Fête de la Pentecôte à Dénat d’Albi

Lecture des Actes des Apôtres

(2, 1·11)

Lorsqu’arriva le jour de la Pentecôte, les Apôtres se trouvaient tous ensemble dans un même lieu. Soudain retentit depuis le ciel un bruit pareil à un souffle violent, qui remplit toute la maison où ils étaient assis.

lls virent apparaître une sorte de feu, qui se partageait en langues, pour se poser sur chacun d’eux. Alors ils furent tous remplis de l’Esprit saint et se mirent à parler en d’autres langues, chacun s’exprimant selon le don de l’Esprit.

Or il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui se produisit, ils se rassemblèrent en foule, et chacun eut la stupéfaction de les entendre parler sa propre langue. Déconcertés, émerveillés, ils se disaient tous, les uns aux autres: Ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous des Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? Nous qui sommes Parthes, Mèdes ou Elamites, qui habitons la Mésopotamie, la Judée ou la Cappadoce, le Pont, l’Asie, la Phrygie, la Pamphylie ou l’Égypte, Libyens de Cyrénaïque, Romains résidant ici, Juifs de naissance ou prosélytes, Crétois ou Arabes, tous, nous les entendons en notre propre langue proclamer les merveilles de Dieu !

Lecture  du  saint  Évangile  selon saint  Jean

(20,19-23)

Le soir  de  ce même  jour,  le  premier  de  la  semaine, toutes  portes  étant  closes par  crainte  des  Juifs, Jésus vint  là où  se  trouvaient  les disciples, il se tint  au  milieu d’eux  et  leur  dit :

La paix soit avec vous !

Ce disant,  il leur  montra  ses  mains et  son  côté. Les disciples furent  remplis de joie à la vue du Seigneur. Il leur  dit  encore une  fois : 

La paix soit avec vous !

Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Puis il souffla sur  eux  et  leur  dit: Recevez le saint Esprit. Ceux à qui  vous remettrez  les  péchés, ils  leur  seront remis ; ceux à  qui  vous les retiendrez, ils  leur  seront  retenus.

Tous les peuples ont vu * des merveilles en ce jour * dans la cité de David lorsque l’Esprit saint descendit * sous la forme de langues de feu  comme saint  Luc nous l’a rapporté : * les Disciples du Christ se trouvant  tous réunis, * soudain retentit du ciel un fracas, * une violente bourrasque de vent  * et ce bruit remplit toute la maison où ils siégeaient;  * et tous ils se mirent  à  parler  * en langues étrangères pour enseigner * la doctrine nouvelle de la sainte Trinité.

L’Esprit saint qui est, qui était, qui sera toujours, * sans principe et sans fin, * jouit du même rang que le Père et le Fils ; * il est la Vie, le Seigneur vivifiant, * la lu­mière et la source de la clarté;  * il est le bien,  le trésor de bonté ;  par lui le Père est connu et le Fils glorifié ; * à tous il révèle l’unique puissance et  l’intime union, * la même adoration de la sainte Trinité. 

L’Esprit saint, lumière et vie, * eau vive qui jaillit mys­tiquement, * Esprit de sagesse, de science, de bonté, * droi­ture, intelligence souveraine purifiant les péchés; * il est Dieu et nous déifie ; * feu jaillissant du feu,  * parlant et agissant * et répandant les charismes divins ; * par lui tous les Prophètes et les Apôtres de Dieu * ont  reçu la cou­ronne en compagnie des Martyrs : * étrange vision, prodige inouï ! * le feu se divise pour le partage des dons.

Roi céleste,  Consolateur, * Esprit de vérité, * partout présent et  remplissant l’univers,  * trésor de grâce qui don­nes la vie, * viens et  demeure en nous, * purifie-nous de tout ce qui est vil * et sauve nos âmes, ô Dieu de bonté.

Solennité de Saint Gény de Lectoure

Mes Bien Chers Frères, Les peuples entourent de respect et d’honneur la mémoire de leurs grands hommes ; ils célèbrent leurs services, leur génie et veillent avec un soin jaloux sur leur tombeau.

     Bien différent est l’honneur que l’Église rend à ceux qu’elle appelle les Saints. Ceux-là sont vraiment dignes des triomphes qu’on leur décerne; l’humanité croyante est unanime à le proclamer et elle reconnaît en eux ses véritables bienfaiteurs. En eux, elle honore surtout ce qui fait l’homme grand et honorable: la vertu, et si elle entoure leurs restes de respect et de vénération, c’est à autre chose qu’à des ossements qu’elle prétend bien faire parvenir ses louanges et ses marques d’honneur. Mais, puisque la fête de ce jour nous y invite, entrons à ce sujet dans quelques amples explications.

     Quels sont les caractères de la touchante cérémonie dont vous êtes ce jour les témoins ? Que devait dire à vos âmes l’exposition des saintes reliques de Saint Gény ?

     Le culte que nous rendons aux reliques est d’abord un acte de foi. Ce n’est pas seulement un pieux souvenir que nous donnons à celui qui a vécu ici il y a plus de quinze siècles, mais nous faisons par là une triple affirmation.

