Naissance au Ciel de Maria, doyenne de notre Fraternité

En pèlerinage à Saint Gény de Lectoure, basilique et monastère, avec sa fille Isabelle

     Le mardi 7 janvier 2020, à une heure du matin, pendant la Divine Liturgie de la Nativité de Notre Seigneur, célébrée, par les Orthodoxes, dans le monde entier, Maria BAIGUERA rejoignait le Seigneur, soutenue par la Sainte Famille de Bethléem, alors que nous avions cité son prénom lors de l’office nocturne, en la basilique Saint Gény de Lectoure, concélébré par six prêtres en présence de nombreux fidèles de plusieurs nations.

      Chaque mois le Père ANTOINE, depuis qu’elle ne pouvait participer aux liturgies en l’église Saint Saturnin de Toulouse, lui apportait la sainte Communion attendue avec impatience et dévotion tant sa Foi, non démonstrative, était grande et force de sa vie.

Sur la route de ses 100 ans… avec toute sa famille, avec les moines de Lectoure, dans sa maison de Colomiers, de droite à gauche : MARIA, Père ANTOINE, GIOVANNI son fils et petit fils STÉPHANE, sa Fille ISABELLE, sa petite fille ANNE et son gendre ÉRIC

      Née en Italie, le 6 février 1916, à Breda di Piave. Son Père Massimo KANER, nom répandu dans le Tyrol du Sud et sa mère Rosa, changèrent l’orthographe  en venant en France et les six enfants Marcello, Ernesto, Angela,  Orphéo, Maria et Giusépina s’appelèrent CANER. Toute cette grande Famille arriva à Toulouse qui recherchait des forces vives et vaillantes pour travailler car le pays natal avait de graves problèmes. Le Gers et le Tarn-et-Garonne notamment,  désertés furent comblés par un très grand nombre d’importantes familles italiennes que j’ai connues et qui avaient une très grande Foi traditionnelle.

     J’ai connu Orphéo, célibataire, qui vivait près de sa sœur, décédé en 2002 à 82 ans, puis Giusépina, décédée  le 8 janvier 2020, à 98 ans, le lendemain de la naissance au ciel de MARIA, vivants tous à Colomiers, proche de Toulouse, mais c’est Maria qui pendant 40 ans faisait partie de notre Cénacle spirituel.

     Elle avait rencontré ENRICO Baiguéra, orphelin à 15 ans en Italie, et qui vint en France pour travailler, homme à tout faire, et qui décède, usé, à 68 ans le 15 novembre 1980.

     MARIA a, elle aussi, beaucoup travaillé, pendant des décennies, ayant force et santé, toujours contente de le faire sans limite. Elle me disait souvent « le Seigneur m’a donné la santé pour le faire », elle donnait autour d’elle ce sens de la vie bien remplie, les valeurs immuables du travail bien fait, de l’esprit de famille, le respect et l’aide de son prochain, le tout avec la Foi et le soutien de la Vierge Marie.

     Très croyante, mais non bigote, elle découvrit la Fraternité Saint Benoît, s’y agrégea, heureuse de trouver une communauté religieuse qui correspondait à ses valeurs. Elle ne manquait pas de venir à l’église saint Saturnin de Toulouse-Roseraie, rattachée l’Eglise Orthodoxe de Grèce puis de Serbie, sous l’autorité de Mgr LUKA, évêque de la Cathédrale Saint Sava de Paris. Elle participait régulièrement aux offices chantés en français.

     Famille très unie, valeur essentielle qu’elle a donnée et transmise, ses enfants se sont occupés d’elle, à tout instant, jusqu’à son dernier souffle chez elle.

     MARIA a eu deux enfants, GIOVANNI 69 ans, avec un fils Stéphane 49 ans, et ISABELLE 65 ans qui avec son époux ERIC ont une fille Anne, 31 ans. Elle a protégé ce cocon familial qui habite sur le même terrain de Colomiers. Elle a travaillé toute sa vie avec courage, force et détermination, dès 15 ans elle était placée à Toulouse dans une Famille pour ramener une paie supplémentaire à la maison, car les temps étaient difficiles.

     À 23 ans elle entra comme « bonne à tout faire », expression de l’époque , appelée maintenant « employée de maison » au Château de l’Armurier, à Colomiers, où elle s’occupera des personnes âgées, puis des enfants, et enfin le service à table parce qu’elle travaillait bien et savait prendre de bonnes responsabilités. Elle servait à table de nombreuses personnalités car le propriétaire du domaine, Monsieur MONTEL, député-maire de Colomiers, président du Conseil général et secrétaire de Léon Blum recevait beaucoup. Elle servit à table les Présidents Vincent Auriol,  Gaston Doumergue et naturellement Léon Blum ainsi que les forces vives de la Nation qui gravitaient autour d’eux. Sa sœur Giusépina s’occupera particulièrement de Léon Blum jusqu’à son arrestation par la Gestapo.

     Même à la retraite elle entretiendra des rapports fréquents avec les héritiers de Monsieur Montel, père de Mme Massardy et qui occupèrent le château depuis, qui la visitait et dont la Famille était présente aux Funérailles.

En fin de vie, recevant la communion mensuelle,  ferme dans la Foi de son enfance et lucide dans ses prières !

     Le Père ANGELO, doyen de notre Clergé, natif de l’Italie du Nord, comme MARIA , aussi  venu en France avec ses parents et de  nombreux enfants a célébré la Divine Liturgie pour le repos de son âme dans l’église St Denis de Dénat les Albi.

     Et TOUS chantons   «   M É M O I R E     É T E R N E L L E  » !

Christ est né ! Noël 2019

La Lumière


Sermon sur la Nativité du Christ,
prêché dans l’église de la Résurrection,
passage de Brussov, à Moscou.

Christ est né !


Lumière et Soleil, – c’est ainsi que nous appelons Notre Seigneur Jésus-Christ Qui vient de naître. Nous L’appelons ainsi dans l’hymne solennel par lequel toute la chrétienté orthodoxe glorifie l’événement de la Nativité du Christ, et nous chantons : « Ta Nativité, Ô Notre-Seigneur Jésus-Christ, a resplendi sur le monde par la lumière de la raison… Nous
Te saluons, ô soleil de justice !… »

C‘est Lui notre Lumière, c’est Lui notre Soleil ! La Sainte Église L’appelle ainsi, parce que déjà de la bouche du saint Prophète Isaïe, il fut dit de Lui : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu briller une grande lumière ; et la lumière a resplendi sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort. » (Is. IX, 1-2). Et aussi parce que, parlant de Sa propre Personne, Notre-Seigneur Jésus-Christ a dit : « Je suis la Lumière du monde » (Jean IX, 5).

C‘est Lui notre Soleil Qui s’est levé sur l’univers pour ne plus jamais se coucher !

Toute lumière est contraire aux ténèbres. Le soleil, en se levant, chasse les ténèbres de la nuit. Et le Soleil Qui avait illuminé le genre humain par la naissance du Fils de Dieu sur la terre, éclaira de Sa lumière tous les problèmes qui se posaient devant la pensée humaine, et dont avait été préoccupée depuis toujours la raison éveillée de l’homme ; c’est aussi ce Soleil Qui apporta la réponse à toutes les aspirations du cœur vibrant de l’homme, dévoila à l’humanité tous les mystères de la vie et de la mort, – mystères qui, à travers les siècles, tourmentaient l’homme par leur énigme ; c’est encore ce Soleil Qui rendit claire et lumineuse, pour chaque homme, la carrière de sa vie terrestre. N’en est-il pas ainsi ?

Depuis que l’homme vit sur la terre, la pensée humaine s’abîme à trouver la solution au problème : y a-t-il une vie après la mort de l’homme, et s’il y en a une, qu’est-ce qui attend l’homme au-delà des bornes de la mort apparente, outre-tombe ? Cette pensée humaine s’efforce de soulever d’elle-même le rideau du mystère de la mort, et se débat dans l’impuissance. Et la conscience vivante se pose cette question: serait-il possible que toutes mes pensées, tous mes désirs, tous mes sentiments, tous mes nobles élans, tout ce dont je vis maintenant, que tout cela meure en même temps que mon corps, et pour toujours ? Pourquoi donc l’homme s’efforcerait-il, durant toute sa vie, d’embrasser le maximum de sciences ; pourquoi s’empresserait-il de les assimiler ; pourquoi s’attacherait-il aux hommes, pourquoi chercherait-il à se faire des amis; pourquoi aimerait-il d’un amour sans partage ; est-ce pour que tout cela soit fauché un jour par la faux impitoyable de la mort ? Pourquoi l’instinct de conservation est-il inhérent à tout homme, pourquoi sont-ils innés en lui : cet amour de la vie, cette soif de vivre et de ne mourir jamais, pourquoi chacun de nous s’attache-t-il à garder sa vie ? Serait-il possible que cet instinct puisse nous tromper, et que tous les autres, comme, par exemple, ceux de la faim et de la soif, soient des instincts infaillibles?

Si nous répondions à toutes ces questions d’une façon négative. – oh, comme il ferait sombre alors dans notre cœur ! Elles seraient bien fondées alors, les paroles de notre poète, paroles qu’il a proférées dans un moment de désespoir et de doute quant à la vie future :

« Et la vie, à la voir de bien près, d’un œil calme. Quelle farce stupide, insensée et sans goût ! »

Mais de dire ainsi, qui de nous l’oserait ! Et ce poète lui-même, s’étant exprimé ainsi dans un moment de désespoir, connaissait aussi ces joies apportées par la foi, puisqu’il parlait un autre jour de cette douceur que ressent une âme en prière :

« Suaves larmes des transports de foi,
Le cœur est si léger sous votre ondée limpide… »

(Lermontov)

Et voilà que ce mystère de la vie et de la mort, mystère que la pensée humaine s’était depuis toujours efforcée de dévoiler, ce mystère fut soudain éclairé par la lumière resplendissante du Soleil qui s’est levé sur le monde, dans la nuit de Noël.

C‘est pour ainsi dire, de Ses propres paroles divines que notre Seigneur Jésus-Christ avait dit à l’homme :

Non, tu ne mourras point ! Tes pensées, tes désirs, les élans de ton cœur, tout cela constitue ton âme immortelle. Une telle âme, Je l’ai insufflée dans le premier homme à sa création, Je la donne à chaque homme à sa naissance : elle est appelée par Moi à la vie éternelle ; et ton âme ne mourra jamais !

Et tout ce par quoi se manifeste dans l’homme l’amour de la vie, cl l’instinct de conservation lui-même, – tout cela ce ont bien des signes révélateurs de cette vie éternelle de l’esprit humain ; cet attachement à la vie est un instinct infaillible et qui ne saurait tromper, l’instinct qui est inhérent à la nature même de l’homme !

