Fête paroissiale à Tarbes (2019)

15 août : Marie, Reine de France !

     Mes biens chers frères,

On raconte dans la vie d’un grand poète italien, dont vous connaissez au moins le nom, DANTE, qu’il se présenta un jour, fatigué, désabusé, peut-être découragé, à la porte d’un couvent. Au Frère qui étant venu ouvrir, lui demandait : « Mais que cherchez-vous donc ici ? » Il répondit simplement : « La Paix ! »

     Que de fois nous nous sentons écrasés sous le poids de tous les fardeaux qui pèsent sur nos faibles épaules : les souffrances de toutes sortes, physiques et morales ; du corps, de l’esprit et du cœur ; les deuils, les déceptions, les trahisons d’êtres chers pour qui nous avons beaucoup fait ; les hypocrisies, les mensonges et les calomnies d’un monde détraqué, au milieu duquel nous sommes obligés de vivre !

     Que de fois, plus souvent peut-être, ne sommes-nous pas lassés de nous-mêmes, de nos faiblesses et de nos impuissances en face de la tentation et des mille dangers qui menacent notre âme.

     Comme nous avons besoin que Marie, la Mère de Dieu, vienne à notre secours et nous obtienne la Paix ! Elle le veut, car elle sait, pour l’avoir subie sous toutes ses formes, ce qu’est la souffrance. Et si elle ignora le péché, nous savons qu’elle est le « Refuge des pécheurs ». Toujours, elle a su garder en elle-même la « Paix de Dieu ». Qu’Elle daigne nous la communiquer !

     Qu’elle  la donne aussi à nos familles ! Nous n’imaginons pas que ce souhait, cette prière, soit inutile, quand chaque jour, en ouvrant les médias nous apprenons, avec un luxe de détails, de nouveaux drames familiaux. Des choses horribles ! des époux qui s’entretuent ! des pères, des mères sans entrailles qui osent martyriser leurs pauvres gosses ! Des filles, des fils qui n’hésitent pas à donner la mort à ceux qui leur ont donné la vie ! Comme quoi, pour le dire de manière de parenthèse, quand disparaît la religion, tout disparaît, à commencer par la conscience et l’affection.

     Mais, sans aller jusqu’à ces extrémités, ne voyons-nous pas souvent, dans une foule de foyers, régner le plus déplorable désaccord, parce que l’on n’a pas su ou pas voulu les fonder sur la même foi, parce qu’on n’y partage pas les mêmes idées, parce qu’on ne sait pas faire en sorte que les caractères s’y harmonisent ? Alors, puisqu’on ne réussit pas à s’entendre, c’est la lutte, et, de guerre lasse, on s’en va, père, mère, enfants, chacun de son côté !

     Ah ! que ne regarde-t-on vers le Foyer de Nazareth ! On y apprendrait l’oubli de soi qui engendre la Paix. On y verrait une femme, épouse et mère, se donnant sans rien attendre, accomplissant son devoir de chaque jour. Elle méritait sa suprême récompense ici-bas : le sourire de gratitude qui, chaque soir, éclairait pour elle le visage de son époux, de son fils, de sa fille. Voilà la paix du Foyer. Que Marie l’obtienne aux nôtres, à tous les nôtres.

     Sans oublier, non plus, cet autre, plus large encore et très cher aussi : la Patrie !

Elle le doit. La France, c’est son Royaume depuis les origines avec le titre de Première Patronne, donc de première protectrice ?

     Elle ne faisait, d’ailleurs, en sommes, que constater un fait historique. Il suffit de prononcer les noms chargés de sens, toutes ces cathédrales et églises, chapelles et oratoires dédiés à Notre Dame, où ses icônes sont vénérées, donnant à notre Patrie et Royaume, la preuve de son amour et de sa puissance.

      Par cette divine Liturgie nous renouvelons notre consécration nationale chaque 15 août. Qu’Elle obtienne donc à la France la Paix tant désirée, à l’intérieur et à l’extérieur.

     A l’intérieur : je puis dire que tous les Français qui réfléchissent, quand ils s’endorment, le soir, se demandent s’ils ne se réveilleront pas avec des informations catastrophiques. Nous en connaissons les causes l’égoïsme, le paganisme, l’infidélité et souvent l’origine les médias. Fasse la Reine de la Paix que nous soient épargnées ces turpitudes qui flottent sur nos têtes.

     À l’extérieur. Malgré la tranquillité apparente, tout le monde convient qu’une étincelle suffirait à mettre le feu aux poudres.

    De grands rassemblements de fidèles viennent prier à Lourdes pour demander à la Mère commune d’avoir pitié de la famille humaine, et d’intervenir avec son amour, avec sa puissance, pour que la Paix règne sur terre.

     Imitons ces chevaliers modernes ; adressons-nous à Marie, baisons ses icônes avec dévotion filiale, ne passons pas un jour sans lui dire, de toutes nos forces, de tout notre cœur : Ô Reine de la Paix, priez Dieu pour nous.