     Nous affirmons d’abord l’immortalité de l’âme humaine. Ces ossements nous rappellent un être qui a cessé de vivre ici-bas, c’est vrai, mais qui continue à vivre ailleurs, d’une vie plus pleine, plus réelle, plus intense et sans fin.

     Nous affirmons en second lieu que le bonheur existe au-delà de la tombe, que les saints en jouissent, et que par eux nous espérons jouir de l’éternelle félicité. Par là nous condamnons tous les paradis terrestres inventés par les faiseurs de systèmes.

    Nous affirmons enfin la résurrection des corps. Ces ossements que nous conservons dans des chasses précieuses ou des reliquaires, gardent enfermés des étincelles de vie, et un jour viendra où le Seigneur fera tressaillir ces restes et les tirera de leur humiliation. La mort perd donc à nos yeux le plus terrifiant de ses caractères apparents : l’éternité ; elle n’est qu’une dissolution d’un moment, une séparation passagère.

     Le culte des reliques est ensuite un acte de respect et d’honneur. Sans doute, des ossements ne sont rien par eux-mêmes, sinon une vile matière, venue de la terre, destinée à la terre. Mais nous savons que ces membres ont servi au bien et aux bonnes œuvres, qu’ils ont été l’objet de la pénitence, les coopérateurs des travaux des saints, les instruments dociles de leurs âmes, et que l’enveloppe de chair que nous vénérons forma comme la demeure de l’auguste Trinité, et en particulier de l’Esprit de Dieu. Dieu est passé par là, et nous avons bien le droit et le devoir de baiser la trace de ses pas.

     Mais c’est surtout l’âme qui habita le corps, que vont trouver nos hommages. Les reliques nous sont comme un canal par lequel nous transmettons aux saints notre vénération et notre culte, et par eux au Très-Haut lui-même dont les saints sont les chefs-d’œuvre. Que les protestants et les impies ne nous reprochent donc pas de faire acte d’idolâtrie ! Il n’est personne de moins idolâtre qu’un vrai chrétien, et dix-neuf siècles d’une tradition constante protestent contre cette calomnie.

« Nous n’adorons pas les reliques des saints, disait St Jérôme au IVème siècle, période où vécut ici Saint Gény, pas plus que nous n’adorons le soleil, la lune, les archanges, de peur de rendre le culte souverain à la créature plutôt qu’au Créateur, qui est béni dans tous les siècles. Nous honorons les reliques des saints, pour adorer Celui auquel ils ont rendu témoignage par leur vie vertueuse. » Nous honorons Saint GÉNY pour que l’honneur qui lui est rendu remonte jusqu’au Seigneur qui a dit : « Celui qui vous reçoit me reçoit »… Toutes les fois que nous entrons dans cette basilique, est-ce donc au temple d’une idole que nous portons nos hommages ? Les cierges et veilleuses que nous allumons devant ses reliques sont-ils donc des signes d’idolâtrie ?

     Nous faisons enfin, par l’honneur rendu aux reliques, un acte de confiance et d’espérance. Cela signifie que nous croyons les saints non seulement vivants, mais puissants et bienveillants. Nous sommes persuadés que le cri de notre détresse peut parvenir jusqu’à leurs oreilles, que ce cri sera accueilli favorablement, qu’il sera transmis au Dieu tout-puissant et que ce Dieu dont ils sont l’honneur, dont ils forment la cour, dont ils constituent les amis, écoutera leurs requêtes et par eux nous sera plus indulgent, plus généreux, plus libéral.

    Telle a toujours été la croyance de l’Église. Celle-ci a toujours cru que les âmes justes, reçues dans le ciel, y continuent par leur intercession le ministère de charité qu’elles ont exercé par leurs prières en ce monde. Tout cœur chrétien prie pour ses frères et désire qu’ils prient pour lui; les Apôtres nous ont appris à cet égard à nous recommander les uns aux autres. Lorsqu’une âme juste quitte la terre pour le ciel, croyez-vous que sa charité soit glacée à jamais parce que son cœur de chair et de sang est refroidi par la mort ?  Vous figurez-vous que le ciel soit quelque chose qui étouffe dans un éternel égoïsme la  piété de l’amour fraternel ? Ou bien vous semble-t-il qu’une âme est moins puissante parce qu’elle est transfigurée, et que ses prières cessent d’être agréables à Dieu du moment qu’elle est fixée à jamais dans son amitié ?  Si la prière est la toute-puissance de la créature, suffit-il de monter au ciel pour perdre ce pouvoir ? Est-on destitué parce qu’on est couronné ? Redisons plutôt comme St Jérôme : « Si les apôtres et les martyrs encore vivants de la vie du corps et préoccupés par leur propre salut, peuvent cependant prier pour autrui, combien plus le peuvent-ils après les couronnes conquises, après les victoires et les triomphes ! »

     Au spectacle de ces merveilles qui se sont produites dans tous les temps, qui se continuent de nos jours encore, le chrétien a bien le droit de répéter avec confiance la parole de St Grégoire de Nazianze au sujet de St Cyprien : « Les cendres de Cyprien peuvent tout, comme le savent ceux qui l’ont éprouvé. » Oui les reliques de nos saints sont toutes-puissantes, nous le savons par l’expérience de nos pères en la foi et par notre propre expérience.
     Gardons donc précieusement ces restes, veillons à leur conservation, ils ont été protégés par les Anges du départ des derniers moines à la Révolution de 1789 jusqu’à l’arrivée d’autres moines en 2000, avec la bénédiction de notre bien-aimé Évêque Luka.