Oh, de quelle musique divine, de quelle harmonie céleste retentissent ces paroles, qui nous sont si précieuses, émanant de notre Lumière Divine : « Celui qui croit au Fils à la vie éternelle » (Jean III, 36).

Et à présent, quand le rideau nous séparant de la vie l’au-delà est levé devant l’homme, quand l’homme sait que c’est une éternité infinie qui s’étend devant lui, de quel sens sublime s’éclaire donc sa vie terrestre avec sa cause finale et toute sa signification, avec toute cette plénitude de bonheur qu’elle apporte maintenant à l’homme ! La vie terrestre, c’est
un pas vers la vie éternelle, c’est une voie qui nous prépare à la vie qui n’a point de fin. La lumière de la Parole de Dieu, cette lumière qui nous a révélé le mystère de la mort, elle nous a rendu claires aussi les joies qui nous attendent dans la Cité future incréée de la Jérusalem Céleste, dont le tableau nous est donné par l’Apocalypse, cité qui resplendit de ces beautés éternelles, incorruptibles, offrant à tous ses habitants futurs les délices spirituelles, incomparables et éternelles ! Vivre pour être digne de ces joies, voilà la tâche sacrée et joyeuse de la vie terrestre. Et chacun de nous, en son âme, sait que ce bonheur de la vie éternelle, le bonheur de la communion perpétuelle avec son Seigneur Très-Doux, ne sera
pas seulement le fruit et l’achèvement mérités de la vie terrestre, mais que ce bonheur, pour chacun de nous, commence déjà ici-bas, et qu’il est propre à chaque cœur vivant en Dieu et avec Dieu, Qui est la Source de ce bonheur !

La lumière de l’Enseignement Divin nous indique la voie vers cette lumière éternelle, la voie des commandements de l’Évangile sur la pureté et la douceur, sur l’amour et la foi, sur l’espérance et l’abandon à la volonté de Dieu. Celui Qui est la Source de la lumière nous a révélé Lui-même, par Sa propre personne, cette beauté spirituelle parfaite que doit s’efforcer d’imiter chacun de nous.

Regardez ces myriades d’étoiles qui scintillent dans le ciel nocturne : le Ciel de l’Église est semblable à ce ciel étoilé : une quantité innombrable de saints nous éclairent la voie vers la gloire éternelle, et luisent de leur beauté spirituelle dans les rayons de la Source Divine de la lumière…

Oui, il fait clair maintenant dans l’âme de l’homme, sur son chemin vers la vie éternelle ! Le soleil qui ne se couche jamais rayonne sur nous !

Le Fils de Dieu, né sur la terre, a rendu clair pour nous le mystère de la Providence, Qui, jour et nuit, veille sur chaque vie humaine. Et combien de courage, combien de force spirituelle nous donne la conscience de ce que, sans la permission de Dieu, pas un seul cheveu ne tombera de la tête de l’homme (Mat. X, 30), que rien ne s’accomplit, aussi bien dans la vie de l’homme que dans les destinées des royaumes et des nations, sans la volonté du Père Céleste de l’humanité.

La Lumière Divine nous a révélé aussi le sens des souffrances, ces inévitables compagnes de la vie de chaque être humain. Pourquoi l’homme ne peut-il éviter, dans sa vie, toutes sortes de souffrances, maux, maladies, pertes et privations? Pourquoi tant de malheurs s’acharnent sur l’un, tandis qu’un autre, qui en connaît beaucoup moins, s’adonne aux plaisirs et aux joies de la vie ? Pourquoi souffrent-ils, les petits enfants innocents? La raison humaine a toujours cherché à deviner cette énigme, et nous connaissons, nous le connaissons bien maintenant, le sens de ces souffrances.

Pour certains d’entre nous, le Seigneur, Qui frappe toujours à la porte de notre cœur, veut que ces souffrances, qu’Il n’a point écartées, nous rappellent Dieu, que ces souffrances nous appellent à Lui, nous rapprochent de Lui ; Il veut lier à Lui nos âmes… Chacun de nous ne connaît-il pas autour de soi tant d’exemples, quand des êtres en proie aux malheurs et aux maladies reviennent vers Dieu, après de longues années de vie sans Lui, loin de Lui ?

Et en de tels moments de malheur, l’un se souviendra peut-être de l’icône, éclairée par la petite veilleuse, au-dessus de son lit, au temps de son enfance heureuse, l’autre se souviendra de sa mère agenouillée, en prière, le soir, de sa mère qui est morte déjà depuis longtemps, ou encore se souviendra-t-il de sa première confession, ou bien encore sentira-t-il simplement sur lui la main de Dieu… Et de nouveau, ces pécheurs tendront de tout leur cœur vers leur Soleil Éternel, comme tout ce qui vit dans la nature tend vers l’Astre du jour… N’observons-nous pas, à l’heure actuelle, comment cette guerre sanglante a réveillé à la foi tant d’âmes plongées avant dans le sommeil ? Le Seigneur sauve pour l’éternité les âmes vivantes, les appelant à Lui à travers les épreuves et les pleurs.

Par leurs souffrances, d’autres expient leurs péchés volontaires et involontaires, s’ils supportent ces souffrances avec foi et patience, en faisant leur pénitence, et s’ils savent y discerner la main de Dieu, non pas punissante, mais bienfaisante. Le Seigneur veut que ce soit ici-bas que nous expiions nos péchés, et que nous en étant ainsi purifiés par nos souffrances, comme l’or est purifié par le feu, nous puissions goûter, dans la vie éternelle, la plénitude des joies qui n’auront pas de fin. Et par les souffrances des enfants et des adolescents, le Seigneur veut aussi nous réveiller de notre sommeil de pécheurs, nous appeler à la prière, à la compassion, nous ramener à Ses pieds pour que nous y trouvions la consolation et le Secours Divin…

Et voilà que devant cette Lumière Divine, qui a éclairé toute la carrière de la vie humaine, se sont inclinées des millions d’âmes vivantes, tandis que toute la Chrétienté orthodoxe chante, par les millions de ses voix, les louanges à l’Enfant Divin comme à la Lumière de la raison, comme au Soleil de la justice !

Et le fait qu’aux pieds de l’Enfant Divin se soient rendus, et les mages, pleins de sagesse, et les simples bergers, et qu’ils aient été les premiers à adorer, au nom de toute l’huma­nité, leur Seigneur et Maître, n’est-ce point un symbole de la grandeur irrésistible, de la puissance, de la sagesse et de la beauté de Jésus de Nazareth. Devant Sa Personne Divine et devant Son Enseignement s’inclinent les savants et les igno­rants, les enfants et les vieillards, les pécheurs et les justes : pour eux tous, Son Enseignement est proche, il est pour eux d’une valeur inestimable, d’une simplicité sans égale, et en même temps, d’une inépuisable sagesse ! C’est de la lumière de cette Sagesse Divine que vit et vivra pour l’éternité toute âme dévouée à Dieu !

Et nous aussi, en glorifiant en ces jours l’Enfant Divin, né à Bethléem, empressons-nous de L’adorer au côté des mages et des bergers ! Gardons en nous, comme un trésor, la lumière de notre foi dans le Seigneur, pour vivre avec cette foi et nous en aller là-bas avec elle, en ce lieu où luit la Lumière éternelle Qui ne s’éteint jamais, en ce lieu où les joies intarissa­bles attendent les enfants de Lumière (Jean XII, 36) !

Journal du Patriarcat de Moscou
N° 12 – 1944

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Cheminement des santons vers l’Emmanuel

CHRIST EST NÉ !

25 DÉCEMBRE. – Naissance selon la chair de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus Christ.

Tropaire, t. 4

Par ta Nativité, ô Christ notre Dieu, * sur le monde s’est levée la lu­mière de la véritable science: * à sa clarté les savants adorateurs des astres * d’un astre ont appris à t’adorer, * Soleil de justice, * te dé­couvrant comme l’Orient venu d’en haut; * Seigneur, gloire à toi.

Kondakion, t. 3

La Vierge en ce jour enfante le suprême Dieu * et la terre offre asile en une grotte à l’Inaccessible. * Les Anges et les Bergers ensemble chantent sa gloire. * Vers Bethléem une étoile montre aux Mages leur chemin. * Car en ce monde vient pour nous * un enfant nouveau-né, le Dieu d’avant les siècles.

Hypakoï, t. 8

Ce sont les prémices des nations que t’amena le ciel, * Enfant couché dans une crèche, en appelant * par une étoile les Mages d’Orient; * ce qui les frappa, ce ne fut ni sceptre ni trône, mais ton extrême pauvreté; * quoi de plus ordinaire que la grotte, en effet, * et quoi de plus humble que les langes, dans lesquels * resplendirent les trésors de ta divinité. Seigneur, gloire à toi.

À l’ombre de la Basilique Saint Gény de Lectoure est installé le musée

                  CHEMINEMENT DES SANTONS VERS L’EMMANUEL

qui peut être visité sur réservation, au maximum groupe de 25 personnes, en téléphonant pour prendre rendez-vous au 05 62 68 52 94. Entrée gratuite.

Vous pourrez y admirer des centaines de santons habillés offerts par des santonniers reconnus, dont Simone JOUGLAS de Marseille, amie de plus de 25 ans du Père ANTOINE et qui, à chaque visite, lui remettait ses dernières créations, mais aussi ceux de SYLVIA et PATRICK, santonniers en Vaucluse, de MARIE NOËL qui présenta le Père Antoine, pour ses 75 ans, le jeune religieux enseignant puis le recteur de Saint Gény, ceux également de Sylviane AMY, de E. FIGON, de S. CAMPANA, D. LANDRO…

     Vous pourrez également entrer dans la basilique de l’Église orthodoxe serbe, reconsacrée en 2000 par plusieurs évêques en présence de 600 personnes. Vous pourrez enfin vous recueillir devant les icônes peintes par nos moniales de Sainte Élisabeth, dans la tradition séculaire.

     EN VÉRITÉ, IL EST NÉ !

Chrismation de Jean-Baptiste à Lectoure

Ce dimanche 29 décembre, XXVIIIème après la Pentecôte, dit des Ancêtres, JEAN-BAPTISTE né le 15 août 1989 à Marmande (Lot-et-Garonne) a été chrismé en la Basilique St Gény de Lectoure, avant la Divine Liturgie, par le Père Abbé ANTOINE,  assisté de son parrain père Guilhèm.