    Et en baisant tout à l’heure son icône de Reine de France entourée de St Michel et des Grands Saint Protecteurs de France, en baisant le saint Voile de Marie dont nous avons le privilège de posséder une parcelle, disons lui notre Amour indestructible malgré les soucis et les tracas.  Amen

Notre Dame des Moissons 2019

Mes Bien Chers Frères,

      Il est devenu une tradition annuelle de nous retrouver le 14 juillet, en la basilique St Gény pour fêter la Sainte Icône de la Mère de Dieu, Notre Dame des Moissons, que nous vénérons dans notre église, où elle a la place royale au-milieu de la nef, nous y rendant obligatoirement pour un premier hommage à celle qui nous transmet tant de grâces. Nous bénirons ensuite les épis de blé pour que dans notre demeure nous ne manquions jamais du pain et des aliments nécessaires à la vie. Vous pourrez en emporter 7 épis, comme les 7 jours de la semaine et les placer près de l’Icône de la Mère de Dieu et de la Croix.

     En ces temps troublés je voudrais justement répondre à la question : « Comment porter sa croix » ? Car tous, fidèles et clergé, jeunes ou âgés, nous devons la porter bien souvent.

    Tant que la vie est heureuse, que tout réussit, on a confiance en soi, dans ses mérites, dans sa vertu et on éprouve une sorte de suffisance et même un sentiment d’orgueil. L’épreuve abat cette suffisance, cet orgueil et nous montre ce que nous sommes en réalité : faiblesse, impuissance.

     Si le chrétien reconnaît qu’il ne peut rien par lui-même, il doit se souvenir qu’il peut tout en Celui qui nous fortifie. C’est avec courage qu’il doit porter sa croix à la suite du Divin Maître. Il doit la porter avec un courage humble, paisible, grand par la patience, la douceur, petit par l’humilité .

     Dieu est le médecin de nos âmes et s’il tranche au vif, c’est qu’il veut guérir les maux qui leur nuisent et arrêtent leur marche vers la perfection.

     Portons notre Croix en silence. Baisons la main qui nous frappe, et s’il le faut, « buvons le calice jusqu’à la lie », comme Notre-Seigneur Jésus. Il est mort pour ceux qui le faisaient mourir et il nous enseigne à aimer et à prier pour ceux qui nous affligent, nous persécutent et mentent pour nous anéantir.

     Aimer sa Croix, c’est la rendre plus légère. Ce qui la rend lourde, c’est vouloir lutter, se débattre contre elle et se livrer à la révolte de la nature. Nous devons nous persuader que la vie qui passe est une préparation à la vie qui ne passera pas et une purification pour nous en rendre digne.

     Souffrir en se taisant, agir contre son gré pour faire la volonté de Dieu, en s’accommodant à celle du prochain, voilà la voie dans laquelle nous devons marcher.
     C’est Dieu qui nous crucifie par les créatures. Livrons-nous donc à lui chaque jour, sans regarder plus loin. Il nous porte entre ses bras comme une mère porte son enfant. Dans toutes nos peines, dans tous nos besoins, nos regards doivent tendre vers notre Père céleste. « Quand même une mère oublierait son propre fils, je ne vous oublierai jamais », dit le Seigneur.

     Dans les épreuves matérielles, morales, qui peuvent survenir dans notre vie ; dans les maladies qui nous terrassent et nous réduisent à l’impuissance, nous devons nous défendre contre le découragement, l’impatience qui essaient de s’emparer de nous. Pour leur résister, pour garder la force, l’énergie de lutter contre les difficultés qui viennent du dehors, et celles qui viennent de nous-mêmes, le moyen efficace est de vivre sous le regard de Marie. Jetons-nous dans ses bras comme l’enfant qui se jette dans les bras de sa mère à la vue d’un objet qui l’effraye. Établissons-nous dans ce divin refuge et nous y trouverons la patience et l’amour.

     Il y a des heures angoissantes et sombres pendant lesquelles nous nous demandons : que faut-il faire, que faut-il dire pour surmonter les difficultés qui se présentent ? Dieu a mis dans notre âme une lumière pour nous guider et éclairer notre route; c’est l’Esprit-Saint. Recourons à Lui toutes les fois que nous avons une décision à prendre et que la voie à suivre est incertaine.

     Si nous succombons dans la maladie à la tentation de l’impatience, ne nous décourageons pas; appelons Marie à notre secours comme nous appellerions une âme charitable pour nous aider à porter un fardeau trop lourd.

    Jésus est le céleste médecin, et Marie l’infirmière, montrons-leur la profondeur de la plaie afin qu’ils versent le baume divin de la guérison.

     Ne cherchons pas à augmenter le poids de nos douleurs par des inquiétudes, des préoccupations inutiles. Comme le Sauveur sur la Croix, comme Marie au pied de la Croix, restons immobiles tant qu’il plaira à Dieu de nous y laisser. Supportons nos peines avec humilité, notre amour pour Dieu nous les rendra moins dures.

     « Faites cela et vous vivrez » dit le Seigneur. Ne restons pas seuls à porter notre croix; portons-la en union avec Jésus et Marie et elle nous conduira au vrai bonheur.

