Deuxième dimanche de carême à l’église Saint Denys, Dénat

À l’origine, le deuxième dimanche du Carême était consacré à la guérison par le Seigneur Jésus dans la ville de Capharnaüm du paralysé, comme en témoigne la lecture évangélique que nous venons d’entendre. Plus tard, l’Église orthodoxe y a associé la mémoire de saint Grégoire Palamas, moine athonite qui fut archevêque de Thessalonique de 1347 jusqu’à sa mort en 1359.

Pour honorer la mémoire de cet éminent docteur de l’Église orthodoxe, un grand témoin du monachisme hésychaste et de l’expérience intime des énergies et de la grâce de Dieu, sans oublier le contenu de l’Évangile de ce jour, je vous propose, chers amis, de réfléchir à la guérison du paralytique à l’aide de saint Grégoire Palamas lui-même. Il a en effet laissé deux homélies consacrées à cet épisode évangélique.

De ce récit saint Grégoire retient trois choses : d’abord, la preuve que l’effet de la parole de Dieu est différent en fonction de la perception des auditeurs ; ensuite, le lien entre la rémission des péchés et la guérison ; enfin, la démonstration indirecte de la divinité du Seigneur Jésus.

Revenons au premier point : en juxtaposant la réaction des pharisiens qui jugent et blâment et celle du paralytique et de ses amis qui font preuve d’une authentique foi dans la capacité de guérison du Christ, saint Grégoire souligne que la parole salutaire de Dieu est adressée à tous sans distinction, mais elle ne produit pas le même effet chez tout le monde.

Certains en reçoivent le salut ; pour d’autres, elle est une occasion de s’enfoncer davantage dans le mal : « C’est à tous en général, sans viser tel ou tel en particulier, que le Seigneur adresse le message de la conversion, l’Évangile du salut, les paroles de la vie éternelle. Et effectivement, tous l’entendaient, mais tous ne l’écoutaient pas. {…} Nous avons tous la curiosité innée pour toutes sortes de choses, dont celles qui concernent le salut ; pour cette raison nombreux sont ceux qui non seulement écoutent volontiers son saint enseignement, mais qui également le scrutent attentivement {…}.

Néanmoins, pour rendre les postulats de cet enseignement opérants et pour que la foi, fondée sur eux, soit fructueuse, il faut le discernement et la bonne volonté, deux choses qui ne se trouvent pas fréquemment, surtout chez ceux qui se justifient eux-mêmes et qui se considèrent comme sages, tels les scribes et les pharisiens. Ils entendaient tout le temps la Parole, pourtant, tout en voyant les signes accomplis, ils blâmaient au lieu de louer Celui qui faisait le bien par la parole et par les actes » (Homélie 10).

Pour que la Parole de Dieu soit efficace en nous, pour qu’elle puisse nous purifier, nous guérir, il faut donc avoir le discernement, la bonne volonté et la foi, comme celle du paralytique et de ceux qui ont démonté la toiture de la maison où se trouvait le Seigneur pour déposer à ses pieds le malheureux en quête du salut.

C’est cette foi qui lui a valu cette magnifique réplique du Seigneur : « Mon fils, tes péchés sont pardonnés ». Grégoire Palamas y note deux choses : d’abord, l’adoption du paralytique par le Verbe divin (« mon Fils »), l’adoption qui le fait déjà pur, qui le rend sain, qui lui ouvre les portes du Royaume éternel. C’est de la même façon que chacun de nous a été adopté par Dieu au moment du baptême. La deuxième chose : c’est le fait que le Seigneur aille à l’essentiel. Il ne dit pas : « Lève-toi, prends ton brancard et marche » ; il n’offre pas une simple guérison physique qui ne serait qu’une rémission temporaire pour un être mortel. Il lui offre l’essentiel : le pardon de Dieu. Le Seigneur Jésus montre, par cette guérison, que sa parole est une parole qui ne contient que l’essentiel, pas le secondaire et que c’est une parole qui agit, parce qu’elle vient de celui qui est le Verbe vivant, incarné, du Père invisible et éternel.

Litie pour le repose de l’âme de Bernard (Cagnac-les-mines)