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Interview du patriarche de Serbie Irénée au quotidien belgradois « Politika » sur le Kosovo, l’autocéphalie ukrainienne et d’autres sujets

Interview du patriarche de Serbie Irénée au quotidien belgradois « Politika » sur le Kosovo, l’autocéphalie ukrainienne et d’autres sujets
Interview du patriarche de Serbie Irénée au quotidien belgradois « Politika » sur le Kosovo, l’autocéphalie ukrainienne et d’autres sujets.

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Le 27 janvier, alors que l’Église orthodoxe serbe commémore la mémoire de saint Sava de Serbie, le patriarche Irénée a donné l’interview suivante au quotidien belgradois « Politika », dans laquelle il aborde les questions du Kosovo, de la position de l’Église serbe à l’égard de l’autocéphalie ukrainienne et du Patriarcat de Constantinople, des relations avec les catholiques-romains et de la place que doit occuper l’Église dans la société.

– Comment le grand jubilé de l’Église orthodoxe serbe [800ème anniversaire de son autocéphalie, ndt] sera-t-il commémoré : connaît-on déjà qui, parmi les patriarches orthodoxes, sera présent à la commémoration centrale au début du mois d’octobre ?

– L’importance et le caractère du jubilé conditionnent aussi le mode de sa commémoration. En premier lieu, les huit siècles depuis l’octroi de l’autocéphalie à l’Église serbe seront célébrés de façon chrétienne et dans la prière. En recevant le titre d’archevêque de toute la terre de Serbie et du Littoral, saint Sava a commencé son ministère archipastoral dans la maison du Sauveur, au monastère de Ziča. Dans ce saint lieu qui est notre premier siège ecclésial, les hiérarques serbes, notre sainte assemblée épiscopale, au début du mois d’octobre, se réuniront autour de l’autel de Dieu, afin que ce grand anniversaire soit fêté par la Serbie terrestre et la Serbie céleste, avec à leur tête saint Sava et tous les saints de notre peuple. Nous célébrerons l’office divin ensuite au Patriarcat de Peć, notre siège ancien et historique. Les commémorations ont déjà commencé à notre Faculté de théologie qui, le mois passé, a organisé un symposium scientifique international dédié à l’indépendance et à la contribution huit fois centenaire de l’Église orthodoxe serbe à l’histoire, la théologie et à la culture du peuple serbe. De nombreuses expositions, concerts, séances solennelles, tant dans la capitale que dans les diocèses de l’Église orthodoxe serbe dans le pays et dans la diaspora, sont prévus. Je profite de cette occasion adresser mes vœux à tout le monde serbe à l’occasion de ce merveilleux et grand jubilé, que tout Serbe et toute Serbe doit ressentir comme une fête.

– L’une des questions les plus sérieuses auxquelles est confronté notre État, mais également l’Église orthodoxe serbe, est la question du Kosovo et de la Métochie. La sainte assemblée des évêques de l’Église orthodoxe serbe, au début du mois de novembre, a réitéré la position selon laquelle, quel qu’en soit le prix, on ne peut mettre en question la pleine souveraineté et l’intégrité de la Serbie au Kosovo et en Métochie. Entre-temps, des problèmes se sont produits avec l’introduction d’une taxe de 100% sur les produits serbes [vendus au Kosovo, ndt], la déclaration de suppression de la frontière entre l’Albanie et le Kosovo et Métochie. Comment considérez-vous ces toutes récentes pressions sur notre peuple et notre État qui, indubitablement, se renforcent ?

– Le renforcement de ces pressions extérieures doit mener vers une unité plus forte du peuple et de l’État dans la défense des droits souverains et l’intégrité étatique. Cette unité ne devrait pas être détruite par des conflits internes. Les problèmes sociaux et le mécontentement, qui existent dans certaines couches de la société, ne doivent pas déchirer l’âme nationale, en tenant particulièrement compte de la création simultanée d’une armée albanaise, et des empêchements qui sont créés à l’approvisionnement aux institutions serbes, hôpitaux, écoles et autres au Kosovo et en Métochie. J’ai suivi avec grande préoccupation les récentes manifestations dans les rues de Banja Luka. Ceux qui ne souhaitent pas de bien à la République serbe de Bosnie et au peuple serbe, en étaient satisfaits. Je ne vois pas qu’il y ait une utilité pour le peuple dans les incitations à de telles protestations à Belgrade et dans toute la Serbie. Peut-être veut-on le voir ou non, mais tous ces processus sont liés. L’État et les organes de l’État, particulièrement ceux qui par leur haut niveau d’instruction et de connaissances doivent être un modèle pour tous, ont une obligation de s’engager plus dans la création d’une atmosphère démocratique, la paix et la coopération dans la société, pour résoudre les problèmes de toutes les couches de la population. De la même façon que la République serbe de Bosnie a été établie avec les garanties des puissances mondiales, je prie Dieu et j’espère que l’heure viendra lorsque les dirigeants de ces États accepteront le fait que le peuple serbe ne renoncera jamais au Kosovo et à la Métochie, son propre pays, et qu’avec la Russie, notre alliée et protectrice, les dirigeants de notre État et les représentants des Albanais se mettront d’accord sur une solution qui permettra aux deux peuples de continuer à vivre en paix.

– Quels rapports vous parviennent-ils du Kosovo et de la Métochie, de notre clergé et de nos moines, du diocèse de Ras-Prizren ? Quelle est leur vie quotidienne et leur lutte pour préserver nos lieux saints ?

– Chaque fois que je le peux, je séjourne au Kosovo et en Métochie, car le siège de l’Église orthodoxe se trouve au Patriarcat de Peć, et ce monastère est stavropégique, sous la compétence directe du patriarche. J’y entends et vois ce qui se passe avec nos gens, au nord et au sud du fleuve Ibar. La majorité de notre peuple dans les autres parties de la Serbie, comme partout dans le monde où il vit librement, comprend difficilement que dans le peuple et le clergé au Kosovo existe constamment une inquiétude pour le lendemain, pour la sécurité des enfants, des maisons, des lieux saints… Le peuple qui vit là-bas, s’est malheureusement accoutumé à tout cela, car il en est ainsi au Kosovo et en Métochie depuis l’esclavage du temps de la domination ottomane, qui engageait des tribus montagnardes pour assassiner les chrétiens asservis. La tyrannie a continué durant les deux guerres mondiales. Les problèmes ont été dissimulés pendant la domination d’un demi-siècle des communistes yougoslaves. En témoigne le vaste livre du patriarche Paul, de bienheureuse mémoire, sous le titre « Rapports du Kosovo et Métochie crucifié », chronique de la violence continuelle et de la persécution des Serbes au temps de la Yougoslavie titiste. Mais la responsabilité est nôtre, serbe. Nous nous sommes éloignés de Dieu, de l’Église, de la serbité. Nous nous sommes éloignés de nous-mêmes. Pour nous tous, c’était le cas, et il l’est encore aujourd’hui, tout nous était plus important que la serbité et l’orthodoxie. Dieu laisse toujours l’occasion et nous appelle de différentes façons à nous repentir et nous corriger : que nous soyons les seuls à défendre notre peuple et ses lieux saints au Kosovo et en Métochie. Le plus important est que nous ne soyons pas pusillanimes, que nous ne rendions pas à l’avance. En fin de compte, c’est le Seigneur Dieu qui est le maître de l’histoire. Soyons fidèles à Dieu et à l’Église, à saint Sava, au saint tsar Lazare, et Dieu ne nous oubliera pas, ni nous, ni notre Kosovo, ni notre Métochie !