Et surtout honorons Saint GÉNY par nos prières. Et vous, ô Saints, vous surtout dont les restes constituent le trésor de cette basilique, saints de Gascogne, saint Gény patron de Lectoure, sa sainte Mère Clara et les trente Soldats romains martyrs envoyés par l’Empereur pour l’arrêter, et qui se convertirent à son contact et furent massacrés, restez les gardiens de cette église, de cette cité, de notre Doyenné St Jean Cassien qui a des églises, rattachées à ce saint Lieu avec ses diverses paroisses de l’Occitanie et de l’Aquitaine.

     Soyez pour tous nos Fidèles des remparts, vous avez été nos pères et frères dans la foi, obtenez-nous de toujours nous souvenir que nous devons être de votre race, c’est-à-dire des saints, dans un monde de débauche et de perversion.  Amen ! 

                                                        + Père ANTOINE,  recteur de la Basilique

Fête de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ, 2019

Christ est ressuscité !


















Pourquoi cherchez-vous parmi les morts Celui qui vit ?


Distribution de la lumière de Pâques

« Jour de Résurrection ! Peuples, rayonnons de joie, 
C’est la Pâque, la Pâque du Seigneur ! 
De la mort à la vie 
De la terre jusqu’aux cieux,
Le Christ Dieu nous a menés, 
Nous qui chantons l’hymne de la victoire.

Que le ciel se réjouisse, 
Que la terre soit dans l’allégresse, 
Que le monde soit en fête, 
Tout le monde visible et invisible. 
Car le Christ est ressuscité, 
Lui, l’éternelle allégresse. 
De la mort, célébrons la destruction, 
Et de l’enfer, la ruine. 
D’une vie nouvelle immortelle 
Chantons avec élan l’Auteur, 
Le Dieu unique des Pères, 
Béni et très glorieux.
Ô Pâque grande et toute sainte, 
Ô Christ, Ô Sagesse, Ô Verbe de Dieu, Ô Force,
Donne-nous de t’être unis 
Dans une plus grande vérité, 
Au jour sans crépuscule de ton Royaume.

Christus resurrexit !
Christ est ressuscité !
Hristos a-înviat !
Христос Воскресе !
Cristo è risorto !
Homélie de Saint Jean Chrysostome
Lecture de l’Évangile…
en français,
en latin,
en italien,
en portugais,
en espagnol,
et en occitan.

Une Pâque sacrée nous est apparue aujourd’hui : 
Pâque nouvelle et sainte, 
Pâque mystique, Pâque très pure, 
Pâque du Christ, notre libérateur, 
Pâque immaculée, Pâque à nul autre pareil,
Pâque des croyants, 
Pâque qui nous ouvre les portes du paradis, 
Pâque qui sanctifie tous les fidèles.

ქრისტე აღსდგა მკვდრეთით,
სიკვდილითა სიკვდილისა დამთრგუნველი
და საფლავების შინათა
ცხოვრების მიმნიჭებელი !

C’est le jour de la Résurrection ! 
Rayonnons de joie en cette solennité ; 
Embrassons-nous les uns les autres ; 
Disons : « Frères à ceux-mêmes qui nous haïssent, 
Pardonnons tout à cause de la Résurrection

Et, alors, chantons : 
Christ est ressuscité des morts
Par Sa mort Il a vaincu la mort.
À ceux qui sont dans les tombeaux,
II a donné la vie. »

Χριστὸς ἀνέστη ἐκ νεκρῶν,
θανάτῳ θάνατον πατήσας,
καὶ τοῖς ἐν τοῖς μνήμασι,
ζωὴν χαρισάμενος !

Хсрсто́съ воскрє́сє ᾿иꙁъ мє́ртвъіхъ,
смє́ртїю смє́рть попра́въ,
᾿и су́щимъ во гробѣ́хъ Живо́тъ дарова́въ

Bénédictions des œufs et des paskas
Distribution

Христос васкрсе из мртвих,
смрћу смрт уништи,
и онима који су у гробовима,
живот дарова !

Saint et Grand Vendredi

Ô mon peuple, que t’ai-je fait, en quoi t’ai-je contristé pour qu’à la mort tu livres ton Maître ?









Le noble Joseph, lorsque de la Croix il eut descendu Ton corps immaculé, l’enveloppa d’un blanc linceul.

Lorsque Joseph d’Arimathie descendit Ton corps de la Croix, ô Vie de l’univers, il T’embauma, ô Christ, T’enveloppa d’un linceul et, plein d’amour, il embrassait du cœur et des lèvres Ton corps immaculé, mais, tout saisi de crainte, il Te disait dans la joie: Gloire à Ta condescendance, Seigneur, Ami des hommes, gloire à Toi.