Extrait de l’office

Le Prêtre dit cette prière :

Seigneur Tout-Puissant, Toi qui concèdes aux pécheurs des moyens d’expiation et enseignes la vraie voie à ceux qui sont dans l’erreur, pour que personne ne soit perdu et que tous puissent être sauvés. Seigneur, nous Te rendons grâce parce que la lumière de la connaissance de ta vérité a lui sur ton serviteur (ta servante) N … que voici et que Tu as daigné laisser se réfugier dans ta Sainte Église Catholique Orthodoxe. Concède-lui de s’unir à présent à cette Église sans hypocrisie et irrévocablement. Accepte-le (la) dans ton troupeau choisi et fais qu’il (elle) devienne le vase précieux et la demeure de ton Saint Esprit, de façon qu’éclairé(e) et enseigné(e) toujours par Lui, il (elle) conserve inviolés tes éternels commandements si salutaires et soit ainsi digne de recevoir tes grâces célestes.
Car tu es le Dieu de la grâce, de la magnificence et de l’amour
des hommes, et nous Te rendons gloire, Père, Fils et Saint Esprit,
maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.

Le prêtre fait lever le candidat et lui dit : Tiens-toi bien, tiens-toi avec crainte et confirme ta promesse devant le saint Évangile et la sainte Croix du Seigneur.

Le Candidat : Je m’engage, avec l’aide de Dieu, de garder fermement et jusqu’à mon dernier soupir, intacte et inviolée la foi catholique orthodoxe que je confesse à présent librement, et d’accomplir avec zèle et joie ses commandements, en conservant jusqu’au bout mon coeur dans la pureté. Pour confirmer ce serment fait par moi je baise les paroles et la croix de mon Sauveur. Amen.

Le prêtre : Béni soit notre Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés et qu’ils arrivent à la connaissance de la vérité. Qu’il soit béni dans les siècles. Amen.

Puis il dit au candidat : Fléchis les genoux devant le Dieu que tu as reconnu et tu recevras la rémission des péchés.

Le candidat se met à genoux, incline la tête, le prêtre le couvre de son étole et l’absout en disant :

Seigneur miséricordieux, bon et ami des hommes, qui par compassion as envoyé dans le monde ton Fils unique pour déchirer l’acte d’accusation écrit contre nous en raison de nos péchés, pour délier les liens de ceux qui sont enchaînés par leurs péchés et pour proclamer la libération de ceux qui en sont prisonniers. Toi-même, ô Maître, dans ta bonté délivre ton serviteur (ta servante) ici agenouillé(e), de son passé, réconcilie-le (la) et agrège-le (la) à Ta Sainte Eglise Orthodoxe, accorde-lui de marcher sans péché en tout temps et en tout lieu, avec confiance et avec une conscience pure et de te demander une abondante pitié. Car Tu es un Dieu miséricordieux et ami des hommes, et nous Te rendons gloire, Père, Fils et Saint Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.

      AD MULTOS ANNOS !

Naissance au Ciel de Georges CHÉRÉ de la paroisse de Tarbes

Georges CHÉRÉ est né à CHAUMONT (Haute-Marne) le 24 mars 1926 de Louis et Jeanne BIZOUARD.

Père de deux enfants, un garçon et une fille, il vivait, avec son épouse morte jeune, dans les Pyrénées Orientales, à Céret. Veuf, il prit contact avec le Père Antoine à un retour d’un voyage en Union soviétique.

   Fonctionnaire il est muté à Auch  comme Conservateur des Hypothèques à la Préfecture du Gers, haute fonction qu’il remplira avec scrupule et précision.

   En recherche spirituelle, il vient visiter et se confier au Père ANTOINE, prêtre orthodoxe, qu’il visite régulièrement au Monastère de l’Archange Michel à Lavardac, Lot-et-Garonne. Il est alors baptisé par immersion et chrismé le 13 janvier 1991 puis y est marié le 27 avril 1991 avec Marie-Élisabeth REMACLY.

   Il dirige alors les travaux des fresques de l’église St Aventin de Tarbes  réalisées par des iconographes roumains et devient Président-Épitrope de la Paroisse jusqu’en 2012.

Il remplira ses fonctions scrupuleusement et participera avec son épouse à toutes les Liturgies et accueillera Mgr Luka, notre Évêque.

    Avec Marie Élisabeth, il fit de nombreux pèlerinages que nous organisions, 2 fois en Palestine-Israël, le Sinaï, à Patmos, en Égypte copte, en Roumanie, en France, puis avec Mgr Luka au Mont-Athos. Il en revenait toujours renforcé dans sa Foi, heureux d’appartenir à l’Église Orthodoxe.

    Ces derniers mois,  le Père Antoine lui portait la communion chez lui puis, son état s’aggravant, il le visitait dans les structures médicalisées où il séjournait, se préparant avec piété à la mort.

     Il est né au Ciel le samedi 21 décembre au matin, fête de St Patapios de Loutraki, qu’il vénérait beaucoup et qu’il avait visité dans un Monastère de Moniales, près de Corinthe où des milliers de pèlerins viennent le prier.

     Ses Funérailles se sont déroulées le 27 décembre, en l’église St Aventin de Tarbes, célébrées par les Pères Antoine, Michel, recteur de la paroisse, et Guilhèm.

       MÉMOIRE ÉTERNELLE !

PÈLERINAGE À LA SAINTE MONTAGNE DE L’ATHOS

                            Septembre – Octobre 2000

      Avec S.E. Mgr LUKA, évêque serbe de Paris accompagné de cinq fidèles laïcs de notre Doyenné St Jean Cassien de Lectoure.

De gauche à droite :

  • Ferréol ROSSET, né en 1942, paroisse St Saturnin de Toulouse
  • Pierre LABROUSSE, né en 1938, paroisse St Gény de Lectoure
  • Georges CHÉRÉ, né en 1926, décédé en 2019,paroisse St Aventin de Tarbes
  • Lino BUTTIGNOL, né en 1934, paroisse Archange Michel – Ste Foy de Nérac
  • Guy CARPUAT, né en 1930, décédé en 2006, paroisse St Saturnin de Toulouse

Funérailles de Jeanne DUCOS de la paroisse de Tarbes

Notre fidèle JEANNE de la Paroisse de Tarbes, nous a quittés à 98 ans.

JEANNE Capbern est née le 16 novembre 1921 à Aire-sur-l’Adour (Landes) épouse DUCOS, décédée le 11 décembre 2019 à Pau (Béarn).

Les funérailles ont été célébrées par les Pères du Monastère St Gény de Lectoure, en l’église Sainte Quitterie d’Aire-sur-l’Adour, ce mardi 17 décembre, puis a rejoint son époux au cimetière de la ville où les Pères l’ont accompagnée et où elle attend la résurrection.

QUI EST SAINTE QUITTERIE :

Selon la plupart des récits, la jeune Quitterie descendante de Julien l’Apostat et fille du roi Catilius, ayant voué sa virginité au Christ, repoussait les avances d’un prince wisigoth du nom de Germain, que ses parents voulaient lui faire épouser. Pour échapper à une insistance de plus en plus pressante, elle résolut de s’enfuir, et elle alla se refugier auprès d’une fontaine, sur le mont Colombien. Une série de prodiges plus merveilleux les uns que les autres lui ayant bientôt permis de convertir Leutimanus, le roi de la contrée, elle obtint de lui de nombreux bienfaits en faveur de l’Église. Mais Germain retrouva sa trace et comme il essuyait un nouveau refus, il l’a fit condamner à mort. Au pied de la colline du Mas dans l’actuelle rue Sainte-Quitterie, elle fut décapitée. Des anges lui apparurent alors et demandèrent à la martyre de prendre sa tête dans les bras, et de la porter jusqu’au sarcophage de marbre qui lui avait été préparé, dans la crypte, sur le mont Colombien. Elle fut canonisée en 585 au Concile de Tolède.

Vers le Xe siècle, se crée le culte de SAINTE-QUITTERIE, et l’on vient de loin prier la sainte pour la guérison des malades, mais également des déments, que l’on met en sûreté dans le petit cachot situé dans la chapelle SAINT-PHILIBERT comme en témoignent les bracelets scellés au mur.

L’ÉGLISE SAINTE QUITTERIE

Les légions romaines conduites par CRASSUS occupent notre région 56 ans avant la naissance du Christ. Aire sera une place forte “l’oppidum”. Les Romains édifient, sur la colline du Mas, un temple dédié au dieu de la guerre “MARS”. En 410, saccage de Rome par les Wisigoths, les légions repartent sur Rome et les Wisigoths occupent à leur tour notre contrée. Le temple abandonné deviendra l’église SAINT-PIERRE au Ve siècle.

Cette première église souffrira beaucoup lors du passage des Sarrazins et ensuite en grande partie détruite par les Vikings en 850.

C’est en 1090 que commence la construction de l’église actuelle, ainsi que la construction d’une abbaye. Le temple deviendra la CRYPTE.

Au XIe siècle la partie avant est construite avec chœur et absidioles romanes. Au XIIe siècle la nef est édifiée et sera gothique. Au XIIIe siècle le porche également gothique, sera très endommagé par le feu aux guerres de religions.

LA CRYPTE ET LE SARCOPHAGE

À l’origine, temple romain dédié au dieu MARS. Dans l’arcosolium, le sarcophage de SAINTE-QUITTERIE en marbre blanc de SAINT-BÉAT (Haute-Garonne) daté récemment par les spécialistes du C.N.R.S. fin IIIe siècle et viendrait d’après Charles SORBETS de SAINT-BERTRAND-de-COMMINGES.

Sur la cuve de droite à gauche :

1 – Création de l’homme

2 – Adam et Ève

3 – Le bon pasteur

4 – Daniel dans la fosse aux lions

5 – Résurrection de Lazare

Aux extrémités, sur les faces latérales sculptées tardivement :

Jonas se reposant – à droite

Jonas jeté à l’eau – à gauche

– sur la dalle de fermeture :

aux angles : Têtes des Dioscures

à droite en façade :

1 – Tobie

2 – Jonas sortant du monstre marin

3 – Le paralytique guéri portant son lit

4 – Sacrifice d’Abraham

La Basilique St Gény de Lectoure possède une relique de Ste Quitterie et la Salle du Chapitre du Monastère est placée sous sa protection où est vénérée son Icône.

TROPAIRE :

Noble vierge QUITTERIE, tu es sortie victorieuse de ton martyre en Gascogne. La gloire de ton renom se répand comme un parfum de spirituelle odeur. Toi l’ardente défenseur de l’héritage de notre tradition, au mépris des païens et incultes. Dans les Sept parties de notre Langue d’Oc, nous célébrons en ce jour ta mémoire, pour transmettre la foi à notre Terre maternelle. Garde nous honorable QUITTERIE de la mort et de la maladie. Par tes prières fais de nous des fidèles de l’enseignement des Pères, et la grâce de sauver nos âmes.