– Le récent octroi du tomos d’autocéphalie à l’Église orthodoxe nouvellement constituée en Ukraine, signé par le patriarche œcuménique Bartholomée, est une grande épreuve pour le monde orthodoxe. L’Église orthodoxe serbe, à nombre de reprises, a déclaré que les décisions prises [par Constantinople] au sujet « de la question ukrainienne » constituent une violation de l’ordre canonique. À quel point le danger est-il réel que la question des structures ecclésiales non-canoniques et non-reconnues, avant tout en Macédoine, et peut-être au Monténégro, soient résolues de la même façon  et quelle est la position de l’Église orthodoxe de Serbie à l’égard de ces structures dans les deux États voisins ?

– Vous avez justement remarqué que notre Église a réagi en temps utile et a mentionné la violation des saints canons. Je ressens le devoir de répéter que nous ne sommes ni contre les Grecs, ni contre les Russes, ni pour les Grecs, ni pour les Russes. L’Église serbe se prononce exclusivement pour le respect des saints canons et de l’ordre séculaire établi par ceux-ci, ce qui signifie simplement que nous sommes pour les uns et pour les autres. Il est également évident que nous sommes pour les Russes et l’Église orthodoxe russe, nos frères et sœurs par le sang, qui nous aident depuis des siècles dans des circonstances difficiles. Mais, de même, nous sommes pour notre Église-mère, le Patriarcat de Constantinople qui nous a donné l’indépendance depuis huit siècles. Depuis lors, comme les autres Églises autocéphales, y compris celle de Constantinople, nous sommes égaux en droits. Le patriarche de notre Église-mère est le premier parmi les égaux. L’Église serbe, et je pense que les autres Églises orthodoxes aussi, n’accepteront pas une sorte de pape orthodoxe. Si elles le faisaient, elles cesseraient d’être orthodoxes. L’Église serbe n’accepte pas, ni n’acceptera la légalisation du schisme en Ukraine comme une situation légale, et elle ne l’acceptera pas sur son territoire canonique dans la mesure où de telles ambitions s’y manifestent. Ce que Constantinople a fait à Kiev, la mère des villes russes, est un acte nul. L’Ukraine a son Église canonique, qui a son primat légal, le métropolite Onuphre. Nous n’en connaissons pas d’autres, ni n’en connaîtrons. On sait au Phanar que l’Église autonome de l’archevêché d’Ohrid se trouve sous l’égide de l’Église orthodoxe serbe et a pour primat l’archevêque Jean. Du point de vue des canons, de la possibilité de salut des fidèles, de l’accomplissement des saints mystères, il n’y a aucun problème pour personne. Que l’on se considère Serbe, Macédonien, Macédonien du nord, Bulgare, Rom, Grec, c’est la même chose. Tous peuvent s’approcher du calice du salut. Aussi, je ne vois pas qu’il existe quelque excuse à l’intrusion sur le territoire canonique de l’Église serbe. Ce serait une sorte de version pseudo-spirituelle de l’opération de l’OTAN « Ange miséricordieux » [c’est le nom opératif que l’OTAN avait donné à ses bombardements de la Serbie, ndt]. Au Monténégro, tout est clair. Il s’agit d’un autre État, ce qui ne constitue pas un problème pour nous. Mais tous les fidèles orthodoxes dans ce pays appartiennent à l’Église orthodoxe serbe et, à l’exception d’un certain nombre de Russes qui développent les affaires au Monténégro et promeuvent ainsi l’État, presque tous sont serbes. Qui aurait quelque chose à demander là-bas ?

– Quelles sont les relations avec les autres Églises chrétiennes, avant tout l’Église catholique-romaine et le Vatican ? À quel point la diplomatie ecclésiastique peut-elle aider à la prise de conscience parmi les États européens de l’importance du Kosovo et de la Métochie pour notre Église et notre peuple ?

– Les relations avec l’Église catholique-romaine se déroulent à différents niveaux. Au niveau des paroisses, des villes et villages, je pense particulièrement à la région de Bačka et du Banat, où nos frères catholiques-romains sont plus nombreux, nous nous efforçons que rien ne leur fasse défaut dans la vie ecclésiastique et aussi sociale. Qu’ils n’éprouvent aucune gêne en quoi que ce soit, qu’ils perçoivent la Serbie comme leur propre pays. C’est la position de nos évêques dans ces diocèses, de nos prêtres, et telle est la position de notre État. Nous nous efforçons de corriger ce en quoi, dans ce domaine, nous n’avons pas réussi, et en quoi nos concitoyens catholiques-romains ne se sentent pas à l’aise. Personnellement, je serais très heureux si la direction de l’Église catholique-romaine en Croatie et en Bosnie-Herzégovine avait une telle attitude. Il y a des signes encourageants en Croatie, où il y a de nouveaux courants, et la situation s’améliore. Nos gens se découragent parfois, alors que différentes agitations pro-oustachies, la falsification de l’histoire, notamment des souffrances à Jasenovac et autres, ont lieu sur les espaces de l’Église catholique-romaine à Zagreb et d’autres endroits. Mais notre Église en République de Croatie, ses jeunes évêques et prêtres, prie pour le bien et œuvre pour le bien de tous et que tout s’améliore pour tous. Je prie Dieu pour que leurs prières et leur œuvre, de même que les prières des frères catholiques-romains, apportent le bien à tous dans cet État. Les relations de l’Église orthodoxe serbe avec le Vatican et le Saint-Siège ont été renforcées par le dialogue qui se déroule à nombre de niveaux : par les rencontres, les discussions et l’échanges d’opinion des organismes synodaux avec les secrétaires d’État et les officiels du Vatican, par la participation des représentants de l’Église serbe dans la commission mixte pour le dialogue entre les deux Églises : au niveau académique par la coopération de la Faculté de théologie avec l’université du Latran, par la recherche scientifique et la coopération de la bibliothèque patriarcale avec les archives du Vatican. En général, il y a des choses sur lesquelles nous sommes d’accord, mais il y en a d’autres pour lesquelles ce n’est pas le cas. Personnellement, j’estime beaucoup la décision du pape François de rejeter l’uniatisme, et particulièrement son approche de la question du rôle du cardinal Stepinac, ce en quoi je lui suis personnellement reconnaissant. Nous devons apprécier aussi la position du Vatican, qui n’a pas reconnu le pseudo-État du Kosovo.