Saint et Grand Jeudi

À ta mystique et sainte Cène, ô Fils de Dieu, donne-moi de participer.

A l’immortelle et sainte table que le Maître a préparé dans la chambre haute, venez fidèles, prenons part en élevant nos cœurs, car le Verbe est présent là-haut; nous l’avons appris du Verbe lui-même, dont nous chantons la gloire.

Il versa de l’eau dans un bassin et Il se mit à laver les pieds des disciples.

En ce jour, l’inaccessible Seigneur fait œuvre de serviteur: Il se ceint d’un linge, Celui qui de nuages enveloppe le ciel; Il verse l’eau dans un bassin, Celui qui divisa la mer Rouge autrefois; se mettant à genoux, Il commence à laver les pieds des Disciples divins, les essuie du linge dont Il est ceint et, ce faisant, Il s’adresse à ses Disciples, leur disant: Vous êtes purs, pas tous cependant, désignant ainsi celui qui devait Le trahir.

Dimanche des Rameaux à Albi

Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !

En accomplissant la prophétie sur le doux Roi, le Roi de la paix et de l’humilité, Jésus, le Seigneur de l’univers, monte sur un ânon, tandis que les hommes Le glorifie comme Roi et thaumaturge de ce monde ; « Hosanna ! Béni soit… le Roi d’Israël ! ». Ce faisant, le Seigneur veut nous montrer que Son Royaume « n’est pas de ce monde », que Son œuvre n’a rien de politique (cf. Jn XI, 48), que Son royaume est : la vérité, l’immortalité, la vie éternelle. Mais personne ne le comprenait, pas même Ses disciples, jusqu’à ce que Jésus ressuscitât des morts. Le peuple a seulement ressenti dans la résurrection de Lazare la grandeur du miracle : « la foule vint au devant de Lui, parce qu’elle avait appris qu’Il avait fait ce miracle ». Les témoins oculaires attestent : « Tous ceux qui étaient avec Jésus, quand Il appela Lazare du sépulcre et le ressuscita des morts, Lui rendaient témoignage ». Et Lazare ? Comme un monument vivant de l’immortalité et de la Résurrection, il est là, parmi eux. Un témoignage plus convaincant et plus total ne peut exister. La nature humaine, la logique sceptique dépose-t-elle les armes ? Oui, elle les dépose. Mais la méchanceté humaine, la malice humaine, la jalousie humaine ne le peuvent. En voici une preuve : « Les pharisiens se dirent donc les uns aux autres : vous voyez que vous ne gagnez rien ; voici, le monde est allé après Lui ». ” Le monde “, tout le monde, pas seulement le peuple ou les hommes. Mais cependant, ils maintiennent leur décision : tuer Jésus. C’est encore une preuve du degré de la force du mal ennemi de Dieu dans l’homme. Vraiment, l’âme humaine est dans le délire et la folie à cause du péché. Il s’agit d’une maladie incurable, aucun remède humain ne peut aider ; il n’y a que ce remède : le Dieu-homme et Son œuvre dépassant l’entendement humain, qui sauve les hommes du péché, de la mort et du diable. C’est pourquoi le Verbe de Dieu s’est incarné, car Il pouvait seul sauver l’homme. Lui-seul, et personne d’autre parmi les anges ou les hommes.                            Saint Justin de Tchélié

Tropaire, t. 1

Pour affermir avant ta Passion * la croyance en la commune résurrection, * d’entre les morts tu as ressuscité Lazare, ô Christ notre Dieu; * comme les enfants de ce temps, nous portons les symboles de victoire * et te chantons comme au vainqueur de la mort: * Hosanna au plus haut des cieux, * béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.

Fête de Sainte Marie l’Égyptienne

Cinquième Dimanche de carême à Nérac

Icône de Sainte Marie l’Égyptienne

Notre Sainte Mère Marie était native d’Egypte. Dès l’âge de douze ans elle quitta ses parents pour se rendre à Alexandrie, où elle vécut pendant dix-sept ans dans la débauche et le plus grand dérèglement. Subsistant au moyen d’aumônes et du tissage du lin, elle livrait néanmoins son corps à tout homme, sans y être poussée par la misère, comme tant d’autres pauvres femmes, mais comme si elle était brûlée par le feu d’un désir que rien ne pouvait assouvir. Un jour, voyant une foule de Lybiens et d’Égyptiens se diriger vers le port, elle les suivit et s’embarqua avec eux pour Jérusalem, offrant son corps pour payer le prix de la traversée. Quand ils parvinrent à la Ville sainte, elle suivit la foule qui se pressait vers la basilique de la Résurrection, le jour de l’Exaltation de la Croix. Mais, lorsqu’elle parvint sur le seuil de l’église, une force invisible l’empêcha d’y entrer, malgré ses efforts réitérés, alors que les autres pèlerins franchissaient aisément la porte.