FÊTE : 22 MAI

Baptême d’Éléné à Lectoure

Le samedi 7 décembre 2019 en l’abbatiale St Gény à Lectoure, le Rév. Père ANTOINE a baptisé Éléné ANIASHVILI, née à Albi le 28.08.2019, en présence des Parents Taorniké et Natia, née KAZARASHVILI, du parrain Lekso KAVLASHVILI et de quelques membres de la Famille.

Évangile baptismal

En ce temps-là, les onze Disciples s’en allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus leur avait désignée. Quand ils le virent, ils se prosternèrent devant lui; quelques-uns cependant hésitaient encore. Et Jésus, s’approchant, leur parla ainsi : Toute puissance m’a été donnée au ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du saint Esprit, leur appre­nant à observer tout ce que je vous ai prescrit ; et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. Amen.

Credo

JE CROIS EN UN SEUL DIEU, LE PÈRE TOUT PUISSANT, CRÉATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE ET DE TOUTES LES CHOSES VISIBLES ET INVISIBLES.
ET EN UN SEUL SEIGNEUR, JÉSUS CHRIST, FILS SEUL EN­GENDRÉ DE DIEU, NÉ DU PÈRE AVANT TOUS LE SIÈCLES, LUMIÈRE DE LUMIÈRE, VRAI DIEU DE VRAI DIEU, ENGEN­DRÉ NON-CRÉÉ, CONSUBSTANTIEL AU PÈRE, PAR QUI TOUT A ÉTÉ FAIT.
QUI, POUR NOUS, HOMMES, ET POUR NOTRE SALUT, EST DESCENDU DES CIEUX, S’EST INCARNÉ DU SAINT ESPRIT ET DE MARIE LA VIERGE ET S’EST FAIT HOMME.
IL A ÉTÉ CRUCIFIÉ POUR NOUS SOUS PONCE PILATE, A SOUFFERT ET A ÉTÉ ENSEVELI ET IL EST RESSUSCITÉ LE TROISIÈME JOUR SELON LES ÉCRITURES.
ET IL EST MONTÉ AU CIEL ET SIÈGE À LA DROITE DU PÈRE D’OÙ IL REVIENDRA AVEC GLOIRE JUGER LES VI­VANTS ET LES MORTS ET SON RÈGNE N ‘AURA POINT DE FIN.
ET EN L’ESPRIT SAINT, SEIGNEUR QUI DONNE LA VIE, QUI PROCÈDE DU PÈRE, QUI EST ADORÉ ET GLORIFIÉ AVEC LE PÈRE ET LE FILS, QUI A PARLÉ PAR LES PROPHÈTES.
EN L’ÉGLISE UNE, SAINTE, CATHOLIQUE ET APOSTOLI­QUE. JE CONFESSE UN SEUL BAPTÊME POUR LA RÉMIS­SION DES PÉCHÉS. J’ATTENDS LA RÉSURRECTION DES MORTS ET LA VIE DU SIÈCLE À VENIR. AMEN.

fête paroissiale de l’église de Toulouse

Bien Chers Frères,

     Le 15 septembre 1985, l’Archevêque Andréas d’Attique, en Grèce, consacrait cette première église orthodoxe en la Ville rose de Toulouse.

     Quel est le nom qui occupe aujourd’hui le cœur de chacun de nous, qui sommes réunis ici ? C’est sans aucun doute celui du saint hiérarque de la terre d’Occitanie, de notre cher et grand SATURNIN.

Fils d’Égée, roi d’Achaïe, notre saint naquit sur le sol de la Grèce qui nous transmet la grâce et le salut. Selon une tradition, il fut disciple de Saint Jean Baptiste, puis de Jésus-Christ, auquel il vint s’offrir, avec saint André, lorsqu’il eut ouï de lui par ce bienheureux Précurseur : « Voilà l’Agneau de Dieu, voilà Celui qui efface les péchés du monde ». Saint Grégoire de Tours pense qu’il arriva avec Saint Denys  et toute cette illustre troupe de missionnaires qui ont été les fondateurs de nos Églises pour aller conquérir à Jésus Christ ce grand royaume, alors morcelé, qui devait être le bouclier de la Foi et l’école de la piété en Occident.

     Certains esprits chagrins ou rationalistes verront dans ces souvenirs du passé une tradition que la légende a pu embellir, mais la légende ne crée par un fait, elle le suppose. « C’est, comme dirait Victor Hugo, c’est de l’Histoire écoutée aux portes de la légende. » Et puis, comme s’exprimait aussi Edmond Rostand : « Ce n’est pas toujours la légende qui ment. Un rêve est moins trompeur, parfois, qu’un document. »

Ce qui est vrai c’est qu’il prêche la vérité de l’Évangile et il tâche d’en bannir la superstition de l’idolâtrie; on le chargea d’injures, on le fouetta ignominieusement; on le jeta dans une espèce de fosse sale et obscure, chargé de chaînes et destitué de tout secours humain à Carcassonne. Sa patience triomphe de tant de maux et Dieu l’en délivra enfin pour continuer ses fonctions apostoliques.

« Oh ! Le beau jour où Toulouse  reçu dans ses murs l’émule et le cohéritier des apôtres, le pontife élu d’en haut, dont les vénérables pieds apportaient la paix réelle et durable, pour le faire succéder aux troubles et à la discorde » devait s’exclamer un historien ancien. À son arrivée dans notre ville, Saturnin y rencontra son ami Saint Martial, premier évêque de Limoges. Comme lui, il était envoyé dans les Gaules pour porter la bonne nouvelle à nos ancêtres, Martial évangélisait alors l’Aquitaine. La rencontre des deux saints fut pour eux une grande consolation, et Dieu voulut manifester  l’union de ces deux frères dans l’apostolat par un éclatant prodige qu’ils opérèrent ensemble.

Austris, fille du gouverneur de Toulouse, atteinte d’une maladie cancéreuse, qu’aucun remède humain ne pouvait guérir, fit appeler deux étrangers dont en vantait la puissance surnaturelle : « Puisque le Dieu crucifié que vous prêchez est si puissant, priez-le pour qu’il daigne me guérir » Ils lui répondirent : « Vous serez exaucée si vous l’adorez, si vous embrassez son culte et sa morale. » Elle acquiesça à cette exhortation, on lui conféra le Saint Baptême et au sortir des fonts sacrés elle se trouva délivrée de tout mal.

     Saint Saturnin était dispensateur et source intarissable. C’est au nom de ce Saint Amour qu’il avait parcouru à pied, un bâton à la main, un grand nombre de villes afin de faire connaître le grand Message, qu’il construisit des églises, qu’il ordonna des prêtres et des diacres. Apprenant le martyr de saint Papoul, il se rendit en hâte dans notre ville et ne tarda pas à y être arrêté, enchaîné, trainé au Capitole. On le somma de sacrifier aux idoles, et au nom de ce même amour, il refusa, fut dépouillé de ses vêtements, flagellé, conspué, couvert de crachats comme son Divin Maître. Alors, les idoles s’écroulèrent et vinrent rouler à ses pieds. Pleins de confusion et de rage, les prêtres païens l’attachèrent par les pieds, avec une corde, au taureau destiné au sacrifice, qu’ils lâchent en l’aiguillonnant : le taureau furieux se précipite sur la pente du Capitole, entrainant dans sa course furieuse la sainte victime, dont la tête se brise et le corps est mis en pièce.

     Par sa mort, il scella sa vie, par sa mort, il nous transmet un héritage ; par sa mort, il nous donne un exemple, car Saint Saturnin incarna dans sa personne les meilleures qualités de l’âme occitane, cette intrépidité que rien n’arrêtait ; il fut un modèle parfait des vertus chrétiennes au milieu d’un monde païen. En tant que Saint, Il appartient à l’Église Orthodoxe Universelle, mais c’est un saint de notre pays, notre ascète national, et nous sommes fiers de lui, nous le regardons avec admiration. C’est lui notre gloire, c’est lui notre fierté ! Par sa vie, par sa beauté lumineuse qui ravit les cœurs, il nous exhorte tous à le prier. Il nous porte à accomplir de grands actes au nom du Seigneur et au nom du salut de notre âme.

     Et pour terminer je voudrais rappeler une autre page de notre histoire. Le grand archevêque de Vienne, saint Avit, a gagné le jeune roi Sigismond de Bourgogne, à la foi orthodoxe, et par son zèle apostolique, il négocie sous les influences de la grâce, et à l’aide de la douce sainte Burgonde, Clotilde, ici présente par une fresque, la conversion du roi des Francs. Et il écrira à Clovis ce mot sublime, qui sera mon bouquet spirituel : « Votre Foi, c’est notre victoire ».

     Oui, que notre Foi intègre, orthodoxe, vivante… soit la victoire de Saint Saturnin et notre victoire, à nous humbles missionnaires du Christ. La Sainte Église le priant constamment dans ses tropaires :

          « Fidèles, honorons le protecteur de l’Occitanie, * le saint martyr et grand hiérarque SATURNIN * lui qui délivra nos ancêtres du paganisme. Qu’il protège en ce jour ceux qui l’acclament ainsi : * Gloire au Christ qui t’a glorifié, * gloire à Celui qui t’accorda la couronne du martyre, * gloire à Celui qui fit de toi une colonne de l’Orthodoxie. »

Amen !


29 NOVEMBRE

Mémoire du saint hiéromartyr
SATURNIN ou SERNIN
premier évêque de Toulouse
Œuvre de l’archidiacre Denis, 1997, complétée en avril 2000

VÊPRES

Lucernaire, t. 4

Toulouse fête en ce jour * le martyre de Saturnin, * cet apôtre envoyé par le pontife des Romains * pour évangéliser, dans la Narbonnaise, l’Aquitaine, le nord de l’Ibérie, * le futur peuple des Navarrais et des Castillans, * les habitants de la Gascogne, du Languedoc ; * et l’entière Occitanie * pour la prédication de sa parole rend grâces au Christ notre Dieu.

Orateur sacré, * illuminateur des païens, * baptiste de ceux qui renaissent par l’eau et l’Esprit, * les confirmant par l’onction, * successeur des Apôtres en l’épiscopat, * ordonnant les anciens dans le sacerdoce du Christ, * apôtre lui-même et saint martyr, * tel est Saturnin, dont nous vénérons la mémoire en ce jour.