– Comment voyez-vous la place et le rôle de l’Église orthodoxe serbe dans la société serbe actuelle ? Où a-t-elle apporté une contribution significative à la société et où pourrait-elle renforcer son rôle ?

– À une telle question importante et complexe, la réponse pourrait être élargie à toute notre discussion d’aujourd’hui. Aussi, je m’efforcerai de répondre par quelques brefs exemples, comment, du point de vue du patriarche serbe, doit être la place de l’Église dans la société. C’est avec cette idée que j’ai commencé la discussion de ce jour avec vous, en disant que « Politika » avec ses collaborateurs baptisés  est une partie de l’héritage spirituel et culturel de saint Sava, ce qui signifie une partie de l’Église. Ou bien, il y a un certain temps, un journaliste de Zagreb, catholique-romain, sincère et je dirais un homme honnête, m’a demandé : « pourquoi dans les institutions et entreprises procède-t-on à la cérémonie de la ‘slava’ (fête patronale de la famille ou d’une institution, ndt), n’est-ce pas un abus ? ». Je lui ai répondu que l’homme constitue une seule personne et qu’il n’est pas seulement chrétien à l’église et à la maison, l’après-midi, mais il est un chrétien qui vit et agit ainsi toujours et partout. Et les Serbes, même lorsqu’ils n’apprenaient pas le catéchisme, ont célébré leur ‘slava’ et ont ainsi implanté l’essence de la foi dans leur cœur, à savoir que le Christ est toujours entre nous et avec nous. C’est ainsi qu’ils célèbrent leur saint protecteur, tant à la maison, que dans l’entreprise, l’armée, l’école. Aussi, le Christ est toujours avec nous, avec les Serbes orthodoxes. C’est pourquoi nous avons survécu, parce que le Christ est avec nous et nous avec Lui. Ou encore, nous sommes habitués à ce que l’on dise dans les médias : l’Église orthodoxe serbe et ses fidèles, en pensant que l’Église est les évêques, les moines et les prêtres, tandis que les fidèles sont quelque chose d’autre. Non, nous sommes tous l’Église orthodoxe. Les évêques, les prêtres, le peuple, nous sommes tous l’Église. Et lorsque nous mentionnons, comme aujourd’hui, que les intérêts personnels ou ceux de groupes minoritaires ne doivent pas être placés avant les intérêts de l’État ou du Kosovo et de la Métochie, nous nous adressons à nos enfants fidèles. De même que, lorsque nous demandons aux responsables d’empêcher l’empoisonnement du peuple par les saletés et la pornographie dans les médias, nous le disons aux enfants de notre Église et nous pensons qu’ils doivent s’en préoccuper en tant que personnes responsables, chrétiens et parents. Et autres choses semblables… Cela signifie que nous sommes l’Église du Christ, nous qui prions aujourd’hui, tavaillons, aimons, éduquons, sauvons, ensemble avec nos ancêtres, depuis saint Sava le Némanide, et même avant lui. Et nous sommes toujours une partie de l’Église, non pas seulement dans l’édifice cultuel, mais au travail, dans la rue, l’école, même au café, il faut que nous agissions toujours comme des chrétiens, de fidèles enfants de saint Sava. En ce nom, je souhaite à tous une bonne fête, en souhaitant qu’en cette année jubilaire, nous soyons tous instruits par l’œuvre du premier archevêque serbe.

Source (dont photographie) : Politika

Source: Orthodoxie.com

Le père Michel reçoit la flamme de Bethléem à Pau

Le père Michel, recteur de la paroisse de Tarbes a reçu la lumière de Bethléem pour la paroisse de Tarbes et la Basilique Saint Gény de Lectoure où celle-ci était présente lors de la Liturgie de la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ.

C’est dans l’église Sainte-Thérèse comble que les jeunes des mouvements scouts du Béarn se sont réunis le dimanche 16 décembre  2018 pour accueillir la Lumière de Bethléem.
Quatre jeunes étaient partis à Paris dès le samedi pour chercher cette lumière, allumée dans la grotte de la Nativité à Bethléem, puis ramenée de mains scoutes en mains scoutes jusqu’à Vienne puis Paris et diffusée partout en Europe en signe de paix et de fraternité.

Près de 180 jeunes des trois mouvements scouts ont vécu, dans les locaux prêtés par le collège Sainte-Ursule, une belle journée de jeux et de rencontres : dix témoins – prêtres, religieux, mais aussi visiteurs d’hôpital ou de prisons, bénévoles impliqués auprès des migrants ou des personnes porteuses d’un handicap – ont évoqué pour eux leur expérience de “la Parole, lumière sur notre chemin”.

 

Extrait du discours du Père Michel de l’Église Orthodoxe Serbe de Tarbes:

… Cérémonie où nous allons faire la Lumière de la Nativité, Lumière qui est née il y a plus de 2000 ans et qui ne cesse d’éclairer le monde, Lumière qui illumine les âmes sans distinction, comme le disait l’apôtre Matthieu…
Je vais continuer en apportant une vision orthodoxe sur la Parole divine, dans ce texte je prononce plusieurs fois le mot orthodoxe, cela n’a pas pour but de diviser mais de distinguer. Je ne doute pas que nous partageons la même vision, mais je suis là comme représentant de mon Église.

La Parole de Dieu est la source de la tradition et la tradition est la source de notre mission. Les Orthodoxes transmettent de génération en génération, sans altération, ajout ou soustraction, la Parole divine. La liturgie est le point central de la vie du chrétien orthodoxe et la Parole divine est le point central de la liturgie. Lors de la naissance du Saint Esprit sur les saints monts, l’Évangile n’a pas quitté l’autel, il est là, devant les monts sanctifiés, tout proches, témoin actif de la bénédiction. La Parole divine est indissociable de la Nourriture céleste et de la Communion, la Sainte Trinité ; la Parole divine représentant Dieu le Père, la Nourriture céleste le Saint Esprit et la Communion le Christ, qui à travers nous s’affirme en Dieu-homme.
Dieu a dit : « Voici venir des jours où je répandrais la famine dans le pays, on aura faim et soif », non pas de pain et d’eau mais faim et soif d’entendre les Paroles de l’Éternel. Nous qui sommes loués de nous nourrir de la Parole divine, invitons notre prochain au festin, soyons dans nos actes le reflet du Christ qui irradie à travers nous, car la famine a commencé.