Icône de Saint Zosime donnant la communion à Sainte Marie l’Égyptienne

Restée seule dans un coin du narthex, elle commença à réaliser que c’était l’impureté de sa vie qui l’empêchait d’approcher le Saint Bois. Elle répandit des larmes abondantes et se frappa la poitrine, et voyant une icône de la Mère de Dieu (1), elle lui adressa cette prière : « Vierge Souveraine qui as enfanté Dieu dans la chair, je sais que je ne devrais pas regarder ton icône, Toi qui es pure d’âme et de corps, car, débauchée comme je suis, je dois t’inspirer le dégoût. Mais puisque le Dieu né de Toi est devenu homme pour appeler les pécheurs au repentir, viens à mon aide ; permets-moi l’entrée de l’église pour me prosterner devant Sa Croix. Et dès que j’aurai vu la Croix, je Te promets de renoncer au monde et aux plaisirs, et de suivre le chemin de salut que tu me montreras. »

Elle se sentit soudain délivrée de cette puissance qui la retenait et put entrer dans l’église où elle vénéra avec ferveur la Sainte Croix ; puis, revenue vers l’icône de la Mère de Dieu, elle se déclara prête désormais à suivre le chemin qu’Elle lui indiquerait. Une voix lui répondit d’en haut : « Si tu passes le Jourdain, tu y trouveras le repos. »

église du Monastère St Gérasime du Jourdain

En sortant de l’église elle acheta trois pains avec l’aumône reçue d’un pèlerin, se fit indiquer la route qui menait au Jourdain et elle arriva le soir à l’église de Saint-Jean-Baptiste. Après s’être lavée dans les eaux du fleuve, elle communia aux Saints Mystères, mangea la moitié de l’un des pains et s’endormit sur le rivage. Le lendemain matin, elle passa le fleuve et vécut dès lors dans le désert, pendant quarante-sept ans, sans-y rencontrer personne, ni homme ni animal.

Pendant les dix-sept premières années de son séjour, ses vêtements étant bientôt tombés en lambeaux, brûlant de chaleur le jour et grelottant de froid la nuit, elle se nourrissait d’herbes et de racines sauvages. Mais plus que les épreuves physiques, elle devait affronter les violents assauts des passions et le souvenir de ses péchés, et c’est en se jetant à terre qu’elle suppliait la Mère de Dieu de lui venir en aide. Protégée par Dieu, qui ne désire rien de plus que le pécheur revienne à Lui et vive, elle déracina de son cœur toutes les passions par cette ascèse extraordinaire et put convertir le feu du désir  charnel en une flamme d’amour divin, qui lui faisait endurer avec joie, tel un être incorporel, l’implacable désert.

Après tant d’années, un saint vieillard, nommé Zosime (cf. 4 avril), qui, selon la tradition instaurée par Saint Euthyme, s’était engagé dans le désert au-delà du Jourdain pour y passer le Grand Carême, aperçut un jour un être humain, le corps noirci par le soleil et les cheveux blancs comme de la laine tombant jusqu’aux épaules. Il courut derrière cette apparition qui s’enfuyait à son approche, en la suppliant de lui accorder sa bénédiction et quelque parole de salut. Quand il parvint à portée de voix, Marie, appelant par son nom celui qu’elle n’avait jamais vu, lui révéla qu’elle était une femme et elle lui demanda de lui jeter son manteau afin de couvrir sa nudité.

Sur les instances du Moine, ravi d’avoir enfin rencontré un être théophore qui avait atteint la perfection de la vie monastique, la Sainte lui raconta avec larmes sa vie et sa conversion. Puis, ayant achevé son récit, elle le pria de se rendre l’année suivante, le Grand Jeudi, avec la Sainte Communion sur les bords du Jourdain. 

L’Archimandrite CHRYSOSTOME Higoumène de St Gérasime du Jourdain (à droite) offre une grande icône de Ste Marie l’Égyptienne vénérée au Monastère St Gény de Lectoure

Le jour venu, Zosime vit Marie apparaître sur l’autre rive du fleuve. Elle fit un signe de Croix et traversa le Jourdain en marchant sur les eaux. Ayant communié avec larmes, elle dit : « Maintenant, ô Maître, Tu peux laisser aller en paix Ta servante, selon Ta parole, car mes yeux ont vu Ton salut. » (cf. Luc 2, 29). Puis elle congédia Zosime, lui donnant rendez-vous l’année suivante à l’endroit de leur première rencontre.

Lorsque l’année fut écoulée, Zosime trouva à l’endroit convenu le corps de la Sainte étendu à terre, les bras croisés et le visage tourné vers l’orient. Son émotion et ses larmes ne lui permirent pas de découvrir tout de suite une inscription tracée sur le sol des mains de la Sainte, qui disait : « Abba Zosime, enterre à cet endroit le corps de l’humble Marie, rends à la poussière ce qui est à la poussière, après avoir prié pour moi. Je suis décédée le ler du mois d’avril, la nuit même de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, après avoir participé à l’Eucharistie. »

Consolé de son chagrin en apprenant le nom de la Sainte, Zosime fut étonné de constater qu’elle avait franchi en quelques heures une distance de plus de vingt jours de marche. Après avoir vainement essayé de creuser le sol avec un morceau de bois, il vit tout à coup un lion s’approcher du corps de Marie et lui lécher les pieds. Sur l’ordre du vieillard, la bête creusa de ses griffes une fosse où Zosime déposa avec dévotion le corps de la Sainte.