      Comme bouquet spirituel je vous dirai : « Habituons-nous à vivre sous le regard de Dieu, sous le Voile protecteur de Marie, notre vie si douloureuse soit-elle à certains moments sera transformée en joie et douceur. Amen

Bénédiction des Épis de blé

Dieu éternel et tout-puissant, qui du néant par ta parole as créé le ciel, la terre, la mer, les choses visibles et invisibles; qui as donné l’ordre à la terre de produire les herbes et les arbres pour l’usage des hommes et du bétail, et à chaque plante de porter du fruit selon son espèce; et qui, par ineffable bonté, as voulu que l’herbe servît non seulement de nourriture aux animaux, mais aussi de médecine aux malades; nous te demandons de cœur et de lèvres de bénir en ta miséricorde ces herbes, ces plantes, ces légumes et ces fruits; et, par la force divine qui leur vient de toi, de répandre la grâce de ta nouvelle bénédiction, afin qu’ils protègent les hommes et le bétail de tout mal et de toute infirmité.

Car tu es notre Dieu, et nous te rendons gloire, Père, Fils et saint Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Ch. Amen.

Seigneur qui par ton serviteur Moïse as ordonné aux enfants d’Israël d’offrir aux prêtres les prémices des fruits nouveaux et de prendre les· fruits du meilleur arbre pour se réjouir devant toi, leur Dieu, viens à notre appel et, dans ta miséricorde, répands l’abondance de ta bénédiction sur nous et sur les prémices des nouveaux grains, des baies, des herbes et des fruits qu’en action de grâce nous te présentons et qu’en ton nom, au cours de cette fête, nous bénissons; fais que pour les gens, le bétail, les animaux, ils soient une aide contre les maladies, les épidémies, les poisons, les drogues, les intoxications, les vertiges, les cauchemars, les hallucinations, les morsures des serpents et les autres bêtes venimeuses, partout où ils seront appliqués et absorbés; afin qu’avec les prémices de nos bonnes œuvres, par les prières de notre Dame toute-bénie, la Mère de Dieu et toujours-vierge Marie, dont nous fêtons solennellement en ce jour la Dormition, là même où elle a été élevée nous soyons reçus nous aussi.

Par la miséricorde et l’amour pour les hommes de ton Fils unique, avec lequel tu es béni ainsi que ton très-saint, bon et vivifiant Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Ch. Amen.

Procession de la Sainte Icône de Notre Dame des Moissons

Admirable Souveraine,  Protectrice du Duché de Gascogne, manifeste en notre faveur tes merveilles d’amour, sur les épis de blé de nos moissons. Humblement nous t’en prions : délivre-nous de toute affliction et maladie, guide-nous sur la voie du bien, du partage et des vertus, garde-nous des épreuves, de la maladie, de la solitude, des calomnies et du malheur, protège-nous contre la foudre et les incendies, la sécheresse et la famine, les tremblements de terre, les inondations et les mortelles épidémies.

    Accorde-nous ton aide miséricordieuse sur les routes de la terre, de la mer et du ciel, afin qu’aucun malheur ne nous arrive, Toute compatissante Mère du Dieu d’amour. Nous t’adressons notre humble prière avec un ferme espérance : ne repousse pas nos larmes et nos soupirs, ne nous oublie pas tous les jours de notre vie, mais demeure en tout temps avec nous. Par ton perpétuel secours et ta puissante intercession auprès du Seigneur, accorde-nous la joie et la consolation, aide et protection, afin que sans cesse nous puissions louer et magnifier ton nom béni et très digne d’être chanté, Mère Bienfaitrice de la Gascogne.

Fête de la Pentecôte à Dénat d’Albi

Lecture des Actes des Apôtres

(2, 1·11)

Lorsqu’arriva le jour de la Pentecôte, les Apôtres se trouvaient tous ensemble dans un même lieu. Soudain retentit depuis le ciel un bruit pareil à un souffle violent, qui remplit toute la maison où ils étaient assis.

lls virent apparaître une sorte de feu, qui se partageait en langues, pour se poser sur chacun d’eux. Alors ils furent tous remplis de l’Esprit saint et se mirent à parler en d’autres langues, chacun s’exprimant selon le don de l’Esprit.

Or il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui se produisit, ils se rassemblèrent en foule, et chacun eut la stupéfaction de les entendre parler sa propre langue. Déconcertés, émerveillés, ils se disaient tous, les uns aux autres: Ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous des Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? Nous qui sommes Parthes, Mèdes ou Elamites, qui habitons la Mésopotamie, la Judée ou la Cappadoce, le Pont, l’Asie, la Phrygie, la Pamphylie ou l’Égypte, Libyens de Cyrénaïque, Romains résidant ici, Juifs de naissance ou prosélytes, Crétois ou Arabes, tous, nous les entendons en notre propre langue proclamer les merveilles de Dieu !