 

In Memoriam, Nicolas le Jardinier

NICOLAS le JARDINIER nous a quitté…

Tel était le pseudonyme bien connu de notre ami Raymond MONDET. Né en 1928, celui-ci qui se disait avant tout jardinier fut aussi un journaliste, animateur de télévision et de radio, chroniqueur. Rédacteur en chef pendant 25 ans du magazine « Rustica » devint à partir des années 1980 le célèbre jardinier du paysage audiovisuel français. Il collabora ainsi avec les chaînes de télévision TF1 et La Cinq, ainsi qu’avec la radio Europe 1. Séduit par la démarche culturelle du Cercle Renaissance dans la ligne d’un Gustave Thibon ou d’un Henri Vincenot, Nicolas le Jardinier lui apporta son adhésion, comme le Père Antoine, et participa à ses activités. En 2000, le Prix Renaissance des Arts lui fut remis par Amaury d’Esneval en reconnaissance de sa contribution à la beauté des jardins français. Dans sa résidence familiale de Romainville, au milieu de ses jardins potagers, lui fut remise la cravate de commandeur de l’ordre national du Mérite.

Nicolas était un vrai paysan, au sens noble du terme, celui qui aime et cultive son pays.

Ami de notre Père Antoine, il visita la Basilique St Gény de Lectoure et participa à des cérémonies, liturgie et procession dans le parc du Monastère.

Le 2 octobre 2004, l’artiste de renommée internationale, l’orthodoxe bulgare Mad-Jarova, grande amie de notre Fraternité, reçut le « Prix des Arts du Cercle Renaissance » au château de la Chapelle d’Angillon. Notre père Abbé était donc présent à cette manifestation accompagné du père Guilhèm et de Danielle Vitu, présidente de la Paroisse Sts Martial et Eutrope de Bordeaux, également de Nicolas le Jardinier. Les 150 invités étaient accueillis par le Comte Jean d’Ogny et son épouse d’origine orthodoxe d’Albanie, propriétaires de cette grande demeure historique. Le Fondateur du Cercle, Michel de Rostolan, ancien député et conseiller régional d’Ile-deFrance présidait cette journée. Monsieur Jean-Jacques Boucher présenta la nouvelle Lauréate tandis que S.A.R. le Prince Charles-Emmanuel de Bourbon de Parme remettait la distinction et le diplôme. Mad-Jarova remercia avec un discours de haute élévation spirituelle.

À Lectoure

Basilique Saint Gény
Monastère Saints Clair et Maurin

 

De gauche à droite: Michel de Rostolan, Mad Jarova, l’archimandrite Antoine, Nicolas le jardinier, le Prince Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme et Jean-Jacques Boucher
Nicolas le jardinier et Danielle Vitu présidente de la paroisse de Bordeaux

 

Nos jardiniers de la Garonne

Lino
Ismène

Le président Poutine s’est rendu à la cathédrale Saint-Sava de Belgrade

Le président Poutine s’est rendu à la cathédrale Saint-Sava de Belgrade
Le président Poutine s’est rendu à la cathédrale Saint-Sava de Belgrade

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En visite officielle à Belgrade le 17 janvier, le président Poutine s’est rendu à la cathédrale Saint-Sava avec le président serbe Vučić. Accueilli à la cathédrale par le patriarche de Serbie Irénée et l’évêque-vicaire Stefan de Remezja, en présence des membres du Saint-Synode, le président russe a d’abord visité la crypte, où les travaux sont achevés. Les deux présidents ont vénéré l’icône du Christ et allumé un cierge. Ils sont ensuite montés au rez-de-chaussée, où les mosaïques continuent à être installées. Celles-ci sont réalisées sous la direction de l’académicien et iconographe russe Nikolaï Moukhine, qui a exposé les travaux en cours aux deux présidents, qui ont assemblé quelques carrés sur la mosaïque du Christ. Selon les estimations de la police, 120’000 personnes étaient massées à l’extérieur de la cathédrale pour accueillir le président russe. On peut visionner ci-dessous la visite des deux présidents.

Source

Source: Orthodoxie.com

Liturgie de la Nativité à Belgrade (vidéo)

Liturgie de la Nativité à Belgrade

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  La Liturgie de la Nativité a été célébrée dans la crypte de la cathédrale Saint-Sava à Belgrade par le patriarche de Serbie Irénée. Étaient présents S.A.R. Alexandre Karageorgévitch, prince héritier de Serbie, son épouse la princesse Katarina, le premier vice-président du gouvernement et ministre des affaires étrangères Ivica Dačić, le directeur du bureau pour la coopération avec les Églises et les communautés religieuses Marko Nikolić, le nonce apostolique Luciano Suriani, l’archevêque catholique-romain de Belgrade Stanislav Hočevar, les représentants des Églises traditionnelles et des communautés religieuses, ainsi que des membres du corps diplomatique.

Source: Orthodoxie.com

Fête de la Nativité de Notre Seigneur Jésus Christ, 2018

NATIVITÉ DE L’EMMANUEL  2018

« Les bergers se disaient les uns aux autres : Allons à Bethléem, et voyons la  chose qui est arrivée et que le Seigneur nous a fait connaître »

     Mes Bien Chers Frères et Sœur en Christ,

Ô nuit merveilleuse que cette nuit de Bethléem ! Nuit qui n’est obscure que pour ceux qui dorment ! Nuit ténébreuse pour l’esprit rationaliste qui veut tout comprendre ! Nuit épaisse pour ceux qui s’engluent dans les plaisirs de la vie !

Nuit lumineuse en revanche pour ceux qui ont le sens du mystère ! Nuit radieuse pour ceux qui ont la nostalgie d’une grandeur qui les dépasse et que Dieu seul peut leur offrir. Nuit éblouissante de clarté pour ceux qui, le cœur empli d’espérance, se savent aimés de Dieu, aimés infiniment ! Ô douce nuit ! Ô sainte Nuit !