Un apôtre déjà, * ayant reçu son appel * non des Disciples, mais du Christ directement, * Paul de Tarse, envoyé pour prêcher * la résurrection du Seigneur Jésus * non pas aux brebis d’Israël, mais à toutes les nations, * était passé par la Narbonnaise et l’Ibérie, * mais l’évangélisation de Toulouse fut l’œuvre de Saturnin.

t. 8

Louange au luminaire brillant * qui s’est levé dans la Grèce romanisée * où des parents, dévots de Saturne, lui donnèrent un nom * qui le vouait à un dieu mort, * mais dont la grâce du Christ * a fait le serviteur fidèle du Dieu vivant * et que la puissance de l’Esprit * du Levant fit passer en Occident * pour rendre témoignage au Soleil sans couchant.

Oubliant l’hellénique patrie * et la Rome de son baptême, Saturnin * se fit tout à tous au milieu des Toulousains ; * afin qu’ils puissent s’affranchir * du culte des dieux ténébreux, * il fit descendre sur eux la lumière du Christ ; * là où l’on sacrifiait des taureaux sur l’autel des démons, * il offrit le sacrifice non sanglant * en mémoire de celui qui ôte le péché du monde, Jésus, l’Agneau de Dieu.

Unissons à la louange du Trois-fois-Saint * l’éloge du saint évêque
martyr Saturnin, * rendant grâces à Dieu pour l’efficace apostolat * qui a permis à Toulouse d’exorciser les démons, * de hâter la perte des faux dieux * et de planter sur son capitole l’étendard de la foi, * la croix du Christ, qui depuis mille ans se laisse voir * évidée, cléchée, pommetée * sur la rouge bannière flottant dans le ciel azuré.

Gloire au Père

Sanctifiée par le sang du Martyr, * la capitale du royaume d’Aquitaine, puis du Languedoc et du Comté, * a drainé vers saint Jacques des flots de pèlerins ; * comme le prophète l’avait prédit * et comme le répète la populaire chanson, * les montagnes se sont abaissées pour aplanir le chemin * entre les reliques de l’apôtre Saturnin * et celles du Disciple du Christ, * qui rendent ensemble témoignage à l’amour du Seigneur.

Maintenant… Théotokion

Espérance de tous les chrétiens * et trésor de la Vie nouvelle, réjouis-toi, * purification de nos fautes et renouveau du monde entier ; * réjouis-toi, montagne ombragée par la forêt, * réjouis-toi, colonne de feu * et nuée de la suprême Clarté ; * par ton enfantement tu as éteint * la fournaise des faux dieux, * ô Vierge toute-pure et Mère du vrai Dieu.

Entrée. Prokimenon du jour. Lectures du commun des saints Hiéromartyrs : voir Parémies, pages 137-138.

Apostiches, t. 3

Seigneur, ton évêque martyr * a donné sa vie pour ton troupeau ; * par sa mort il a répandu son propre sang, * au lieu de celui des taureaux, * et il a éteint les holocaustes des faux dieux * pour faire briller ta lumière au triple feu.

Tes prêtres se revêtent de justice
et tes fidèles jubilent de joie.

Les idoles des païens * ont une bouche, mais ne peuvent s’en servir ; * à quoi bon leur offrir la chair et le sang des taureaux, * puisqu’ils ne peuvent boire ni manger ; * et, s’ils n’ont pas d’oreille pour écouter, * il est vain de les invoquer et les prier.

Exultent les saints dans la gloire,
qu’ils jubilent au lieu de leur repos !

Mais le Dieu des dieux, le Seigneur, a parlé, * il ne garde pas le silence, notre Dieu ; * il dit que tout gibier lui appartient, * comme le bétail qui pâture dans les champs ; * à la terre, du levant à l’occident, * c’est un sacrifice de louange qu’il demande uniquement.

Gloire au Père…

Par des cantiques louons le Seigneur, * par des hymnes de louange exaltons-le ; * cela plaît à Dieu plus qu’un jeune taureau ayant cornes et sabots ; * le sacrifice de louange lui rend gloire, et lui seul : * telle est la voie par laquelle il nous accorde son salut.

Maintenant… Théotokion

Réjouis-toi, Vierge pure qui fis poindre le Soleil * sur ceux qui dans les ténèbres gisaient, * réjouis-toi, rempart et protection * de ceux qui accourent vers toi de tout cœur ; * divine splendeur des vierges, réjouis-toi, * et protectrice de tous les chrétiens.

Tropaire, t. 4

Par les premiers Apôtres tu fus envoyé * comme premier évêque de Toulouse, Saturnin ; * dans les ténèbres des païens * tu as porté la lumière du Christ : * intercède auprès de lui pour que nos âmes soient sauvées.

MATINES

Cathisme I, t. 4

Bienheureux l’évêque Saturnin * que le Seigneur a trouvé * les reins ceints et la lampe allumée, * comme un serviteur attendant son retour ; * il l’a fait mettre à table, en vérité, * et s’est avancé pour lui servir * les délices éternelles au royaume des cieux.

Gloire… Maintenant… Théotokion

À celle qui dans le Temple fut nourrie, * dans le Saint des saints, parée de sagesse et de foi * et d’irréprochable virginité, l’archange Gabriel apporta le message des cieux : * Réjouis-toi, Vierge bénie * et de gloire comblée, * le Seigneur est avec toi.

Cathisme II, t. 7

Nous aussi, tenons-nous prêts, * car le Fils de l’homme viendra *
à l’heure où nous n’y pensons pas : * bienheureux serons-nous,
s’il trouve nos esprits éveillés, * prêts à lui ouvrir, en serviteurs
vigilants, * la porte de notre âme, quand il viendra et frappera.

Gloire… Maintenant… Théotokion

Seigneur, nous sommes ton peuple, les brebis de ton bercail : * vers toi ramène tes enfants dispersés ; * sous ta houlette rassemble
les brebis égarées, * de ton troupeau aie pitié, bon Pasteur, * par les prières de la Mère de Dieu, * seul Ami des hommes et Seigneur compatissant.

Après le Polyéléos :

Cathisme, t. 8

Impavide, l’évêque Saturnin * ne s’est pas enfui à l’approche du danger, * il n’a pas abandonné son troupeau à la vue de la Bête cornue, * mais à l’image du bon Pasteur il s’est sacrifié pour ses brebis, * afin qu’en abondance elles trouvent la vie.

Gloire… Maintenant… Théotokion

Mystique porte de notre vie, * Mère de Dieu et Vierge immaculée * délivre de tout danger les fidèles qui accourent vers toi, * afin que nous puissions glorifier ton enfantement * pour le salut de nos âmes.

Prokimenon, t. 7 : Exultent les saints dans la gloire, * qu’ils jubilent au lieu de leur repos ! Verset : Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez sa louange en l’assemblée des saints.

Évangile selon saint Luc : dans l’ Évangéliaire, page 88, n. 67.

Stichère, t. 6

Soyez sans crainte, dit le Seigneur * aux brebis de son troupeau, * imitez en cela votre évêque Saturnin, * que les faux dieux n’ont pas effrayé, * ces dieux imaginaires, qu’il savait inexistants * et qui, selon leurs prêtres, avaient crainte de lui, * comme les démons redoutent le pouvoir du bon Pasteur.

Le canon a pour acrostiche : Sernin, je te décerne un poème. Denis. Autres acrostiches, au Lucernaire : Toulouse, aux laudes : Sernin.

Ode 1, t. 2

Sur lui-même se repliant, * l’élément liquide s’est figé, * laissant en la mer Rouge comme un chemin * pour qu’à pied sec puisse y passer * Israël, chantant la louange du Sauveur * en des cantiques divins.

Gloire : Écoute nos supplications * et demande au Verbe et Sagesse de Dieu * de nous inspirer du haut du ciel * pour que malgré notre indignité * nous puissions en ton honneur, Saturnin, chanter des cantiques divins.

Théotokion : Réjouis-toi, urne du Parfum venu du ciel, * réjouis-toi, ô Vierge ayant reçu * comme toison la divine Rosée ; * fortifie tes serviteurs pour qu’ils puissent te chanter : * Réjouis-toi divine Génitrice qui, pour ceux des ténèbres, as fait briller, * par ton enfantement, l’inaccessible Clarté.

Ode 3

Nous tous qui sommes libres des antiques rets, * puisque sont brisées les dents des fauves dévorants,* ouvrons la bouche pour des chants de joie, * tressant une guirlande de nos hymnes pour louer * le Verbe qui se plaît à nous combler de ses dons.

Gloire : Ils se sont tus, les oracles des faux dieux * et le sang des taureaux cessa de dire l’avenir * à la venue de Saturnin, * qui adorait Dieu le Père, et non le père de Zeus, * et qui fêtait non le samedi, mais le jour du Seigneur.

Théotokion : Notre Dame, tu es l’encensoir d’or * dans lequel la cédule condamnant * notre premier père fut brûlée * au contact du feu divin * de la Braise ardente contenue dans ton sein.

Cathisme, t. 8

Jupiter, de même que Saturne ou Cronos, * dès sa mythique naissance était un faux Vivant : * dans le néant il est retourné grâce à la révélation de la sainte Trinité.

Gloire… Maintenant… Théotokion

Réjouis-toi, qui par la voix de l’Ange as reçu le Joie de l’univers, * réjouis-toi, qui as enfanté ton Créateur et Seigneur, * réjouis-toi, qui fus digne de devenir la Mère du Christ notre Dieu.

Ode 4

Je te chante, Seigneur, car j’ai ouï ta voix * et suis rempli d’effroi, * car jusqu’à moi tu es venu, * vers la brebis perdue «que tu cherchais, * et c’est pourquoi je glorifie * ta condescendance envers moi.

Envoyé par le pontife des Romains * avec six autres porteurs de la lumière du Christ, * en Arles Saturnin reçut la mission * d’évangéliser la Narbonnaise, l’Aquitaine et les nord de l’Ibérie * pour les conduire des ténèbres à la clarté * du Soleil sans couchant.

Gloire : Toulouse eut l’honneur de devenir * le siège épiscopal de
l’apôtre Saturnin * et le saint évêque amena, parmi les païens, *
les meilleurs à confesser le vrai Dieu, * à se détourner des fausses
divinités * et, par le baptême, à renaître dans le Christ.

Théotokion : En ton sein, divine Mère, tu as abrité * le Fils qu’avant les siècles le Père engendre éternellement : * il est devenu un homme parfait * et comme source de grâce t’a montrée * à nous les fidèles qui nous prosternons * devant ton ineffable enfantement.

Ode 5

Dans ma détresse, je me souviens de toi : * Seigneur mon Dieu, * rachète-moi, protège-moi, * car je m’en vais, tout affligé, * tandis que me harcèle l’ennemi ; envoie ta lumière et par miséricorde sauve-moi, * faisant descendre sur moi ton amour.

