NOS FRÈRES ARMÉNIENS…

Père ANTOINE, né le 7 décembre 1943 à Vienne-en-Dauphiné, pendant la nuit, dans la crypte de l’Abbatiale Saint André-le-Bas, au bord du Rhône, à 25 km au sud de Lyon, suite à des bombardements incessants. Dès la fin de cet épisode dangereux ses parents le transportèrent sur la colline de Pipet où domine un Sanctuaire à Notre-Dame où dans la chapelle il fut confié à Notre-Dame de La Salette.

       Élève d’écoles chrétiennes il prit l’Habit religieux, à 18 ans, en Italie, des Frères des Écoles Chrétiennes, et en 62 ans il ne quitta jamais l’habit religieux , un dignitaire de l’État français l’ayant dispensé du service militaire à cause de la guerre d’Algérie, jusqu’à ce jour même lors de multiples  pèlerinages qu’il organisait avec des dizaines de fidèles et parfois plus de cent, en Terre Sainte à plusieurs reprises, en Égypte, au Sinaï, en Grèce, en Roumanie, et même en Californie lors de la Canonisation de Saint Jean Maximovitch, dont il baisa la main non décomposée.

     Dans sa ville natale il fréquenta beaucoup de jeunes Arméniens dont les parents travaillaient péniblement, souvent cordonniers, mais aussi les femmes dans les vêtements,

mais surtout des sandales inusables en cuir dur dont ils étaient les spécialistes. Près du Théâtre romain existait une petite chapelle qui abritait une communauté nombreuse et un prêtre arménien très fervent.

     Nous présentons en suivant deux textes, sur les persécutions dont ils sont toujours  les victimes en beaucoup de lieux, mais qui sont restés fidèles à la Foi en Christ, même si la Langue est difficile à comprendre et le Rituel d’une grande profondeur spirituelle.

     Prions pour ces croyants qui comptèrent beaucoup de martyrs, même de nos jours, persécutés pour des raisons inacceptables.

     Un de nos amis publie chaque jour des chroniques dont vous en trouverez deux à la suite de cette présentation :

“La pensée de Pascal”

La lettre de Pascal Portoukalian

Je te le disais il y a quelques jours que la situation des Arméniens d’Artsakh était dramatique.

 

Ce territoire couvert d’églises et de monastères, qui n’a jamais cessé d’être peuplé d’Arméniens depuis 2500 ans, s’est fait littéralement siphonner toute sa population en quelques jours.

 

On estimait à 120.000 personnes la population de l’Artsakh.

 

Entre le 21 et le 30 septembre, plus de 100.000 d’entre elles ont été enregistrées comme ayant traversé la frontière.

 

Il n’en reste plus qu’une poignée, que des navettes spéciales s’emploient à essayer de rassembler pour les sauver d’exactions certaines.

 

Madame l’Ambassadrice d’Azerbaïdjan en France annonçait avant-hier qu’ils ont tous choisi librement de quitter le Haut-Karabagh…

 

Je tiens de source sûre des témoignages d’exactions de type génocidaire qui ont eu lieu ces derniers jours, notamment l’attaque meurtrière d’un jardin d’enfants et d’un orphelinat, dont je ne souhaite pas développer les détails des actions commises tant elles sont abjectes.

 

Ces dizaines de milliers de réfugiés sont arrivés en Arménie avec une valise.

 

Beaucoup ont été logés dans leurs familles.

 

Avec Karine et les enfants, nous avons ouvert aussi notre maison, et avons hébergé une famille de six personnes, dont un bébé de 8 mois né en plein blocus. Ils sont finalement partis lundi soir après seulement 3 jours chez nous, ayant pu trouver un appartement à louer.

 

Nous avons pu fêter dimanche l’anniversaire de l’une de leurs filles. J’ai eu la mauvaise idée de lui demander ce qu’elle souhaiterait pour cette année. Elle m’a répondu “Rentrer à la maison”. Evidemment…

 

Mais c’est fini. Pas de billet retour possible.

 

Pendant leur court séjour sous notre toit, ils ont perdu l’un de leurs meilleurs amis, mort brûlé dans l’explosion le 23 septembre d’un dépôt de carburant pendant que des centaines d’hommes remplissaient leurs réservoirs pour quitter l’Artsakh. Le bilan approche des 200 morts, mais presque personne n’en a entendu parler.

 

Un parfum de mort rôde tout autour…

 

Nous attendons d’un jour à l’autre la prochaine famille que nous allons accueillir, possiblement une famille de 4 femmes : l’arrière-grand-mère, la grand-mère, la mère et la fille (bébé). Je ne me pose pas la question de savoir où sont les hommes. Je sais déjà qu’ils ne sont plus.

 

Autour de nous, des travailleurs humanitaires sont à l’œuvre et soutiennent ici une famille, là une veuve de guerre, ou un grand-père un peu perdu.