De retour au monastère, il raconta les merveilles que Dieu accomplit en faveur de ceux qui se détournent du péché pour revenir vers Lui de tout leur cœur. De pécheresse invétérée qu’elle était, Sainte Marie est devenue pour quantité d’âmes accablées sous le poids du péché, une source d’espérance et un modèle de conversion. C’est pourquoi les Saints Pères ont placé la célébration de sa mémoire à la fin du Carême, comme un encouragement adressé à tous ceux qui ont négligé leur salut, proclamant que jusqu’à la dernière heure le repentir peut les ramener vers Dieu.

1 Cette icône est actuellement vénérée au Mont Athos, dans la grotte de S. Athanase, perchée sur un rocher à pic au-dessus de la mer, à quelque distance de la Grande-Lavra.

Fête de la Sainte Croix

Dimanche de la Croix

31 mars 2019

Mes Bien Chers Frères,

« Sur la Croix où Il mourut, son amour fit de lui notre rançon » ; et pour le devenir que de souffrances Il a endurées !

Il a pris sur soi tous les effets de nos fautes ; et il lui a coûté son agonie au jardin de Gethsémani, son impuissance aux mains de ses bourreaux, quoi encore ? l’abandon douloureux où son Père l’a laissé sur la croix.

Il s’est chargé d’acquitter la dette de nos péchés, et parce que le péché vaut la mort, Il a épuisé l’amertume du plus douloureux et du plus ignominieux des trépas. Homme de douleur, Il a connu la douleur comme personne, et marchant au chemin de son calvaire, Il a pu dire : Ô vous tous qui me rencontrez, arrêtez-vous, voyez et convenez qu’il n’est pas de détresse comparable à la mienne. Dieu sait cependant si l’on avait déjà souffert avant lui, et si l’on devait souffrir encore après lui ! Mais il était Dieu, et nulle douleur ne devait triompher de sa force de résistance. Aussi quand elle l’absorbe, se fit-elle torturante comme elle n’avait jamais fait encore. Du jardin à la croix elle le pressa d’un aiguillon toujours plus acéré, plus pénétrant. Sur la croix elle l’enlaça corps et âme d’effrayantes étreintes. C’est à ce prix qu’Il nous a miséricordieusement rachetés, ici-bas de la mort du péché, pour plus tard de la mort éternelle.

Si du moins, ô mon Sauveur, ceux que tu as voulu sauver consentaient tous, à bénéficier de ta Rédemption ! Mais non, ce qui ajoute encore à tes douleurs, quand tu portez votre croix, et, lorsque vous y êtes attaché, ce qui vous met aux lèvres une soif plus ardente, c’est justement de prévoir l’inutilité pour un si grand nombre de votre sacrifice. Comment alors ne t’es-tu pas lassé plus vite sur ta route aride ? Et fatigué déjà d’en avoir fourni, après l’étape de l’anéantissement, celle de la méconnaissance, comment as-tu abordé si résolument celle du Calvaire, de beaucoup la plus douloureuse ? Tout autre s’y fut rebuté. Toi, tu as marché quand même, tant tu nous as aimé ! Tant tu as eu à cœur de payer, jusqu’à la dernière obole de ton sang, la rançon de nos dernières fautes !Mais puisque l’amour appelle l’amour, puisque le bienfait commande la reconnaissance, que rendrai-je donc ici au Seigneur ? Et qu’ajouterai-je au double retour que je lui offrais à l’instant, d’abord la fidélité, puis du progrès de ma vie spirituelle ?

Il a voulu que je tienne de plus près à sa personne, et je lui ai promis de ne jamais déserter le bataillon d’élite où je me suis engagé au baptême. Il se donne à moi en nourriture, et j’ai résolu de lui livrer mon âme, pour que le baiser de la communion la marque de plus en plus à la ressemblance de ses vertus. Maintenant que je le vois chargé de sa croix, et voulant en porter les grâces jusqu’à des âmes qui trop souvent les dédaignaient, je l’aiderai à ce labeur de Rédemption et, avec la fidélité, avec le progrès, je lui offrirai encore le zèle de ma vie spirituelle, la dépense que j’en ferai à son profit sur le double terrain de l’apostolat et du bon exemple. Deux moyens que j’ai de lui donner des âmes, deux moyens que j’y emploierai ; et qu’Il daigne agréer une fois de plus cette offrande que je lui fais de tout mon savoir-faire et de toutes mes énergies. En cette triste période où l’on essaie d’affaiblir et même d’anéantir l’Église du Christ par des scandales amplifiés, où les fragiles demandent à être débaptisés, comme si cela était possible, où l’on emploie par tous les moyens, même le mensonge du serpent, d’anéantir les serviteurs de Dieu, il nous faut réagir et être plus fervents.

Le Calvaire où nous venons de nous arrêter avec Jésus est-il sa dernière halte sur son chemin de Croix ? Est-ce là , toujours persécuté jusqu’alors, qu’il arrivera pour ne plus l’être jamais ?