Lecture  du  saint  Évangile  selon saint  Jean

(20,19-23)

Le soir  de  ce même  jour,  le  premier  de  la  semaine, toutes  portes  étant  closes par  crainte  des  Juifs, Jésus vint  là où  se  trouvaient  les disciples, il se tint  au  milieu d’eux  et  leur  dit :

La paix soit avec vous !

Ce disant,  il leur  montra  ses  mains et  son  côté. Les disciples furent  remplis de joie à la vue du Seigneur. Il leur  dit  encore une  fois : 

La paix soit avec vous !

Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Puis il souffla sur  eux  et  leur  dit: Recevez le saint Esprit. Ceux à qui  vous remettrez  les  péchés, ils  leur  seront remis ; ceux à  qui  vous les retiendrez, ils  leur  seront  retenus.

Tous les peuples ont vu * des merveilles en ce jour * dans la cité de David lorsque l’Esprit saint descendit * sous la forme de langues de feu  comme saint  Luc nous l’a rapporté : * les Disciples du Christ se trouvant  tous réunis, * soudain retentit du ciel un fracas, * une violente bourrasque de vent  * et ce bruit remplit toute la maison où ils siégeaient;  * et tous ils se mirent  à  parler  * en langues étrangères pour enseigner * la doctrine nouvelle de la sainte Trinité.

L’Esprit saint qui est, qui était, qui sera toujours, * sans principe et sans fin, * jouit du même rang que le Père et le Fils ; * il est la Vie, le Seigneur vivifiant, * la lu­mière et la source de la clarté;  * il est le bien,  le trésor de bonté ;  par lui le Père est connu et le Fils glorifié ; * à tous il révèle l’unique puissance et  l’intime union, * la même adoration de la sainte Trinité. 

L’Esprit saint, lumière et vie, * eau vive qui jaillit mys­tiquement, * Esprit de sagesse, de science, de bonté, * droi­ture, intelligence souveraine purifiant les péchés; * il est Dieu et nous déifie ; * feu jaillissant du feu,  * parlant et agissant * et répandant les charismes divins ; * par lui tous les Prophètes et les Apôtres de Dieu * ont  reçu la cou­ronne en compagnie des Martyrs : * étrange vision, prodige inouï ! * le feu se divise pour le partage des dons.

Roi céleste,  Consolateur, * Esprit de vérité, * partout présent et  remplissant l’univers,  * trésor de grâce qui don­nes la vie, * viens et  demeure en nous, * purifie-nous de tout ce qui est vil * et sauve nos âmes, ô Dieu de bonté.

Solennité de Saint Gény de Lectoure

Mes Bien Chers Frères, Les peuples entourent de respect et d’honneur la mémoire de leurs grands hommes ; ils célèbrent leurs services, leur génie et veillent avec un soin jaloux sur leur tombeau.

     Bien différent est l’honneur que l’Église rend à ceux qu’elle appelle les Saints. Ceux-là sont vraiment dignes des triomphes qu’on leur décerne; l’humanité croyante est unanime à le proclamer et elle reconnaît en eux ses véritables bienfaiteurs. En eux, elle honore surtout ce qui fait l’homme grand et honorable: la vertu, et si elle entoure leurs restes de respect et de vénération, c’est à autre chose qu’à des ossements qu’elle prétend bien faire parvenir ses louanges et ses marques d’honneur. Mais, puisque la fête de ce jour nous y invite, entrons à ce sujet dans quelques amples explications.

     Quels sont les caractères de la touchante cérémonie dont vous êtes ce jour les témoins ? Que devait dire à vos âmes l’exposition des saintes reliques de Saint Gény ?

     Le culte que nous rendons aux reliques est d’abord un acte de foi. Ce n’est pas seulement un pieux souvenir que nous donnons à celui qui a vécu ici il y a plus de quinze siècles, mais nous faisons par là une triple affirmation.

     Nous affirmons d’abord l’immortalité de l’âme humaine. Ces ossements nous rappellent un être qui a cessé de vivre ici-bas, c’est vrai, mais qui continue à vivre ailleurs, d’une vie plus pleine, plus réelle, plus intense et sans fin.

     Nous affirmons en second lieu que le bonheur existe au-delà de la tombe, que les saints en jouissent, et que par eux nous espérons jouir de l’éternelle félicité. Par là nous condamnons tous les paradis terrestres inventés par les faiseurs de systèmes.

    Nous affirmons enfin la résurrection des corps. Ces ossements que nous conservons dans des chasses précieuses ou des reliquaires, gardent enfermés des étincelles de vie, et un jour viendra où le Seigneur fera tressaillir ces restes et les tirera de leur humiliation. La mort perd donc à nos yeux le plus terrifiant de ses caractères apparents : l’éternité ; elle n’est qu’une dissolution d’un moment, une séparation passagère.