Les bergers, ne sachant pas quel nom donner à la nouvelle qu’ils viennent d’apprendre par l’entremise des anges, parlent de « la chose qui vient d’arriver ». C’est bien là un langage de gens simples, de gens modestes, de gens qui n’ont pas fait d’études, un langage de bergers. La simplicité si naturelle de son récit attesterait à elle seule la fidélité du narrateur qui a reçu les confidences de la très sainte Vierge Marie.Saint Luc n’avait pas à démontrer que Dieu existe : c’était une vérité admise par tous, mais il avait à nous prouver que Dieu nous aime, que nous n’avons plus à le chercher parce qu’Il est venu jusqu’à nous ; Il est descendu du ciel. Les bergers qui viennent cette nuit lui rendre hommage ne sauront peut-être jamais que l’Enfant de Bethléem déclarera avec fierté : « Je suis le bon berger ». Ô Jésus, tu es né à Bethléem, mot qui signifie « maison du pain ». Tu es le pain vivant descendu du Ciel. Je veux m’unir à Toi en te recevant avec ferveur dans la sainte communion.

« Nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer »

   La tradition a conservé le nom de trois rois mages : Melchior, Gaspard et Balthazar . Le premier représentait la race de Sem, le second celle de Cham et la troisième celle de Japhet. En tant que descendants des fils de Noé, ils rassemblaient à eux trois le genre humain tout entier que Jésus est venu sauver. Leur expédition de l’Orient jusqu’à Bethléem révèle leur générosité. Ils découvrent une étoile mystérieuse. Le Saint Esprit, les éclairant intérieurement, leur fait comprendre qu’elle est l’annonce de la naissance du Messie et qu’elle doit leur servir de guide pour leur permettre d’aller jusqu’à lui et de l’adorer. Immédiatement, sans attendre d’autres explications, ils quittent leur maison, leur famille, leur patrie. Ils ne savent pas combien de temps va durer leur voyage, ni les obstacles qu’ils auront à surmonter. Dieu a parlé : cela suffit pour qu’ils obéissent. Imitons leur promptitude lorsque le Saint Esprit nous montre tel sacrifice à faire, tel acte de charité à accomplir, telle attache déréglée à rompre ; ne soupesons pas nos efforts, soyons généreux. Habituons-nous à saisir la grâce quand elle passe.

Suivre l’étoile était encore relativement facile pour les mages, mais continuer de chercher le Roi des Juifs alors qu’elle avait disparu, c’est là marquer d’un grand esprit de foi. Au cœur de l’épreuve, ils ne se scandalisent pas, ils ne se révoltent pas, ils ne remettent pas en doute leur foi ; ils s’inclinent en silence devant les desseins mystérieux de la Providence. Ses voies ne sont pas nos voies, se disent-ils. Aussi, redoublent-ils de générosité et de ferveur pour garder le cap qu’ils s’étaient fixé en partant. Lorsqu’à certains moments de notre vie, Dieu se cache quand nous le prions, imitons les mages. Nous aussi, manifestons la fermeté de notre foi en conservant nos convictions et en restant fidèles à nos résolutions.

En suivant les indications des docteurs de la loi, les mages ont la grâce insigne de contempler Jésus. Après l’épreuve la récompense. La foi manifestée au départ de leur expédition, et plus encore au moment de la disparition de l’étoile, trouve son couronnement, son achèvement, sa récompense à la crèche. En entrant dans l’humble étable de Bethléem, ils voient de leurs yeux l’Enfant Jésus emmailloté, entouré de sa Mère et de saint Joseph. Dépassant son enveloppe mortelle, leur foi découvre Dieu dans cet enfant, si bien qu’ils se prosternent la face contre terre et l’adorent. Ô Dieu qui, en ce jour, a révélé ton Fils unique aux nations païennes en les guidant par une étoile, fais qu’après t’avoir connu déjà par la foi, nous soyons conduits jusqu’à la contemplation face à face de ta sublime grandeur.

Nous sommes à l’aube d’une nouvelle année. Que nous réserve-t-elle ? A vue humaine, nous avons bien des raisons d’être inquiets sur le sort de notre pauvre pays et de notre pauvre monde. C’est là la conséquence de notre infidélité à Dieu. Mais Dieu est toujours près de nous pour nous attirer à lui, et nous permettre, à la suite des saints, d’avancer à pas d’amour vers le Ciel.

Les saints accomplissent parfaitement le dessein de Dieu. Afin d’y arriver, ils vivent dans le présent : à nous de les imiter. Pour Dieu, il n’y a ni passé ni futur. Par conséquent l’union à lui suppose de vivre pleinement l’instant présent. En effet, le passé ne nous appartient plus ; l’avenir ne nous appartient pas encore ; il n’y a que le moment présent qui soit entre nos mains. Cet instant, il s’agit de le saisir et de le marquer du sceau de la grâce pour rendre nos actions méritoires de la vie éternelle.

Malheureusement, trop souvent, les jeunes gens ont tendance à rêver en se projetant dans le futur, et les personnes âgées à revenir avec nostalgie sur leur passé. Ainsi, l’adolescent veut paraître adulte, et la personne âgée paraître jeune.

Bref, l’homme vit rarement dans le temps présent. C’est bien dommage ! Car beaucoup de tentations viennent par l’imagination. Le démon peut très facilement grossir à merci des évènements passés et futurs pour nous faire ressentir des désirs, de l’aversion, de la crainte, ou d’autres sentiments négatifs. L’unique remède consiste à bien vivre l’instant présent. Chaque chose en son temps : la réussite de notre vie dépend non pas de nos rêves, de notre imagination, de nos illusions, mais des vertus que nous nous efforçons d’acquérir là où le bon Dieu nous a placés.

Dans la mesure où, à l’exemple des saints bergers et rois mages, de tous les saints nous soumettons notre sensibilité à notre volonté pour vivre selon les lumières de la foi, nous nous stabilisons et nous nous fortifions.

Au milieu de ce monde déboussolé, instable et jouisseur, nous vous supplions, ô saints du Ciel, de nous accompagner tout au long de cette année, et de nous aider à rechercher avant tout le royaume de Dieu et sa justice, afin que nous puissions chanter avec vous éternellement les miséricordes du Seigneur.

Ô mon Dieu, nous te remercions du nouvel An que Tu ouvres devant nous.

Enfant divin, accorde-nous de naître à une vie nouvelle.

Amen.

CHRIST EST NÉ… EN VÉRITÉ IL EST NÉ !

MESSAGE DE NOËL 2018 du Patriarche Irénée et de l’Assemblée des évêques orthodoxes serbes

LA PAIX DE DIEU – CHRIST EST NÉ !