Gloire : Exhortant, proclamant la parole et insistant, * le saint Évêque augmenta * son troupeau parmi les Toulousains, * tandis que les prêtres des faux dieux * virent diminuer le nombre des païens, * qui abandonnèrent les idoles et les sacrifices de taureaux * pour célébrer les noces de l’Église et de l’Agneau.

Théotokion : Comme on le chante dans le psaume de David, * c’est en reine que tu te tiens * à la droite du grand Roi * qui de ton sein a resplendi : * Vierge immaculée, implore-le * pour qu’à sa droite au jour du jugement * il me place, moi aussi.

Ode 6

Encerclé par l’abîme de mes péchés, * j’invoque l’abîme insondable de ta compassion ! * de la fosse, mon Dieu, relève-moi.

Rejetant toute crainte, Saturnin * faisait fi des menaces des païens, * les démons ne pouvant lui ravir son âme avec sa vie.

Gloire : Ne pouvant supporter la défaite de leurs dieux, * les prêtres se saisirent de Sernin * qui, devant les menaces de mort, confessa le Christ, notre Vie.

Théotokion : En toi, Vierge pure, nous reconnaissons * la source
dont s’est écoulée la Vie * pour que nous y puisions le flot de l’immortalité.

Kondakion, t. 6

Tu n’as pas craint les faux dieux des païens, * effrayés plutôt par ta lumière, Sernin ; * ceux qui sacrifiaient à ces démons, * pour la mort de leur âme, des taureaux * te firent traîner par l’un de ces animaux * jusqu’aux marches du Capitole, où ton chef, se brisant, * fit éclater la puissance de Satan * et, comme tête des fidèles édifia pour toujours, * à la gloire du Père, sous la mouvance de l’Esprit, * l’Église toulousaine du Christ notre Dieu.

Ikos

Moi qui adore le seul Dieu véritable, dit Saturnin * aux prêtres des fausses divinités, * comment voulez-vous que je sacrifie * à des idoles faites de pierre, de métal et de bois ? * Car ils ont des yeux et ne voient pas, * ils ont des oreilles et n’entendent pas ; * leur bouche ne leur permet pas de parler * ni leurs pieds de se déplacer. * Comment pourrais-je les craindre, alors que ces démons * sont effrayés par la lumière de la sainte Trinité ? * Détruisez le temple de mon corps * et vous verrez éclater la puissance de Satan, * brisez ma tête et sur le roc de la foi * à la gloire du Père s’affermira pour toujours, * et sous la mouvance de l’Esprit, * l’Église toulousaine du Christ notre Dieu.

Synaxaire

Le 29 novembre, mémoire du saint hiéromartyr Saturnin ou Sernin, illuminateur de la Narbonnaise et premier évêque de Toulouse.

Comme apôtre martyr et pontife, Sernin auprès des grands n’est pas ce qu’on appelle un nain.
Le vingt-neuvième jour de novembre, Toulouse vénère en Saturnin le treizième des Douze.

Saint Saturnin est mort à Toulouse en 250, lors de la persécution de Dèce. Il fut lié par les prêtres païens à la queue d’un taureau destiné au sacrifice et traîné par lui hors du temple. Sa tête se brisa sur les marches du Capitole.

Par ses prières, ô Christ notre Dieu, aie pitié de nous et sauve- nous.
Amen.

Ode 7

Une brise porteuse de rosée * humecta la fournaise ardente et incita * les Jeunes Gens à louer Dieu en chantant: * Dieu de nos Pères, sois béni.

Nous les chrétiens, disait à ses disciples Saturnin, * nous ne pouvons aimer le prince de ce monde et le Seigneur : * puisque du Tout-autre est ennemi le premier, * choisissons le meilleur.

Gloire : Pénétrés des mêmes sentiments * qui furent ceux du Christ Jésus, * poursuivait Sernin, prions pour ceux * qui nous calomnient, nous dépouillent et nous tuent.

Théotokion : Ô Vierge, le buisson du Sinaï * préfigure la merveille de ton enfantement, * car tu n’as pas brûlé, toi qui reçus avec foi * dans ton sein le feu de la Divinité.

Ode 8

Elle te chante, Verbe Créateur ; * comme servante, l’entière création, * et t’exalte par-dessus tout * dans les siècles des siècles.

Mieux vaut ne pas s’attacher aux choses d’ici-bas, * qui sont corruptibles et de peu de durée, * et rechercher les biens à venir * qui sont vrais, solides et non sujets à corruption.

Bénissons le Seigneur, Père, Fils et saint Esprit.

Enviable nous paraît la condition * des martyrs livrés à la rage des tyrans * et aux affres de la corporelle mort, * si nous l’examinons avec les yeux de la foi.

Théotokion : Demeurant vierge, Toute-pure, tu as enfanté * en une seule personne et deux natures le Christ * que nous célébrons en psalmodiant : * Bénissez Dieu, exaltez-le dans tous les siècles.

Louons, bénissons le Seigneur, prosternons-nous devant lui, le chantant et l’exaltant dans tous les siècles.

Ode 9

En esprit, grâce au buisson du Sinaï * Moïse a préfiguré, * Toute-pure, ta divine maternité ; * devant elle nous prosternant, * c’est toi-même que nous magnifions.

Noblement deux femmes ont recueilli,* au mépris du danger, * les restes du Martyr * qui réduisit au silence les faux dieux * en proclamant la parole du Verbe divin.

Gloire : Immortelle demeure à tout jamais * la mémoire du saint apôtre Saturnin : * les dieux sont morts, et lui, faisant des miracles depuis le ciel, * il nous montre qu’il vit dans le Christ.

Théotokion : Seule en toute la lignée d’Adam, tu as mérité de concevoir * celui que ne peut contenir l’entière création ; * aussi, te vénérant avec foi, * c’est ta maternité divine que nous magnifions.

Exapostilaire, t. 3

La victoire de Saturnin sur les faux dieux * a fait luire sur les habitants de Toulouse la clarté * que le Christ, par sa résurrection,
a fait lever * sur ceux qui gisaient dans les ténèbres de la mort ; * désormais ils ont pu chanter l’unique et triple splendeur * du Dieu véritable, qui est Un dans la divine Trinité.

Gloire… Maintenant… Théotokion

À juste titre nous te reconnaissons pour la Mère de Dieu, * nous qui sommes sauvés grâce à toi ; * car ineffablement tu as conçu * le Dieu qui par sa croix nous délivre de la mort, * entraînant à sa suite le cortège des Saints, * avec lesquels nous célébrons ta gloire, ô Vierge immaculée.

Laudes, t. 5

Saint évêque de Toulouse et martyr Saturnin, * tu nous combles de joie, nous qui glorifions ta mémoire sacrée.

En ce jour où nous célébrons ton lumineux souvenir, * nous rendons grâces à Dieu pour ta venue parmi nous.

Relisant, Sernin, le récit de tes combats, * nous sommes remplis
d’admiration, victorieux martyr, pour tes exploits.

Gloire au Père…

N‘éprouvant nulle crainte envers les imaginaires divinités, * dans le Dieu véritable tu as gardé ta confiance, Saturnin.

Imitateur de la passion de ton Dieu, * courageux pontife, donne-nous d’avoir part à sa sainte résurrection.

Maintenant… Théotokion

Nous t’implorons, Vierge bénie, comme la Mère de Dieu : * intercède auprès de lui pour que nos âmes soient sauvées.

À la Liturgie, commun d’un saint Hiéromartyr : voir dans l’Apôtre, à la page 20. Évangile selon saint Jean : dans l’Évangéliaire, page 151, n. 36.

Saturnin, fils d’Égée, roi d’Achaïe, naquit à Patras. Il fut le disciple de saint Jean-Baptiste et de Jésus-Christ. Le prince des apôtres l’associa d’abord à ses travaux, puis le sacra évêque, et l’envoya dans les Gaules avec saint Papoul. Partout où il passa, notamment à Arles, à Nîmes, à Carcassonne, à Toulouse, Saturnin convertit un grand nombre de païens, construisit des églises, ordonna des prêtres et des diacres. La moitié de la population de Toulouse embrassa le christianisme. Confiant cette Église naissante à ses disciples Papoul et Honneste, l’apôtre se rendit à Villa-Clara (Auch), où il fit bâtir, sur les bords du Gers, une petite église en l’honneur de saint Pierre.

Il évangélisa ensuite Eauze, en nomma évêque saint Paterne, et revint à Toulouse. Il passa en Espagne, convertit Pampelune, baptisa quarante
mille infidèles, et alla jusqu’à Tolède. Ayant
laissé Honneste pour gouverner cette chrétienté, il repassa les Pyrénées, annonça la foi aux Vascons et aux Convènes (Comminges), érigea un autel à la Vierge Marie à Lugdunum (Saint-Bertrand) et bâtit une église en l’honneur de saint Pierre, dans un lieu appelé le Mas (le Mas-Saint-
Pierre, Saint-Gaudens). Ayant appris que saint Papoul venait d’être martyrisé à Toulouse, il se rendit dans cette ville où il ne tarda pas d’être arrêté, enchaîné, trainé au Capitole. On le somma de sacrifier aux idoles. Sur son refus, il fut dépouillé de ses vêtements, flagellé, conspué, couvert de crachats comme son divin Maître. Alors les idoles s’écroulèrent et vinrent rouler à ses pieds.

Pleins de confusion et de rage, les prêtres païens l’attachent par les pieds, avec une corde, au taureau destiné au sacrifice, qu’ils lâchent
en l’aiguillonnant : le taureau se précipite sur la pente du Capitole, entraînant dans sa course furieuse la sainte victime, dont la tête se brise
et le corps est mis en pièces.

Visite des élèves du Collège Sainte Marthe

Église Saints Martial & Eutrope 35, rue Peyronnet 33800 BORDEAUX

Le 14 novembre, en début d’après-midi, les élèves du collège très renommé Sainte Marthe de Périgueux, sous la direction de Sophie LEFEBRE, ont visité notre église Sts Martial & Eutrope de Bordeaux, accueillis par le Recteur de la paroisse, Père Alain qui a répondu aux questions que posaient ces jeunes chrétiens.

Je pense que tout ce qui est vivant, tout ce qui est vrai dans ce monde dépend de la Lumière Divine, de la Lumière de l’Amour Divin. Les Saints Pères disaient que si la Grâce Divine abandonnait le Monde, celui-ci disparaîtrait aussitôt. Puisque le monde continue à vivre cela veut dire que la Lumière existe et il y a donc l’espoir du salut pour les âmes qui vont vers Dieu. Lorsque l’homme se consacre entièrement à son Créateur, au moment où Dieu le touche en particulier, cette lumière se manifeste dans toute sa vigueur et donne aux autres la force de vivre.