     Le culte des reliques est ensuite un acte de respect et d’honneur. Sans doute, des ossements ne sont rien par eux-mêmes, sinon une vile matière, venue de la terre, destinée à la terre. Mais nous savons que ces membres ont servi au bien et aux bonnes œuvres, qu’ils ont été l’objet de la pénitence, les coopérateurs des travaux des saints, les instruments dociles de leurs âmes, et que l’enveloppe de chair que nous vénérons forma comme la demeure de l’auguste Trinité, et en particulier de l’Esprit de Dieu. Dieu est passé par là, et nous avons bien le droit et le devoir de baiser la trace de ses pas.

     Mais c’est surtout l’âme qui habita le corps, que vont trouver nos hommages. Les reliques nous sont comme un canal par lequel nous transmettons aux saints notre vénération et notre culte, et par eux au Très-Haut lui-même dont les saints sont les chefs-d’œuvre. Que les protestants et les impies ne nous reprochent donc pas de faire acte d’idolâtrie ! Il n’est personne de moins idolâtre qu’un vrai chrétien, et dix-neuf siècles d’une tradition constante protestent contre cette calomnie.

« Nous n’adorons pas les reliques des saints, disait St Jérôme au IVème siècle, période où vécut ici Saint Gény, pas plus que nous n’adorons le soleil, la lune, les archanges, de peur de rendre le culte souverain à la créature plutôt qu’au Créateur, qui est béni dans tous les siècles. Nous honorons les reliques des saints, pour adorer Celui auquel ils ont rendu témoignage par leur vie vertueuse. » Nous honorons Saint GÉNY pour que l’honneur qui lui est rendu remonte jusqu’au Seigneur qui a dit : « Celui qui vous reçoit me reçoit »… Toutes les fois que nous entrons dans cette basilique, est-ce donc au temple d’une idole que nous portons nos hommages ? Les cierges et veilleuses que nous allumons devant ses reliques sont-ils donc des signes d’idolâtrie ?

     Nous faisons enfin, par l’honneur rendu aux reliques, un acte de confiance et d’espérance. Cela signifie que nous croyons les saints non seulement vivants, mais puissants et bienveillants. Nous sommes persuadés que le cri de notre détresse peut parvenir jusqu’à leurs oreilles, que ce cri sera accueilli favorablement, qu’il sera transmis au Dieu tout-puissant et que ce Dieu dont ils sont l’honneur, dont ils forment la cour, dont ils constituent les amis, écoutera leurs requêtes et par eux nous sera plus indulgent, plus généreux, plus libéral.

    Telle a toujours été la croyance de l’Église. Celle-ci a toujours cru que les âmes justes, reçues dans le ciel, y continuent par leur intercession le ministère de charité qu’elles ont exercé par leurs prières en ce monde. Tout cœur chrétien prie pour ses frères et désire qu’ils prient pour lui; les Apôtres nous ont appris à cet égard à nous recommander les uns aux autres. Lorsqu’une âme juste quitte la terre pour le ciel, croyez-vous que sa charité soit glacée à jamais parce que son cœur de chair et de sang est refroidi par la mort ?  Vous figurez-vous que le ciel soit quelque chose qui étouffe dans un éternel égoïsme la  piété de l’amour fraternel ? Ou bien vous semble-t-il qu’une âme est moins puissante parce qu’elle est transfigurée, et que ses prières cessent d’être agréables à Dieu du moment qu’elle est fixée à jamais dans son amitié ?  Si la prière est la toute-puissance de la créature, suffit-il de monter au ciel pour perdre ce pouvoir ? Est-on destitué parce qu’on est couronné ? Redisons plutôt comme St Jérôme : « Si les apôtres et les martyrs encore vivants de la vie du corps et préoccupés par leur propre salut, peuvent cependant prier pour autrui, combien plus le peuvent-ils après les couronnes conquises, après les victoires et les triomphes ! »

     Au spectacle de ces merveilles qui se sont produites dans tous les temps, qui se continuent de nos jours encore, le chrétien a bien le droit de répéter avec confiance la parole de St Grégoire de Nazianze au sujet de St Cyprien : « Les cendres de Cyprien peuvent tout, comme le savent ceux qui l’ont éprouvé. » Oui les reliques de nos saints sont toutes-puissantes, nous le savons par l’expérience de nos pères en la foi et par notre propre expérience.
     Gardons donc précieusement ces restes, veillons à leur conservation, ils ont été protégés par les Anges du départ des derniers moines à la Révolution de 1789 jusqu’à l’arrivée d’autres moines en 2000, avec la bénédiction de notre bien-aimé Évêque Luka.

Et surtout honorons Saint GÉNY par nos prières. Et vous, ô Saints, vous surtout dont les restes constituent le trésor de cette basilique, saints de Gascogne, saint Gény patron de Lectoure, sa sainte Mère Clara et les trente Soldats romains martyrs envoyés par l’Empereur pour l’arrêter, et qui se convertirent à son contact et furent massacrés, restez les gardiens de cette église, de cette cité, de notre Doyenné St Jean Cassien qui a des églises, rattachées à ce saint Lieu avec ses diverses paroisses de l’Occitanie et de l’Aquitaine.

     Soyez pour tous nos Fidèles des remparts, vous avez été nos pères et frères dans la foi, obtenez-nous de toujours nous souvenir que nous devons être de votre race, c’est-à-dire des saints, dans un monde de débauche et de perversion.  Amen ! 