 

Nous mettons nos ressources à disposition pour adoucir leur peine et les aider à rebâtir une nouvelle vie.

 

Si tu souhaites faire un don et que tu as l’habitude de donner à l’une ou l’autre association en laquelle tu as confiance (Espoir pour l’Arménie, Solidarité Protestante France-Arménie, SOS Chrétiens d’Orient, …), passe par elle.

 

Si ce n’est pas le cas, j’ai mis en place une cagnotte Leetchi.

 

Je collecterai moi-même les dons et les répartirai selon les besoins identifiés, autour de moi : 

  • soit directement auprès des bénéficiaires,

  • soit auprès de personnes de confiance, que je connais, et qui aident aussi des réfugiés.

Ces dons ne donnent pas lieu à reçu fiscal et ne sont donc pas déductibles des impôts.

 

De la part de tous les réfugiés qui pourront être secourus, je te dis d’avance merci du fond du cœur.

 

AOK

Pascal


Objet : Mon amitié pour Israël s’est effondrée

 

Jusqu’à il y a peu, je me déclarais volontiers ami d’Israël.

 

En tant que chrétien, peut-il en être autrement ?

 

Israël est en quelque sorte notre maison-mère. J’ai visité la Terre Sainte, me suis recueilli devant le Mur des Lamentations, suis entré dans le tombeau supposé de Jésus et me suis assis sous l’olivier de Gethsémané. J’ai gravi la montagne de Masada, et me suis retrouvé dans la grotte où David laissa la vie sauve à Saül. Je me suis baigné dans la Mer Morte et ai marché dans les montagnes de Qumran. Oui, en tant que chrétiens, on se sent en Israël comme à la maison.

 

Depuis trois semaines, mon amitié pour Israël s’est effondrée, comme elle s’était déjà effondrée lors de la guerre de 2020.

 

Je sais que c’est extrêmement incorrect d’écrire cela en tant que chrétien animant une newsletter chrétienne. Mais comme je veux être transparent avec toi, je m’en explique.

 

C’est Israël qui a fourni à l’Azerbaïdjan une grande partie de l’armement qui a anéanti les populations arméniennes du Haut-Karabagh. Certains chars azéris violaient les terres arméniennes en faisant flotter au vent un drapeau israélien. Sur les réseaux sociaux, les commentaires haineux de ceux qui jouissaient d’avoir “chassé les Arméniens comme des chiens” (reprenant ainsi les propos du dictateur azéri Ilham Aliyev), arboraient côte à côte les trois drapeaux turc, azéri et israélien !

 

Une alliance contre-nature, dans laquelle l’État hébreu a pactisé avec le diable.

 

Que ce soit culturellement, historiquement ou spirituellement, Israël a pourtant tellement plus en commun avec l’Arménie qu’avec l’Azerbaïdjan !

 

Il y a quelques jours, le 4 octobre, je disais à une de mes amies qui se trouvait alors en Israël, combien j’étais triste et inquiet pour Israël, abasourdi par ce mariage innommable. Je concluais ainsi mon message : “le fait qu’Israël tombe sur l’Arménie par Azerbaïdjan interposée est politiquement et spirituellement une catastrophe pour Israël”.

 

J’en étais convaincu, le choix de s’allier avec un état terroriste désireux d’éradiquer l’une des plus anciennes populations chrétiennes de son berceau historique ne pouvait pas attirer la bénédiction sur elle.

 

Quel gâchis ! Mon cœur était déchiré !

 

Aujourd’hui, avec ces attaques terrifiantes du Hamas sur Israël, ma compassion rejoint à nouveau Israël, aux côtés de laquelle je pleure ses enfants brutalement assassinés.

 

Je ne veux pas faire d’angélisme.

 

Nous serons toujours déçus par les choix des humains.

 

Y compris par ceux qui dirigent les États auxquels nos cœurs sont les plus attachés.

 

Notre consolation et notre espérance, c’est de savoir que notre refuge est ailleurs, car nous sommes citoyens d’un royaume qui n’est pas de ce monde.

 

C’est le jeu de l’ennemi de semer le trouble. La Turquie, hier encore alliée d’Israël dans le soutien à l’Azerbaïdjan écrasant l’Arménie, ne manifeste aujourd’hui plus guère d’affection envers l’État hébreu (c’est le moins qu’on puisse dire).

 

Qui peut voir clair dans ce jeu ?

 

En ces temps troublés, où les visions se troublent, et où les choix politiques causent du trouble, je prie que Dieu bénisse Israël et l’Arménie, qu’Il inspire ses dirigeants dans des directions sages, et qu’Il amène chacun dans la sécurité et la paix de Sa présence.

 

Si tu le peux, merci de prendre un moment de prière pour ces deux États, leurs dirigeants, leurs populations meurtries, et la paix dans le cœur de leurs opposants.

 

AOK

Pascal

Facebook : La Pensée de Pascal