Il semble bien que oui, puisque le coup que la mort lui donne le rende impassible. Après son dernier soupir c’est fini. Il échappe pour jamais aux prises de la douleur, et celle-ci ne triomphe un instant de lui jusqu’à la mort que pour perdre aussitôt tous ses droits sur lui. Désormais elle aura d’autres amants. Les plus grandes âmes s’éprendront d’elle jusqu’à la passion la plus étrange. Ou souffrir ou mourir, ce sera leur devise, le cri qu’elles se renverront obstinément d’âge en âge. Il leur faudra à tout prix cette ressemblance avec l’homme de douleur. Mais lui n’aura plus, ne pourra plus rien avoir de commun avec elle… Et cependant dans l’Eglise la Passion dure encore, dure toujours pour Jésus, comme ce fut le cas dans les pays de l’est de l’Europe sous les décennies communistes.

Alors, comme le flot des blasphémateurs qui le jour du Vendredi Saint montait de Jérusalem au Calvaire, elle se heurtera elle aussi à une croix, et toujours à la croix de Jésus ; mais alors aussi Jésus n’y sera plus attaché. Appuyé sur elle comme sur un titre indiscutable à rendre les dernières justices, il balaiera de son regard les méchants en enfer, de sa main il ouvrira le ciel aux justes ; et, repliant ainsi le grand livre de l’histoire humaine, il fermera aussi le long stade de son chemin de croix, ce chemin de croix à Jérusalem que j’ai dirigé et animé une dizaine de fois avec des dizaines de fidèles de nos six paroisses.

Jusqu’à cette échéance il reste ouvert, ce grand livre, et ceux-là sont heureux que leur vocation chrétienne ou monastique voue à en connaître plus que d’autres les avanies et les souffrances des menteurs et calomniateurs.

 

Nous sommes de ceux-là, ô Seigneur, nous que tu admets chaque jour à ta meilleure intimité ; et ce n’est pas parce que, aujourd’hui surtout, cette avance est austère que nous en méconnaîtrons le prix. Ici donc encore, ici plus que jamais, nous te dirons merci, nous te chanterons l’hymne de l’action de grâce qu’appellent tes bienfaits. Ici, après vous avoir promis déjà la fidélité, puis le progrès, puis le zèle de notre vie spirituelle, nous serons tous heureux de pouvoir t’offrir nos sacrifices et pénitences. Qu’elle dure notre vie ce qu’il te plaira de la faire durer, nous savons bien que pour nous comme pour toi, il y aura une Résurrection ; et, en attendant, divin banni ! Banni de la Crèche, banni de l’Eucharistie, banni de la Croix et banni de l’Histoire, plus que jamais banni des sociétés, nous nous estimerons heureux d’être bannis comme toi, pour toi et avec toi . Amen

+ Père ANTOINE Basilique Saint Gény de Lectoure

Fête de la Nativité de Notre Seigneur Jésus Christ, 2018

NATIVITÉ DE L’EMMANUEL  2018

« Les bergers se disaient les uns aux autres : Allons à Bethléem, et voyons la  chose qui est arrivée et que le Seigneur nous a fait connaître »

     Mes Bien Chers Frères et Sœur en Christ,

Ô nuit merveilleuse que cette nuit de Bethléem ! Nuit qui n’est obscure que pour ceux qui dorment ! Nuit ténébreuse pour l’esprit rationaliste qui veut tout comprendre ! Nuit épaisse pour ceux qui s’engluent dans les plaisirs de la vie !

Nuit lumineuse en revanche pour ceux qui ont le sens du mystère ! Nuit radieuse pour ceux qui ont la nostalgie d’une grandeur qui les dépasse et que Dieu seul peut leur offrir. Nuit éblouissante de clarté pour ceux qui, le cœur empli d’espérance, se savent aimés de Dieu, aimés infiniment ! Ô douce nuit ! Ô sainte Nuit !

Les bergers, ne sachant pas quel nom donner à la nouvelle qu’ils viennent d’apprendre par l’entremise des anges, parlent de « la chose qui vient d’arriver ». C’est bien là un langage de gens simples, de gens modestes, de gens qui n’ont pas fait d’études, un langage de bergers. La simplicité si naturelle de son récit attesterait à elle seule la fidélité du narrateur qui a reçu les confidences de la très sainte Vierge Marie.Saint Luc n’avait pas à démontrer que Dieu existe : c’était une vérité admise par tous, mais il avait à nous prouver que Dieu nous aime, que nous n’avons plus à le chercher parce qu’Il est venu jusqu’à nous ; Il est descendu du ciel. Les bergers qui viennent cette nuit lui rendre hommage ne sauront peut-être jamais que l’Enfant de Bethléem déclarera avec fierté : « Je suis le bon berger ». Ô Jésus, tu es né à Bethléem, mot qui signifie « maison du pain ». Tu es le pain vivant descendu du Ciel. Je veux m’unir à Toi en te recevant avec ferveur dans la sainte communion.

« Nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer »

   La tradition a conservé le nom de trois rois mages : Melchior, Gaspard et Balthazar . Le premier représentait la race de Sem, le second celle de Cham et la troisième celle de Japhet. En tant que descendants des fils de Noé, ils rassemblaient à eux trois le genre humain tout entier que Jésus est venu sauver. Leur expédition de l’Orient jusqu’à Bethléem révèle leur générosité. Ils découvrent une étoile mystérieuse. Le Saint Esprit, les éclairant intérieurement, leur fait comprendre qu’elle est l’annonce de la naissance du Messie et qu’elle doit leur servir de guide pour leur permettre d’aller jusqu’à lui et de l’adorer. Immédiatement, sans attendre d’autres explications, ils quittent leur maison, leur famille, leur patrie. Ils ne savent pas combien de temps va durer leur voyage, ni les obstacles qu’ils auront à surmonter. Dieu a parlé : cela suffit pour qu’ils obéissent. Imitons leur promptitude lorsque le Saint Esprit nous montre tel sacrifice à faire, tel acte de charité à accomplir, telle attache déréglée à rompre ; ne soupesons pas nos efforts, soyons généreux. Habituons-nous à saisir la grâce quand elle passe.

Suivre l’étoile était encore relativement facile pour les mages, mais continuer de chercher le Roi des Juifs alors qu’elle avait disparu, c’est là marquer d’un grand esprit de foi. Au cœur de l’épreuve, ils ne se scandalisent pas, ils ne se révoltent pas, ils ne remettent pas en doute leur foi ; ils s’inclinent en silence devant les desseins mystérieux de la Providence. Ses voies ne sont pas nos voies, se disent-ils. Aussi, redoublent-ils de générosité et de ferveur pour garder le cap qu’ils s’étaient fixé en partant. Lorsqu’à certains moments de notre vie, Dieu se cache quand nous le prions, imitons les mages. Nous aussi, manifestons la fermeté de notre foi en conservant nos convictions et en restant fidèles à nos résolutions.

En suivant les indications des docteurs de la loi, les mages ont la grâce insigne de contempler Jésus. Après l’épreuve la récompense. La foi manifestée au départ de leur expédition, et plus encore au moment de la disparition de l’étoile, trouve son couronnement, son achèvement, sa récompense à la crèche. En entrant dans l’humble étable de Bethléem, ils voient de leurs yeux l’Enfant Jésus emmailloté, entouré de sa Mère et de saint Joseph. Dépassant son enveloppe mortelle, leur foi découvre Dieu dans cet enfant, si bien qu’ils se prosternent la face contre terre et l’adorent. Ô Dieu qui, en ce jour, a révélé ton Fils unique aux nations païennes en les guidant par une étoile, fais qu’après t’avoir connu déjà par la foi, nous soyons conduits jusqu’à la contemplation face à face de ta sublime grandeur.

Nous sommes à l’aube d’une nouvelle année. Que nous réserve-t-elle ? A vue humaine, nous avons bien des raisons d’être inquiets sur le sort de notre pauvre pays et de notre pauvre monde. C’est là la conséquence de notre infidélité à Dieu. Mais Dieu est toujours près de nous pour nous attirer à lui, et nous permettre, à la suite des saints, d’avancer à pas d’amour vers le Ciel.

Les saints accomplissent parfaitement le dessein de Dieu. Afin d’y arriver, ils vivent dans le présent : à nous de les imiter. Pour Dieu, il n’y a ni passé ni futur. Par conséquent l’union à lui suppose de vivre pleinement l’instant présent. En effet, le passé ne nous appartient plus ; l’avenir ne nous appartient pas encore ; il n’y a que le moment présent qui soit entre nos mains. Cet instant, il s’agit de le saisir et de le marquer du sceau de la grâce pour rendre nos actions méritoires de la vie éternelle.

Malheureusement, trop souvent, les jeunes gens ont tendance à rêver en se projetant dans le futur, et les personnes âgées à revenir avec nostalgie sur leur passé. Ainsi, l’adolescent veut paraître adulte, et la personne âgée paraître jeune.

Bref, l’homme vit rarement dans le temps présent. C’est bien dommage ! Car beaucoup de tentations viennent par l’imagination. Le démon peut très facilement grossir à merci des évènements passés et futurs pour nous faire ressentir des désirs, de l’aversion, de la crainte, ou d’autres sentiments négatifs. L’unique remède consiste à bien vivre l’instant présent. Chaque chose en son temps : la réussite de notre vie dépend non pas de nos rêves, de notre imagination, de nos illusions, mais des vertus que nous nous efforçons d’acquérir là où le bon Dieu nous a placés.

Dans la mesure où, à l’exemple des saints bergers et rois mages, de tous les saints nous soumettons notre sensibilité à notre volonté pour vivre selon les lumières de la foi, nous nous stabilisons et nous nous fortifions.

Au milieu de ce monde déboussolé, instable et jouisseur, nous vous supplions, ô saints du Ciel, de nous accompagner tout au long de cette année, et de nous aider à rechercher avant tout le royaume de Dieu et sa justice, afin que nous puissions chanter avec vous éternellement les miséricordes du Seigneur.

Ô mon Dieu, nous te remercions du nouvel An que Tu ouvres devant nous.

Enfant divin, accorde-nous de naître à une vie nouvelle.

Amen.

CHRIST EST NÉ… EN VÉRITÉ IL EST NÉ !