Archiprêtre André Léméchonok

Fête de la Paroisse de Nérac

Mes Bien Chers Frères en Christ,

     La dévotion aux Saints Anges et aux Saints sont de celles qui se recommandent le plus à tous les chrétiens, en raison de leur mission qu’ils remplissent auprès de nous. Parmi eux, il en est qui se désignent très spécialement à notre culte; c’est le Prince de la Milice céleste, Saint Michel, et la vierge martyre Foy de l’Agenais et de l’Albret. Comme chrétiens et comme français, nous avons à leur faire une part dans notre piété, et c’est pour cela que cette église de Nérac est sous le patronage des deux.

     Nous devons les honorer d’abord en tant que chrétiens.

     Vous savez le rôle que l’Archange a joué à l’origine des temps. À la tête des cohortes angéliques, il a vengé les droits de Dieu outragés par la révolte de Lucifer et de ses partisans.

Depuis lors, la lutte commencée au ciel s’est continuée sur la terre. C’est là que les démons se réfugient pour y dévorer leur honte et assouvir contre Dieu, contre Jésus Christ, contre la Mère de Dieu, contre l’Église, leur implacable haine. Dans leur effroyable infortune, ils ne goûtent plus d’autre volupté que celle de faire des révoltés, de pervertir toute intelligence, tout cœur, toute volonté, de s’assurer des complices pour la destruction de cette «Femme» immortelle dont parle St Jean dans son Apocalypse, et qui se nomme l’Épouse du Christ, l’Église.

     Et la lutte n’a pas cessé au long des âges, elle se poursuit toujours plus acharnée, plus savante de nos jours. Tandis qu’à la suite des persécutions des premiers siècles elle s’était localisée sur quelques points du globe, de nos jours, c’est de toutes parts qu’elle se déchaîne, ici ouverte, là hypocrite et sournoise, partout avec une fureur telle que nous pouvons nous demander si ce n’est pas l’heure dont parle la liturgie.


     Afin de la soutenir dans cette terrible guerre, Dieu a confié son Église à la protection de St Michel, et notre région à celle de Sainte Foy. Dès le VIIème siècle St Grégoire le Grand disait : «Chaque fois que, dans l’Église, un acte de vaillance s’accomplit, c’est, d’après la tradition, à Saint Michel qu’on l’attribue.»

     Il n’y a donc pas à s’étonner de la place d’honneur qui lui est faite dans la Liturgie. Deux fêtes lui sont consacrées: celle de son Apparition au Mont-Gargan, en Italie, le 8 mai 61O, et où nous avons accompagné un groupe de 50 fidèles de notre Fraternité, et celle que nous célébrons aujourd’hui, et qui est fêtée au Mont Saint Michel, entre Bretagne et Normandie. Nous croyons en effet à l’action de Satan et de ses suppôts, à travers le monde, et en même temps nous savons que l’Archange est indiqué comme sauvegarde contre  leur méchanceté et contre leurs embûches.

     Nous, fils et filles de France, nous avons en outre une raison nationale d’honorer et de prier St Michel, c’est qu’il est le défenseur attitré de notre Patrie.

     Chaque nation a son ange tutélaire. Or, depuis longtemps, nos pères ont choisi St Michel comme patron de la France. En 709, dans l’Église indivise, il apparaissait sur un rocher aride, qui surgit, tel un géant, au milieu des flots de l’Atlantique. Il demandait qu’une chapelle lui fût bâtie. Des prodiges s’y accomplirent. À la fin de ce même VIIIème siècle, Charlemagne y vint en pèlerinage, peu après, il fit proclamer l’Archange : « Patron et Prince de l’Empire des Gaules », et il voulut que son image fût peinte sur ses étendards. À partir de ce moment, St Michel devint et se montra le soldat de la France, contre les incursions des Anglais en particulier et de tout ennemi de notre terre sacrée.

     Qui ne voit que dans les circonstances présentes, en plein paganisme où notre terre est vendue, le recours à St Michel s’impose à tout chrétien français ? Si notre territoire n’est plus envahi comme aux siècles passés, il reste toujours fortement menacé par la perversion des mœurs, l’appât des gains mal gagnés, l’immoralité légalisée et nous n’avons pas tout vu dans certaines lois que l’on voudrait nous imposer.

     Mais c’est surtout à l’intérieur, comme au temps de Jeanne d’Arc, que des factions perverses se disputent le pays et mettent en péril son existence même. Satan met la division dans tous les rangs de la société, affaiblit par tous les moyens le sens religieux, le sens moral et jusqu’au patriotisme lui-même dont on n’ose plus même citer le nom.

     La dévotion à St Michel et à Ste Foy est donc, pour les chrétiens de France et de notre Province, plus opportune que jamais, puisque notre patrie et notre région sont des points stratégiques des forces du mal.

     Aussi bien, tournons-nous vers le Prince de la milice céleste et notre Sainte Martyre: redisons-leur avec toute notre confiance la prière quotidienne: qu’ils daignent refouler les forces du mal, le démon des discordes et de l’immoralité; qu’ils daignent nous aider à regagner les hauteurs dans la paix, pour la grandeur de la France, de l’Aquitaine et du Languedoc et pour le triomphe de l’Église.    Amen

Sermon de Saint Grégoire le Grand pour la fête de l’Archange Saint Michel

Le témoignage des saintes Écritures nous apprend qu’il y a neuf chœurs d’Anges, les Anges, les Archanges, les Vertus, les Puissances, les Dominations, les Trônes, les Chérubins et les Séraphins. Le nom des Anges et des Archanges se trouve à presque toutes les pages du Livre saint. Les prophètes nomment souvent les Chérubins et les Séraphins. L’apôtre saint Paul nomme quatre autres ordres d’Anges, dans son épître aux Éphésiens: Au-dessus de toute principauté, de toute puissance, de toute vertu et de toute domination. (Éphes. 1. 21.) Il dit encore en écrivant aux Colossiens: Soit les Trônes, ou les Puissances, ou les Principautés, ou les Dominations. Voilà donc les neuf ordres d’Anges.

L’ Ange fut créé le premier. Dieu lui dit par le Prophète : Tu es le sceau de ma ressemblance; je t’ai placé, rempli de sagesse et de gloire, au milieu des délices de mon paradis. (Ezéch. XXVIII. 22 et 13.) Remarquons ici que l’Ange n’a pas dit, fait à la ressemblance de Dieu, mais le sceau de sa ressemblance. Plus sa nature est pure et subtile, plus elle retrace avec perfection l’image divine. Le Prophète ajoute bientôt après: Vous êtes revêtu de toute sorte de pierres précieuses: on voit briller autour de vous la cornaline, la topaze, le jaspe, la chrysolithe, l’onyx, le béryl, le saphir, le diamant et l’émeraude. Par ces neuf sortes de pierres précieuses, le Prophète désigne clairement les neuf ordres d’Anges. Cette énumération des différents cœurs d’Anges serait oiseuse, si nous n’exposions en même temps leurs diverses attributions.

Le nom d’Anges en grec veut dire envoyés, et celui d’Archanges messagers suprêmes. Le nom de ces esprits célestes leur vient donc, non de leur nature, mais de leurs fonctions. Ces habitants de la divine patrie ne portent pas au ciel ce nom; ils ne l’obtiennent que lorsque Dieu les envoie annoncer ses volontés. Il fait, dit le Psalmiste, des Esprits ses Anges (Ps. CIII. 4); c’est-à-dire, que ceux qui sont toujours des Esprits deviennent, quand il veut, ses messagers. Les Anges sont ceux qui annoncent les évènements ordinaires, les Archanges sont les messagers des grands évènements. Aussi n’est-ce pas un Ange, mais l’archange Gabriel que Dieu envoie à la Mère de Dieu. Il était juste de faire porter par le plus éminent des esprits célestes la nouvelle du plus auguste des mystères. Quelques-uns de ces esprits sont désignés par l’Écriture sous des noms particuliers, qui servent à indiquer les missions qu’ils ont à remplir. Dans la cité sainte, que remplit toute entière la science et la vision de Dieu, les Anges ont chacun leur nom qui sert à les distinguer l’un de l’autre; mais lorsqu’ils viennent apporter quelque nouvelle à l’homme, ils prennent un nom en rapport avec le service qu’ils font. Michel veut dire: qui est comme Dieu ?


Gabriel signifie force de Dieu et Raphaël, remède de Dieu. Michel est donc envoyé toutes les fois qu’il s’agit de quelque acte éclatant, afin de faire comprendre que nul ne peut lutter avec Dieu. Le vieil ennemi avait voulu par orgueil se rendre semblable à Dieu; il avait dit: Je monterai au ciel, je siégerai sur la montagne de l’alliance, dans les flancs de l’Aquilon; je monterai sur la hauteur des nues et je serai semblable au Très-Haut. (Isaïe XIV. 13.) Mais à la consommation des temps, il sera abandonné à ses propres forces, il subira un terrible châtiment, l’archange Michel combattra contre lui, au témoignage de saint Jean: II y eut alors un combat avec l’archange Michel. (Apoc. XII. 7) Dans son orgueil il avait voulu s’égaler à Dieu; terrassé par Michel, il apprendra que, par l’orgueil, personne ne peut se rendre semblable à Dieu.

Gabriel, dont le nom signifie force de Dieu, est envoyé à la Mère de Dieu. Il venait annoncer en effet l’avènement de Celui qui daigna paraître faible, pour briser les puissances de l’air, de Celui dont parle ainsi le Psalmiste: Ouvrez vos portes, ô princes, ouvrez-vous, portes éternelles, afin de livrer passage au roi de gloire. Qui est ce roi de gloire ? C’est le Seigneur fort et puissant, le Seigneur puissant dans le combat. Il ajoute: Le Seigneur des vertus est le roi de gloire. (Ps. XXIII, 9) Il appartenait donc à la force de Dieu d’annoncer le Seigneur des vertus, le Seigneur puissant dans le combat, qui venait livrer bataille aux puissances de l’air. Nous avons dit encore que Raphaël signifie remède de Dieu. En effet il est envoyé à Tobie pour guérir son aveuglement en lui touchant les yeux. Sa mission de guérir justifie donc le nom que lui donne l’Écriture.

