ont exprimé leur détermination à s’opposer à cette injustice à laquelle l’Église fait face, par tous les mécanismes juridiques nationaux, mais aussi en s’adressant aux institutions internationales compétentes pour la défense des droits et des libertés de l’homme. Le Conseil épiscopal informe le public qu’il sait que des dispositions très similaires à celles visant la spoliation des biens ecclésiastiques au Monténégro, se trouvent également en instance de procédure devant les organes des autorités de Priština, dont l’intention est d’ôter au diocèse de Ras et Prizren du Patriarcat de Serbie ses droits de propriété sur nos anciens lieux saints et églises au Kosovo et en Métochie. Le Conseil épiscopal et tous les évêques expriment individuellement l’attachement à notre tradition huit fois séculaire et restent jusqu’au bout fidèles à la structure canonique du Patriarcat de Peć / Serbie, rappelant que chacun des diocèses de celui-ci est l’héritier des anciens évêchés qui ont été fondés au XIIIème siècle par S. Sava, le premier archevêques des terres serbes et du littoral. Les évêques appellent le peuple orthodoxe fidèles du Monténégro à ne pas désespérer et à mettre sa confiance en Dieu et Sa puissance. En ces jours précédant Noël, nous devons nous rassembler dans les églises pour prier avec notre dignité et notre détermination chrétiennes, sans céder aux provocations de ceux dont le but est la séparation entre frères, et nous montrons ainsi que le régime monténégrin ne nous a nullement ébranlés ou effrayés dans notre effort déterminé de défendre nos lieux saints et nos droits et libertés religieuses. « Dure est la noix, fruit singulier, tu as cherché à la casser mais tu t’es cassé les dents » [Niegoch]. Toutes les communautés ecclésiales de nos diocèses sont libres d’exprimer dans un esprit de prière, dans un esprit de paix chrétien et de concorde fraternelle, de façon appropriée, leur position contre la menace pesant sur les droits et libertés fondamentales des croyants. Nous exhortons toutes les forces de la police et leurs chefs, tous jusqu’au Président au Premier ministre, à ne pas recourir à la force, utilisée même contre les évêques, qui se rassemblent pacifiquement pour défendre et réaliser leurs droits religieux. Nous leur rappelons qu’à maintes reprises nous leur avons dit publiquement que le mépris envers l’Église orthodoxe, qui se manifeste depuis presque les deux dernières décennies, et qui a été démontré dans le processus de la préparation et de la promulgation de cet acte législatif honteux, peut entraîner de graves conséquences pour la société monténégrine, et aussi qu’elle détruit la paix et l’harmonie fraternelle qui sont le trésor inestimable de toute société contemporaine. La promulgation d’une telle loi ne sert pas l’honneur et n’attire pas la bénédiction, ni sur ceux qui l’ont proposés, ni sur ceux qui l’ont voté et promulgué. Ce faisant, tous ceux qui sont orthodoxes, nous le constatons avec tristesse, se sont eux-mêmes exclus de l’Église orthodoxe, et par voie de conséquence sont excommuniés. Aussi, nous ordonnons à notre pieux clergé, de ne leur administrer « aucun rite ecclésial » selon l’expression de S. Pierre de Cetinje, jusqu’à leur repentir, pour lequel nous prions. Nous appelons les détenteurs du pouvoir de rassembler leurs forces et, dans les plus brefs délais, d’ouvrir un véritable dialogue afin de rectifier ce qui peut l’être, avant que l’application éventuelle de cette loi ne devienne la source de graves divisions de la société avec des conséquences imprévisibles. Seul un accord pourrait être une véritable victoire du Monténégro et de tous les citoyens monténégrins.

AMPHILOQUE, archevêque de Cetinje, métropolite du Monténégro et du Littoral, ATHANASE, évêque de Mileševo, JOANNICE, évêque de Budimlja-Nikšić, DIMITRI, évêque de Zahumlje-Herzégovine et du Littoral, ATHANASE, évêque émérite de Zahumlje-Herzégovine ».

Source

Traduction: Orthodoxie.com