Et le Verbe s’est fait chair et Il a campé parmi nous, et nous avons contemplé Sa gloire, gloire qu’Il tient du Père comme Unique-Engendré, plein de grâce et de vérité (Jn 1,14)

Avec les mots le Verbe S’est fait chair, Jean, l’apôtre, évangéliste et disciple bien-aimé du Christ, exprime le grand mystère de notre piété chrétienne. Celui qui était au commencement, à partir du néant, à travers Qui tout fut et sans Qui rien ne fut, Celui qui est la Vie (Jn 1,1-3), le Logos, le Verbe, la Parole de Dieu S’est fait chair quand vint la plénitude du temps (Ga 4,4), afin de prendre tous les hommes pour fils et les élever et les accueillir auprès de Son Père, notre Père céleste, pour le salut et la vie éternelle (2 Co,18).

La naissance de notre Seigneur Jésus-Christ est un événement qui divise l’histoire humaine en deux périodes, celle qui a eu lieu avant Sa nativité et que nous comprenons comme la préparation des hommes à l’arrivée du Messie, et celle qui a suivi Sa nativité et qui est celle où nous vivons. Même ceux qui, pour des raisons très diverses, ne souhaitent pas mentionner le nom du Christ, parlent de l’ère « ancienne » et de l’ère « nouvelle », interprétant ainsi fort bien ce que l’Église du Christ annonce depuis deux mille ans, c’est-à-dire qu’avant le Christ, tout était ancien et qu’avec le Christ tout est nouveau, aussi bien l’homme que sa vie ainsi que toute l’histoire (Ap 21,5).

Pour les chrétiens, la naissance du Fils de Dieu est l’événement central, essentiel, suprême de l’histoire du monde ; sa signification fonde de manière absolue la façon de vivre des chrétiens et leur regard sur le monde. Chers enfants spirituels, ce sont ces fondements que nous voulons vous rappeler aujourd’hui, quand vous êtes rassemblés dans les saintes églises. La mise en exergue des fondements évangéliques de la foi orthodoxe n’est jamais superflue, car nous sommes tous enclins, quasi imperceptiblement, à introduire dans la foi des positions personnelles. Cela se produit tout particulièrement avec les jugements et les positions adoptés dans le monde où nous vivons ; très souvent c’est dans cette perspective que nous comprenons l’Evangile et que nous interprétons les événements de l’histoire du salut. Or pour les chrétiens, seule l’approche opposée est correcte. L’Évangile, la signification des événements de l’histoire du salut et l’expérience eucharistique de la vie dans l’Église, constituent les fondements de notre foi et c’est ainsi que nous jugeons le monde et chaque époque de l’histoire et de la civilisation. Commençons d’abord par l’action de grâces.

Celui qui ne veut pas ou n’est pas capable de rendre grâce, ne peut probablement rien comprendre à la foi chrétienne (1 Th 5,8 ; Ph 4,6). En ne rendant pas grâce, nous considérons que nous ne devons rien à personne et que tout nous appartient selon nos propres mérites. Ainsi nous ne devons rien à nos parents et ancêtres, à la société dans laquelle nous vivons, aux proches avec qui nous vivons, et le moins possible à Dieu. C’est ainsi que se manifeste notre éthique de vie fondée sur un égoïsme extrême, que nous reconnaissons d’ailleurs dans l’époque où nous vivons. Or nous sommes extrêmement redevables à nos ancêtres, à nos parents et à la société dont nous faisons partie – et tout particulièrement à Dieu. Car Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné Son Fils, l’Unique-Engendré, afin que quiconque croit en Lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle (Jn 3,16). Le Père nous a donné Son Fils, non comme une rémunération ou une récompense pour nos efforts, mais comme un don immérité de Son amour, car Il a tant aimé le monde. Une rémunération imméritée ne peut être reçue qu’avec une reconnaissance extrême parce qu’il s’agit tout simplement d’un don, qu’on reçoit avec ceux qui s’approchent aujourd’hui avec amour du petit enfant nouveau-né, le Christ, car on ne peut approcher d’un enfant autrement qu’avec amour. Un enfant ne comprend que les paroles d’amour, de même que Dieu ne parle et ne comprend que le langage de l’amour. Or le don est la confirmation et le signe de l’amour. Dieu le Père nous fait aujourd’hui le don de Son Fils, et c’est avec amour et reconnaissance que nous recevons ce don. Et ce n’est que sur la base de cette position fondamentale de notre existence de chrétiens que nous pouvons continuer à parler de certains autres aspects de la Fête d’aujourd’hui.

Le Fils de Dieu revêt la nature humaine et naît dans la grotte de Bethléem, couché dans la crèche, sans cesser d’être Dieu, tout en devenant un homme complet, le Dieu-homme. Le plus grand mystère de notre piété est que Dieu peut être présent dans l’homme (1 Tm 3,16). Du Saint-Esprit et de la Vierge Marie, naît un Dieu véritable et un homme véritable, le Dieu-homme Jésus-Christ. Depuis cet événement lointain survenu à Bethléem, tout est nouveau dans la vie humaine, tout comme cet événement fut nouveau et unique dans l’histoire (2 Co 5,17). Dieu S’est uni indissolublement à l’homme et quiconque naît du Saint-Esprit lors du baptême et de l’onction par l’huile sainte, est fils du Père, il est vrai non par nature comme le Christ, mais par la grâce et l’adoption (Ga 3,26). L’homme nouveau naît du Saint-Esprit, pour le salut et la vie éternelle. Ainsi Dieu Lui-même par Son Incarnation, puis notre foi, élève l’homme, tout homme, à la plus grande dignité possible – être la manifestation de la présence de Dieu dans le monde.

J’ai vu ta face comme on voit la face de Dieu (Gn 33,10) dit l’ancêtre Jacob à son frère Esaü. Ce témoignage d’amour fraternel est devenu possible en toute plénitude, après l’Incarnation du Fils de Dieu et entraîne les conséquences très profondes sur nos rapports envers les autres hommes, connus et inconnus, les amis et les ennemis et envers tous ceux qui entrent dans notre vie comme de tous ceux dans la vie desquels nous entrons – ce n’est qu’à travers eux et l’expression de notre amour pour eux que réside le chemin vers Dieu. Grâce à la prouesse consistant à aimer notre prochain, nous manifestons notre amour véritable et juste envers Dieu. Celui qui affirme aimer le Dieu qu’il ne voit pas, tout en haïssant le frère qu’il voit, fait un mensonge à l’égard de lui-même et de Dieu (1 Jn 4,20). Nous tous qui sommes nés de l’Esprit Saint, à l’instar du Dieu-enfant Christ, qui avons été baptisés et oints par l’huile sainte, tous les hommes jusqu’à ce jour, instruits dans le Saint-Esprit, qui est un Esprit de communauté, nous confessons que l’homme ne vit véritablement comme un homme que dans la communion d’amour. Nous sommes invités à bâtir de tels liens au sein du mariage, de la famille, de la société au sens large et certainement au sein de l’Eglise qui est par nature une communauté d’amour. C’est pourquoi l’égoïsme mentionné plus haut et l’autarcie, constituent un blasphème contre l’Esprit Saint, un mal dont il faut guérir dès qu’on a remarqué les plus petits signes de son existence.