                                                        + Père ANTOINE,  recteur de la Basilique

Fête de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ, 2019

Christ est ressuscité !


















Pourquoi cherchez-vous parmi les morts Celui qui vit ?


Distribution de la lumière de Pâques

« Jour de Résurrection ! Peuples, rayonnons de joie, 
C’est la Pâque, la Pâque du Seigneur ! 
De la mort à la vie 
De la terre jusqu’aux cieux,
Le Christ Dieu nous a menés, 
Nous qui chantons l’hymne de la victoire.

Que le ciel se réjouisse, 
Que la terre soit dans l’allégresse, 
Que le monde soit en fête, 
Tout le monde visible et invisible. 
Car le Christ est ressuscité, 
Lui, l’éternelle allégresse. 
De la mort, célébrons la destruction, 
Et de l’enfer, la ruine. 
D’une vie nouvelle immortelle 
Chantons avec élan l’Auteur, 
Le Dieu unique des Pères, 
Béni et très glorieux.
Ô Pâque grande et toute sainte, 
Ô Christ, Ô Sagesse, Ô Verbe de Dieu, Ô Force,
Donne-nous de t’être unis 
Dans une plus grande vérité, 
Au jour sans crépuscule de ton Royaume.

Christus resurrexit !
Christ est ressuscité !
Hristos a-înviat !
Христос Воскресе !
Cristo è risorto !
Homélie de Saint Jean Chrysostome
Lecture de l’Évangile…
en français,
en latin,
en italien,
en portugais,
en espagnol,
et en occitan.

Une Pâque sacrée nous est apparue aujourd’hui : 
Pâque nouvelle et sainte, 
Pâque mystique, Pâque très pure, 
Pâque du Christ, notre libérateur, 
Pâque immaculée, Pâque à nul autre pareil,
Pâque des croyants, 
Pâque qui nous ouvre les portes du paradis, 
Pâque qui sanctifie tous les fidèles.

ქრისტე აღსდგა მკვდრეთით,
სიკვდილითა სიკვდილისა დამთრგუნველი
და საფლავების შინათა
ცხოვრების მიმნიჭებელი !

C’est le jour de la Résurrection ! 
Rayonnons de joie en cette solennité ; 
Embrassons-nous les uns les autres ; 
Disons : « Frères à ceux-mêmes qui nous haïssent, 
Pardonnons tout à cause de la Résurrection

Et, alors, chantons : 
Christ est ressuscité des morts
Par Sa mort Il a vaincu la mort.
À ceux qui sont dans les tombeaux,
II a donné la vie. »

Χριστὸς ἀνέστη ἐκ νεκρῶν,
θανάτῳ θάνατον πατήσας,
καὶ τοῖς ἐν τοῖς μνήμασι,
ζωὴν χαρισάμενος !

Хсрсто́съ воскрє́сє ᾿иꙁъ мє́ртвъіхъ,
смє́ртїю смє́рть попра́въ,
᾿и су́щимъ во гробѣ́хъ Живо́тъ дарова́въ

Bénédictions des œufs et des paskas
Distribution

Христос васкрсе из мртвих,
смрћу смрт уништи,
и онима који су у гробовима,
живот дарова !

Saint et Grand Vendredi

Ô mon peuple, que t’ai-je fait, en quoi t’ai-je contristé pour qu’à la mort tu livres ton Maître ?









Le noble Joseph, lorsque de la Croix il eut descendu Ton corps immaculé, l’enveloppa d’un blanc linceul.

Lorsque Joseph d’Arimathie descendit Ton corps de la Croix, ô Vie de l’univers, il T’embauma, ô Christ, T’enveloppa d’un linceul et, plein d’amour, il embrassait du cœur et des lèvres Ton corps immaculé, mais, tout saisi de crainte, il Te disait dans la joie: Gloire à Ta condescendance, Seigneur, Ami des hommes, gloire à Toi.

Saint et Grand Jeudi

À ta mystique et sainte Cène, ô Fils de Dieu, donne-moi de participer.

A l’immortelle et sainte table que le Maître a préparé dans la chambre haute, venez fidèles, prenons part en élevant nos cœurs, car le Verbe est présent là-haut; nous l’avons appris du Verbe lui-même, dont nous chantons la gloire.

Il versa de l’eau dans un bassin et Il se mit à laver les pieds des disciples.

En ce jour, l’inaccessible Seigneur fait œuvre de serviteur: Il se ceint d’un linge, Celui qui de nuages enveloppe le ciel; Il verse l’eau dans un bassin, Celui qui divisa la mer Rouge autrefois; se mettant à genoux, Il commence à laver les pieds des Disciples divins, les essuie du linge dont Il est ceint et, ce faisant, Il s’adresse à ses Disciples, leur disant: Vous êtes purs, pas tous cependant, désignant ainsi celui qui devait Le trahir.

Dimanche des Rameaux à Albi

Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !

En accomplissant la prophétie sur le doux Roi, le Roi de la paix et de l’humilité, Jésus, le Seigneur de l’univers, monte sur un ânon, tandis que les hommes Le glorifie comme Roi et thaumaturge de ce monde ; « Hosanna ! Béni soit… le Roi d’Israël ! ». Ce faisant, le Seigneur veut nous montrer que Son Royaume « n’est pas de ce monde », que Son œuvre n’a rien de politique (cf. Jn XI, 48), que Son royaume est : la vérité, l’immortalité, la vie éternelle. Mais personne ne le comprenait, pas même Ses disciples, jusqu’à ce que Jésus ressuscitât des morts. Le peuple a seulement ressenti dans la résurrection de Lazare la grandeur du miracle : « la foule vint au devant de Lui, parce qu’elle avait appris qu’Il avait fait ce miracle ». Les témoins oculaires attestent : « Tous ceux qui étaient avec Jésus, quand Il appela Lazare du sépulcre et le ressuscita des morts, Lui rendaient témoignage ». Et Lazare ? Comme un monument vivant de l’immortalité et de la Résurrection, il est là, parmi eux. Un témoignage plus convaincant et plus total ne peut exister. La nature humaine, la logique sceptique dépose-t-elle les armes ? Oui, elle les dépose. Mais la méchanceté humaine, la malice humaine, la jalousie humaine ne le peuvent. En voici une preuve : « Les pharisiens se dirent donc les uns aux autres : vous voyez que vous ne gagnez rien ; voici, le monde est allé après Lui ». ” Le monde “, tout le monde, pas seulement le peuple ou les hommes. Mais cependant, ils maintiennent leur décision : tuer Jésus. C’est encore une preuve du degré de la force du mal ennemi de Dieu dans l’homme. Vraiment, l’âme humaine est dans le délire et la folie à cause du péché. Il s’agit d’une maladie incurable, aucun remède humain ne peut aider ; il n’y a que ce remède : le Dieu-homme et Son œuvre dépassant l’entendement humain, qui sauve les hommes du péché, de la mort et du diable. C’est pourquoi le Verbe de Dieu s’est incarné, car Il pouvait seul sauver l’homme. Lui-seul, et personne d’autre parmi les anges ou les hommes.                            Saint Justin de Tchélié

Tropaire, t. 1

Pour affermir avant ta Passion * la croyance en la commune résurrection, * d’entre les morts tu as ressuscité Lazare, ô Christ notre Dieu; * comme les enfants de ce temps, nous portons les symboles de victoire * et te chantons comme au vainqueur de la mort: * Hosanna au plus haut des cieux, * béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.

Fête de Sainte Marie l’Égyptienne

Cinquième Dimanche de carême à Nérac

Icône de Sainte Marie l’Égyptienne

Notre Sainte Mère Marie était native d’Egypte. Dès l’âge de douze ans elle quitta ses parents pour se rendre à Alexandrie, où elle vécut pendant dix-sept ans dans la débauche et le plus grand dérèglement. Subsistant au moyen d’aumônes et du tissage du lin, elle livrait néanmoins son corps à tout homme, sans y être poussée par la misère, comme tant d’autres pauvres femmes, mais comme si elle était brûlée par le feu d’un désir que rien ne pouvait assouvir. Un jour, voyant une foule de Lybiens et d’Égyptiens se diriger vers le port, elle les suivit et s’embarqua avec eux pour Jérusalem, offrant son corps pour payer le prix de la traversée. Quand ils parvinrent à la Ville sainte, elle suivit la foule qui se pressait vers la basilique de la Résurrection, le jour de l’Exaltation de la Croix. Mais, lorsqu’elle parvint sur le seuil de l’église, une force invisible l’empêcha d’y entrer, malgré ses efforts réitérés, alors que les autres pèlerins franchissaient aisément la porte.

Icône de Saint Zosime donnant la communion à Sainte Marie l’Égyptienne

Restée seule dans un coin du narthex, elle commença à réaliser que c’était l’impureté de sa vie qui l’empêchait d’approcher le Saint Bois. Elle répandit des larmes abondantes et se frappa la poitrine, et voyant une icône de la Mère de Dieu (1), elle lui adressa cette prière : « Vierge Souveraine qui as enfanté Dieu dans la chair, je sais que je ne devrais pas regarder ton icône, Toi qui es pure d’âme et de corps, car, débauchée comme je suis, je dois t’inspirer le dégoût. Mais puisque le Dieu né de Toi est devenu homme pour appeler les pécheurs au repentir, viens à mon aide ; permets-moi l’entrée de l’église pour me prosterner devant Sa Croix. Et dès que j’aurai vu la Croix, je Te promets de renoncer au monde et aux plaisirs, et de suivre le chemin de salut que tu me montreras. »

Elle se sentit soudain délivrée de cette puissance qui la retenait et put entrer dans l’église où elle vénéra avec ferveur la Sainte Croix ; puis, revenue vers l’icône de la Mère de Dieu, elle se déclara prête désormais à suivre le chemin qu’Elle lui indiquerait. Une voix lui répondit d’en haut : « Si tu passes le Jourdain, tu y trouveras le repos. »

église du Monastère St Gérasime du Jourdain

En sortant de l’église elle acheta trois pains avec l’aumône reçue d’un pèlerin, se fit indiquer la route qui menait au Jourdain et elle arriva le soir à l’église de Saint-Jean-Baptiste. Après s’être lavée dans les eaux du fleuve, elle communia aux Saints Mystères, mangea la moitié de l’un des pains et s’endormit sur le rivage. Le lendemain matin, elle passa le fleuve et vécut dès lors dans le désert, pendant quarante-sept ans, sans-y rencontrer personne, ni homme ni animal.

