Dimanche de l’Orthodoxie (2022) à l’église de Sainte Foy, Nérac

Le dimanche du Triomphe de l’Orthodoxie est le nom donné au premier dimanche du Grand Carême dans l’Orthodoxie.

De quel triomphe s’agit-il ? Ce dimanche célèbre la victoire de l’orthodoxie sur l’iconoclasme, c’est-à-dire le rétablissement de la vénération des icônes au sein de l’Église. Cette fête fut instituée en 843. L’iconoclasme, l’interdiction des icônes du Christ, de la Vierge et des saints, est reconnu comme une hérésie par l’Église orthodoxe.

En 730, l’empereur Léon III l’Isaurien avait, en effet, interdit la vénération des icônes et avait ordonné leur destruction. Parmi les défenseurs des icônes, il faut mentionner l’important théologien st Jean Damascène. C’est l’impératrice Irène qui réunit le septième concile (et le dernier concile reconnu par l’Église orthodoxe, d’où son nom d’Église des sept conciles) à Nicée en 787. Les persécutions reprirent cependant malgré ce concile après la mort de l’impératrice. L’empereur Léon V, puis l’empereur Théophile continuèrent à s’opposer aux icônes et persécutaient leurs défenseurs.

C’est tandis que l’empereur Théophile était gravement atteint de dysenterie, que son épouse Théodora eut un songe de la Mère de Dieu “tenant entre ses bras le Dieu d’avant les siècles, entourée d’anges resplendissants, qui blâmaient et châtiaient Théophile son époux”. Suite à cette vision, Théophile se repentit de son action peu avant sa mort et son épouse autorisa le culte des icônes et avec l’aide du patriarche Méthode, elle rétablit à leur rang les moines jusque là persécutés.

Pourquoi la victoire sur l’iconoclasme est-elle nommée Triomphe de l’Orthodoxie dans son intégralité ? C’est que pour l’Orthodoxie, l’iconoclasme, le refus de vénérer les icônes, forme la synthèse de l’ensemble des hérésies. Refuser l’icône, c’est pour la théologie orthodoxe, refuser l’incarnation de Dieu fait homme, or c’est cette incarnation qu’il s’agissait de défendre à chaque concile. Il faut cependant spécifier que si les images sont autorisées, toujours faut-il que ces images soient exactes théologiquement pour qu’elles soient des icônes. L’icône orthodoxe n’a aucun point commun avec l’imagerie religieuse telle qu’elle a pu se développer en Occident à partir de la Renaissance. Les querelles iconoclastes ont été l’occasion du développement d’une véritable théologie de l’image au sein de l’Orthodoxie. Elle s’appuie sur cette déclaration de saint Paul : “le Christ est l’icône du Dieu invisible, le Premier Né de la création” (Colossiens, 1, 15). La sainteté consiste à restaurer l’image de Dieu en nous, telle qu’elle était au commencement avant qu’elle ne soit altérée par la Chute.

Cette fête rappelle d’autre part que le jeûne est aussi une ascèse du regard, de la manière dont nous regardons le monde. Nous pouvons ici citer les Évangiles :

«La lampe du corps, c’est ton œil. Lorsque ton œil est transparent, ton corps entier est lumineux. Mais s’il est mauvais, ton corps aussi est ténébreux. Examine par conséquent si la lumière qui est en toi n’est pas ténèbre ! Si par conséquent ton corps entier, lumineux, n’a pas aucune part de ténébreux, il sera tout entier lumineux, comme lorsque la lampe de son éclaire t’illumine.»

Luc, 11, 34-38