C’est avec ces pensées sur la reconnaissance, la communauté et l’unité comme des dons du Saint-Esprit, que nous vous annonçons, chers enfants spirituels, l’année nouvelle 2019 où nous célébrerons le grand jubilé de notre Église – les huit cents ans de l’acquisition de notre autocéphalie. Selon les témoignages de Domentian et de Théodose, qui avec des mots différents expriment la même chose, la consécration de Saint Sava comme premier archevêque serbe et l’acquisition de l’autocéphalie de l’Église orthodoxe serbe ont eu lieu en 1219 à Nicée, grâce à l’amour et à la compréhension de l’empereur de Byzance Théodore 1er Lascaris et du patriarche de Constantinople de l’époque, Manuel Saranten. Il est évident que Saint Sava a assumé cette ascèse, l’acquisition de l’autocéphalie, par sollicitude envers ses proches, en surmontant tout égocentrisme et dans le désir de rapprocher les chrétiens dispersés de l’État serbe et les réunir véritablement dans la Sainte Liturgie. En d’autres termes, il a fait ce qu’il a fait afin de fournir la possibilité à nos ancêtres, comme à nous tous, de nous retrouver véritablement ensemble dans l’Évangile du Christ, dans Son Église, où tous les peuples et tous les hommes s’unissent comme enfants de Dieu afin de communier à la vie de la Sainte Trinité dans une Liturgie commune, en avant-goût du Royaume céleste. En acquérant le titre d’ «archevêque de toutes les terres serbes et du littoral», Saint Sava a commencé son service d’archevêque dans la Demeure du Salut, au monastère de Žiča, en s’efforçant selon l’expression de Domentian, de « nourrir les âmes en quête du Christ avec des homélies utiles à l’âme et des paroles spirituelles ». Imprégné du Christ et de tous les dons spirituels, « il déversait des torrents de théologie à tous ». A l’époque de saint Arsène du Srem, successeur de saint Sava, le siège de l’Église serbe fut transféré loin à l’intérieur de l’État serbe d’alors, à Peć. Voilà huit siècles que du patriarche de Peć, l’Église serbe apporte au monde la bonne nouvelle de l’Évangile de la naissance du Dieu-enfant Qui vient au monde afin de sauver grâce à Son œuvre de Rédempteur, le monde et l’humanité.

La vérité céleste et terrestre que le Seigneur a commencé par nous aimer et que nous sommes tous appelés à répondre à cet amour par une vie chrétienne, nous a été laissée en témoignage par nos saints ancêtres, qui nous ont montré que c’est dans cette histoire, dans ce monde, que se déroule le combat pour le Royaume céleste. Ils nous ont conforté dans la foi que c’est à travers l’ascèse qu’on entre dans la vie éternelle et que, si nous abordons la vie de cette façon, il n’y a pas de séparation entre Royaume céleste et royaume terrestre, car il n’existe qu’une seule histoire, une seule création divine, un seul Royaume, une seule économie de la Providence divine et de notre salut. Autrement dit, l’histoire dans laquelle nous vivons, le royaume terrestre, nous l’illuminons par le Royaume céleste, alors que tout le reste nous sera, selon les mots du Christ, donné par surcroît (Mt 6,33 ; Lc 12,31), dans ce monde et dans ce temps.

En luttant pour la justice divine et le Royaume de Dieu, et en illuminant le royaume terrestre par le Royaume céleste, nous sommes appelés à accorder une sollicitude particulière à nos frères et sœurs du Kosovo et de Métochie. Tous les jours nous entendons parler de « progrès et de développement de la société humaine » et d’une « attention particulière pour les droits de l’homme ». Or, tandis que nous-mêmes, comme les peuples qui nous entourent, avons le droit de procéder à des choix de vie différents, nos frères du Kosovo-Métochie se voient enlever même le droit fondamental d’avoir une vie digne d’un homme. C’est pourquoi nous considérons qu’un préalable essentiel pour la résolution des problèmes au Kosovo-Métochie, est la construction d’une société fondée sur le règne de la justice, dans laquelle des hommes d’origines différentes peuvent vivre en paix, avec une protection totale et le respect de chaque identité religieuse, culturelle et nationale. Parler d’une solution durable des problèmes au Kosovo-Métochie sans prendre en considération de ces préalables, équivaudrait à accepter la purification ethnique réalisée pendant la guerre et après la guerre, et à considérer les spoliations subies comme un fait accompli, donc à rejeter toutes les valeurs sur lesquelles, au moins en principe, repose l’Europe chrétienne, mais aussi le monde entier.

Nous demandons le respect de l’un des principes chrétiens fondamentaux : Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux (Mt 7,12). Tout ce que nous exigeons pour nos frères et sœurs du Kosovo-Métochie, nous sommes prêts à le fournir et nous le fournissons à tous les peuples vivant soit au Kosovo-Métochie soit dans d’autres régions de la république de Serbie. Mais pour le peuple serbe comme pour tous les autres, une telle liberté n’est pas possible dans l’état auto-proclamé et mensonger du Kosovo ! Cela est parfaitement démontré par les événements survenus ces jours derniers : la privation barbare des produits alimentaires, des médicaments et d’autres produits indispensables pour l’existence du peuple serbe, suite à l’introduction de « taxes » sinistres, de menaces incessantes, d’arrestations et de bien d’autres choses et, tout récemment, de la création d’une soi-disant armée du Kosovo dans le but de la poursuite de la terreur et de l’expulsion définitive de tous les Serbes, aussi bien de ceux vivant au sud de l’Ibar que de ceux vivant au nord de ce fleuve serbe. Nous insistons de nouveau sur le fait que pour nous, la question du Kosovo-Métochie constitue, entre autres, la question de la subsistance de notre peuple, de notre clergé, de nos moines et, tout particulièrement, de nos anciens sanctuaires, sans lesquels nous ne serions pas ce que nous sommes. Nos lieux saints ne sont pas seulement des monuments culturels et historiques, mais leur existence revêt un sens plus profond, d’abord en tant que lieux de rassemblements liturgiques de notre peuple, non seulement de celui vivant au Kosovo-Métochie mais aussi de ceux vivant dans toutes les régions de Serbie et du monde habitées par les Serbes. Dans l’espoir que la joie du Dieu-enfant nouveau-né nous aidera à trouver ensemble la voie et à sortir des dérives dont la cause est le péché (Rm 7,20), nous saluons nos frères et sœurs du Kosovo-Métochie dans leurs efforts pour survivre et rester sur cette terre serbe qui nous a été léguée, avec les paroles que le Christ adresse à Ses disciples à travers les siècles : Sois sans crainte, petit troupeau ! (Lc 12,32). Puisque tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Et telle est la victoire qui a triomphé du monde : notre foi (1 Jn 5,4).