Pendant les dix-sept premières années de son séjour, ses vêtements étant bientôt tombés en lambeaux, brûlant de chaleur le jour et grelottant de froid la nuit, elle se nourrissait d’herbes et de racines sauvages. Mais plus que les épreuves physiques, elle devait affronter les violents assauts des passions et le souvenir de ses péchés, et c’est en se jetant à terre qu’elle suppliait la Mère de Dieu de lui venir en aide. Protégée par Dieu, qui ne désire rien de plus que le pécheur revienne à Lui et vive, elle déracina de son cœur toutes les passions par cette ascèse extraordinaire et put convertir le feu du désir  charnel en une flamme d’amour divin, qui lui faisait endurer avec joie, tel un être incorporel, l’implacable désert.

Après tant d’années, un saint vieillard, nommé Zosime (cf. 4 avril), qui, selon la tradition instaurée par Saint Euthyme, s’était engagé dans le désert au-delà du Jourdain pour y passer le Grand Carême, aperçut un jour un être humain, le corps noirci par le soleil et les cheveux blancs comme de la laine tombant jusqu’aux épaules. Il courut derrière cette apparition qui s’enfuyait à son approche, en la suppliant de lui accorder sa bénédiction et quelque parole de salut. Quand il parvint à portée de voix, Marie, appelant par son nom celui qu’elle n’avait jamais vu, lui révéla qu’elle était une femme et elle lui demanda de lui jeter son manteau afin de couvrir sa nudité.

Sur les instances du Moine, ravi d’avoir enfin rencontré un être théophore qui avait atteint la perfection de la vie monastique, la Sainte lui raconta avec larmes sa vie et sa conversion. Puis, ayant achevé son récit, elle le pria de se rendre l’année suivante, le Grand Jeudi, avec la Sainte Communion sur les bords du Jourdain. 

L’Archimandrite CHRYSOSTOME Higoumène de St Gérasime du Jourdain (à droite) offre une grande icône de Ste Marie l’Égyptienne vénérée au Monastère St Gény de Lectoure

Le jour venu, Zosime vit Marie apparaître sur l’autre rive du fleuve. Elle fit un signe de Croix et traversa le Jourdain en marchant sur les eaux. Ayant communié avec larmes, elle dit : « Maintenant, ô Maître, Tu peux laisser aller en paix Ta servante, selon Ta parole, car mes yeux ont vu Ton salut. » (cf. Luc 2, 29). Puis elle congédia Zosime, lui donnant rendez-vous l’année suivante à l’endroit de leur première rencontre.

Lorsque l’année fut écoulée, Zosime trouva à l’endroit convenu le corps de la Sainte étendu à terre, les bras croisés et le visage tourné vers l’orient. Son émotion et ses larmes ne lui permirent pas de découvrir tout de suite une inscription tracée sur le sol des mains de la Sainte, qui disait : « Abba Zosime, enterre à cet endroit le corps de l’humble Marie, rends à la poussière ce qui est à la poussière, après avoir prié pour moi. Je suis décédée le ler du mois d’avril, la nuit même de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, après avoir participé à l’Eucharistie. »

Consolé de son chagrin en apprenant le nom de la Sainte, Zosime fut étonné de constater qu’elle avait franchi en quelques heures une distance de plus de vingt jours de marche. Après avoir vainement essayé de creuser le sol avec un morceau de bois, il vit tout à coup un lion s’approcher du corps de Marie et lui lécher les pieds. Sur l’ordre du vieillard, la bête creusa de ses griffes une fosse où Zosime déposa avec dévotion le corps de la Sainte.

De retour au monastère, il raconta les merveilles que Dieu accomplit en faveur de ceux qui se détournent du péché pour revenir vers Lui de tout leur cœur. De pécheresse invétérée qu’elle était, Sainte Marie est devenue pour quantité d’âmes accablées sous le poids du péché, une source d’espérance et un modèle de conversion. C’est pourquoi les Saints Pères ont placé la célébration de sa mémoire à la fin du Carême, comme un encouragement adressé à tous ceux qui ont négligé leur salut, proclamant que jusqu’à la dernière heure le repentir peut les ramener vers Dieu.

1 Cette icône est actuellement vénérée au Mont Athos, dans la grotte de S. Athanase, perchée sur un rocher à pic au-dessus de la mer, à quelque distance de la Grande-Lavra.