En même temps, nous gardons l’espoir que ceux qui sont coupables pour la situation difficile de nos compatriotes seront éclairés par la lumière de la Nativité du Christ et qu’eux aussi comprendront la profondeur du péché qu’ils commettent, non seulement envers nous et nos frères et sœurs mais également envers eux-mêmes et leur descendance. Peut-être se souviendront-ils des paroles du très sage Salomon : La justice des hommes droits les libère, mais les perfides sont pris au piège par leur convoitise (Pr 11,6).

Avec notre sollicitude pastorale et responsabilité, nous invitons nos frères et sœurs de Macédoine qui sont dans le schisme à comprendre, dans l’esprit d’amour du Christ, que l’autocéphalie est exclusivement une institution ecclésiale destinée à contribuer au développement et à la consolidation de l’unité entre Églises orthodoxes locales. C’est dans ce sens que l’Église orthodoxe serbe a œuvré tout au long des huit siècles écoulés. S’il s’avérait, dans la logique de ce monde, que l’autocéphalie était comprise d’une façon différente, comme élément de la souveraineté d’un pays, symbole d’un particularisme national ou d’un séparatisme, alors elle ne contribuerait pas à l’unité et à l’édification de l’Eglise mais inciterait l’égocentrisme et l’égoïsme, devenant ainsi paradoxalement, un élément de blasphème du Saint-Esprit.

Nous adressons le même appel à ceux qui évoquent une certaine « Église du Monténégro », étant incapables de voir la très ancienne Métropole du Monténégro et du Littoral. Ils oublient que le salut n’est pas conditionné par le fait de se déclarer Serbe ou Monténégrin. Ces tentations existent aussi dans l’Ukraine, si proche et fraternelle, où des chauvinistes russophobes, conduits par des politiciens corrompus, avec « l’assistance » d’uniates et avec malheureusement le concours non-canonique du patriarcat de Constantinople, ont creusé les schismes existants et porté gravement atteinte à l’unité de l’Orthodoxie dans son ensemble. Le Christ n’est pas venu afin de sauver le seul peuple juif, bien que ce peuple eût été choisi par Dieu pour préparer tous les peuples à la venue du Messie, mais Il est venu comme Sauveur de tous les peuples, quel que soit leur nom (Rm 10,12) et quelle que soit l’époque où ils s’expriment.

La joie du salut qui nous a été offert, un cadeau dont nous devons tous être reconnaissants, nous ne pouvons l’éprouver ensemble que dans le pardon mutuel et la réconciliation. Ayant cela en vue et pleins de tristesse et de compassion pour toutes les victimes, serbes et autres, des malheureuses guerres qui ont eu lieu sur le territoire de Slovénie, de Croatie, de Bosnie-Herzégovine et de Serbie, nous prions le Dieu-enfant nouveau-né, Donateur de toute paix, pour que la paix s’installe enfin dans nos cœurs, et que nous pardonnions les uns aux autres, car le Seigneur nous a pardonné nos péchés (2 Co 5,18). La seule façon de nous libérer du joug du passé et des intérêts liés à la politique quotidienne, est le pardon et la réconciliation auxquels nous appelons tous les peuples avec lesquels nous avons vécu jadis dans le même Etat.

Nous adressant particulièrement à nos enfants spirituels de la diaspora, d’Amérique jusqu’en Asie, d’Europe jusqu’en Australie, nous les appelons à montrer leur amour à l’œuvre, toujours et en tout lieu. Soyez charitables, ne jugez pas et ne condamnez pas, pardonnez et aidez-vous les uns les autres (Lc 6,37-38) et gardez toujours à l’esprit ces paroles du Christ : Ce n’est pas en me disant « Seigneur, Seigneur » qu’on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux (Mt 7,21). Soyez des citoyens scrupuleux et responsables des pays qui vous ont donné l’hospitalité, priez pour les villes où vous vivez car leur bien-être contribuera au vôtre (Jr 29,7), mais n’oubliez jamais votre foi, votre langue et votre patrie, la terre de vos ancêtres, baignée par le sang de martyrs.

Vous tous, chers enfants spirituels, nous vous appelons à la compréhension mutuelle, à l’amour et au pardon. Gardons-nous de paroles dures prononcées imprudemment, ayant à l’esprit que l’environnement social dans lequel nous vivons dépend aussi des paroles que nous prononçons. Les paroles douces guérissent, la parole dure blesse, et les blessures infligées par des mots sont souvent plus éprouvantes que des douleurs physiques. C’est pourquoi le très sage Salomon nous enseigne que mort et vie sont au pouvoir de la langue (Pr 18,21). Si nous voyons qu’un de nos proches nous inflige une injustice, agissons conformément au principe évangélique et discutons avec lui en faisant tout ce qui est en notre possible pour acquérir un frère (Mt 18,15). Pardonnons-nous les uns les autres jusqu’à soixante-dix-sept fois (Mt 18,22) et dans les jugements que nous émettons sur autrui, fions-nous à la vérité qu’il nous faut exprimer doucement, avec respect et en toute conscience (2 Co 4,2).

En exprimant notre reconnaissance au Seigneur pour ce jour où, selon les paroles de saint Romain le Mélode « la Vierge met au monde l’Être suressentiel, et la terre offre une grotte à l’Inaccessible ; les anges et les pasteurs le louent ensemble et les mages avec l’étoile s’avancent ; car c’est pour nous qu’est né un petit enfant, Dieu prééternel », nous annonçons au monde une grande joie et vous saluons tous avec la salutation toute-joyeuse de Noël :

La paix de Dieu – Christ est né !

Que la Nouvelle Année 2019 soit heureuse et bénie de Dieu !

Au patriarcat serbe, à Belgrade – Noël 2018.

Le patriarche serbe IRÉNÉE, avec tous les évêques de l’Église orthodoxe serbe et Mgr Luka, évêque d’Europe occidentale.