Après avoir interprété le sens du nom des Anges, il nous reste à expliquer les dénominations que portent les différents ordres de ces esprits célestes. Le nom de Vertus désigne ceux dont Dieu se sert le plus souvent pour opérer ses prodiges et ses miracles. On nomme Puissances ceux qui ont plus spécialement que les autres le pouvoir de soumettre les puissances ennemies, et de les empêcher de prévaloir, par leurs tentations, sur le cœur des hommes autant qu’ils le voudraient. Les Principautés sont ceux qui commandent aux autres esprits de la hiérarchie céleste. Ils prescrivent aux Anges qui leur sont soumis ce qu’il doivent faire, et les envoient remplir leurs divines fonctions. Les Dominations sont plus élevées encore: La principauté indique en effet le premier rang parmi les autres, la domination désigne une autorité absolue. Ces phalanges angéliques sont donc appelées Dominations, en raison de la soumission et de l’obéissance que leur doivent les autres cohortes de la milice des cieux. Les Trônes sont les esprits que Dieu a élevés comme juges au dessus de tous les autres. En latin, le mot de trône signifie siège. Ils sont donc appelés les Trônes de Dieu ceux qui son comblés d’une grâce divine si abondante, que le Seigneur siège en quelque sorte sur eux, et rend par eux ses jugements. Tu sièges sur le trône, ô Toi qui juge avec équité. (Ps. IX, 5.) Le nom de Chérubin signifie plénitude de la science. Il appartient aux esprits les plus sublimes, remplis d’une science d’autant plus parfaite qu’ils contemplent de plus près la splendeur de Dieu. De même, parmi les hommes, on acquiert plus de science, à mesure que le mérite fait approcher davantage de la vue du Créateur. On appelle Séraphins ces esprits célestes placés si près de Dieu, qu’ils en sont enflammés du plus vif amour. Ce nom veut dire ardents et embrasés. Ils approchent Dieu de si près, qu’il ne se trouve entre eux et lui aucun autre esprit ; et c’est cette proximité qui les enflamme de tant d’ardeur. Plus en effet on contemple distinctement la splendeur de sa divinité, plus les cœurs sont brûlés de son amour.
Mais de quelle utilité, mes Frères, serait cette dissertation sur les esprits angéliques, si nous n’y trouvions des considérations propres à favoriser notre progrès dans la vertu ? La cité céleste se compose d’Anges et d’hommes, et suivant une sainte tradition, il doit y entrer autant d’hommes qu’il y a eu d’Anges fidèles. Les nations, dit l’Écriture, ont été limitées selon le nombre des Anges. (Deut. XXXII. 8.) Nous devons donc, de ces distinctions établies entre les différents ordres d’Anges, tirer quelques conclusions qui soient pour nous d’une utilité pratique, et qui nous enflamment d’un saint zèle pour avancer dans la perfection. Puisque les hommes doivent se trouver en même nombre que les Anges dans la céleste patrie, ils devront être distribués comme eux dans les rangs d’une même hiérarchie et cette répartition doit encore se reconnaître sur la terre, parmi les justes.

Un très grand nombre ne reçoivent que des grâces peu étendues, et néanmoins ils ne cessent de les annoncer pieusement à leurs frères. Ils remplissent ici-bas le rôle d’Anges. Quelques-uns ont été comblés plus abondamment des faveurs divines : les grands mystères du ciel leur ont été révélés et ils les annoncent. Nous leur assignerons un rang correspondant à celui des Archanges. Il en est d’autres qui chassent les malins esprits des corps des possédés, et qui les dispersent par la vertu de leurs prières et par le pouvoir tout spécial qu’ils ont reçu de Dieu. Ce sont en quelque sorte les Puissances de la terre.
D’autres encore s’élèvent par leur mérite au-dessus des élus. Ils sont meilleurs que les bons et ils ont le premier rang parmi les justes. Ce sont les Principautés. Quelques-uns se sont les Dominations. C’est pour cela que Dieu dit à Moïse : Je t’ai établi comme le Dieu de Pharaon. Il en est
d’autres qui, se maîtrisant eux-mêmes par une vigilance attentive et pesant toutes leurs actions avec une inquiète sollicitude, toujours pénétrés de la crainte de Dieu, reçoivent en récompense de leurs mérites l’insigne faveur de juger les autres. Pendant que leurs esprits sont plongés dans la contemplation divine, le Seigneur résidant en eux comme sur son trône, examine les actions des autres hommes, et, par ses jugements, règle toutes choses d’une manière admirable. Ne devons-nous pas les appeler les Trônes de leur Créateur ? Ne doivent-ils pas prendre place parmi les trônes célestes? D’autres sont remplis d’un si vif amour pour Dieu et le prochain, qu’ils méritent justement le nom de Chérubins. Ce nom, nous l’avons déjà dit signifie plénitude de science; et l’apôtre saint Paul nous apprend que la plénitude de la loi est la charité. Tous ceux donc qui sont vivement enflammés que les autres d’amour de Dieu et du prochain, qu’ils méritent d’être élevés au rang des Chérubins. D’autres, enfin, embrasés du feu divin de la contemplation, soupirent uniquement après leur créateur. Ils ne désirent plus rien en ce monde; ils n’ont plus d’amour que pour les biens éternels; ils rejettent avec mépris toutes les richesses de la terre; leur esprit s’élève au-dessus de tous les biens temporels; enflammés de zèle et d’amour, ils ne trouvent de repos que dans la satisfaction de leur ardeur. Ils brûlent d’amour, et leurs paroles enflamment les autres; tous ceux qui entendent leur voix sont aussitôt embrasés d’amour pour Dieu. Ne sont-ils pas de vrais Séraphins, eux dont le cœur est cette flamme dévorante, qui éclaire aux yeux de l’esprit les célestes demeures, et qui purifie et consume toute iniquité !

Ô mes très-chers Frères, pendant que je vous parle, rentrez en vous-mêmes; scrutez avec attention toutes vos œuvres, toutes vos pensées les plus secrètes; voyez si vous avez au-dedans de vous quelque chose de bon, si vous méritez d’être admis dans un de ces ordres, dont je viens de vous faire une énumération rapide. Malheur à l’âme qui ne se reconnaît dans aucun des trais du tableau que j’ai tracé; malheur surtout à celle qui reconnaît, sans en gémir, qu’elle est privée de tout mérite. S’il en existe parmi vous, mes Frères, gémissons sur elle, gémissons de son insensibilité. Que la contemplation des faveurs reçues par les élus fasse naître en vous le désir de vous élever par votre mérite à la même dignité. Que celui qui ne reconnaît pas en lui-même le don de grâces, s’en afflige sincèrement. Que celui qui se voit moins favorisé que les autres, ne conçoive contre eux aucun sentiment d’envie; car dans la hiérarchie céleste, les différents ordres sont subordonnés les uns aux autres.

Saint Denis l’aréopagite, l’un des plus anciens et des plus vénérables pères de l’Église, rapporte que les missions extérieures sont remplies par les derniers rangs de la milice angélique, et que ce sont les Anges et les Archanges qui viennent, d’une manière visible ou invisible, apporter aux hommes les consolations de Dieu. Les ordres supérieurs ne quittent jamais le séjour du ciel; les onctions dont ils sont chargés ne s’exercent pas au dehors. Un passage du prophète Isaïe semblerait contredire cette assertion: Un des Séraphins vola vers moi, tenant à sa main un charbon qu’avec des tenailles il avait enlevé de l’autel, et il en toucha ma bouche. (Isaïe VI.6.) Mais le prophète veut indiquer ici que les esprits envoyés par le Seigneur tirent parfois leur nom de la mission qu’ils remplissent. Cet Ange, qui va prendre sur l’autel un charbon pour purifier les péchés de la langue porte ici le nom de Séraphin, qui signifie embrasement. Nous citerons à l’appui ce passage de Daniel: Des milliers de milliers d’Anges le servaient, et un million de centaines de mille l’entouraient. (Dan. VII. 10.) Il y a ne différence entre servir et entourer; ceux-là le servent, qui sont auprès de nous les messagers de ses ordres; mais eux qui l’entourent, jouissent d’une contemplation si profonde que Dieu ne les envoie jamais au dehors.


L’Écriture nous parle bien de certaines choses faites soit par les Chérubins, soit par les Séraphins; mais est-ce par eux-mêmes ou par les ordres d’Anges qui leur sont soumis, qu’ils accomplissent ces choses, c’est une question que nous ne voudrions trancher ni dans un sens, ni dans l’autre en l’absence de preuves concluantes. Ce que nous savons toutefois d’une manière certaine, c’est que souvent les esprits célestes en envoient d’autres accomplir quelque mission divine. Ainsi nous trouvons ce passage dans le prophète Zacharie : Voici que l’Ange qui parlait en moi, s’en allait; et voici qu’un Ange venait à sa rencontre, et lui dit: Cours, et va dire à cet enfant que la nouvelle Jérusalem ne sera pas entourée de murs. (Zach.II.3)

Ces mots cours et va dire ne laissent aucun doute sur ce point. Or ce sont les ordres inférieurs qui sont envoyés et les ordres supérieurs qui envoient.

Les missions extérieures que les Anges remplissent auprès de nous, ne les détournent pas cependant de la contemplation intérieure. Tout en venant sur la terre, ils n’en restent pas moins autour du trône de Dieu. En effet, si l’esprit angélique est limité, l’Esprit suprême, Dieu n’a point de limites. Pendant leurs missions, les Anges sont toujours devant lui; car ils rencontrent Dieu partout où ils dirigent leur vol et toujours ils sont en lui.

Il faut remarquer aussi que souvent les Anges d’un ordre empruntent le nom de l’ordre voisin. Nous avons dit que les Trônes, c’est-à-dire, les sièges de Dieu constituent spécialement l’ordre des Esprits bienheureux; et cependant nous trouvons dans le Psalmiste: Apparaissez, ô Toi, qui siégez sur les Chérubins. (Ps. LXXIX. 2.) Il y a ici confusion de termes, confusion produite par le voisinage et les traits de ressemblance de ces deux ordres. C’est ainsi que dans une grande ville, il est certaines attributions qui, bien que communes à tous les citoyens, sont plus spécialement l’apanage d’une certaine classe. De là une dénomination qui, tout en pouvant s’étendre à tous, les désigne d’une manière particulière. Le terme de Séraphin signifie embrasement; tous les Anges cependant brûlent à la fois d’amour pour leur Créateur. Chérubin désigne plénitude de science; or qui peut ignorer quelque chose dans ce séjour où tous jouissent en même temps de la vue de Dieu, qui est la source de la science ? Les Trônes sont ces légions célestes où réside le Créateur; mais personne ne peut-être heureux, si son Créateur ne réside
pas sans cesse en son cœur. Enfin les attributions diverse auxquelles tous participent en général, servent à désigne particulièrement ceux qui les possèdent d’une manière plus spéciale. Car si quelques ordres semblent avoir des privilèges que n’ont pas les autres, comme les Dominations et les Puissances, par exemple, cependant en général, tout au ciel appartient à tous, et l’Esprit de charité les comble tour-à-tour des mêmes faveurs.

Mais tandis que nous explorons les célestes demeures et que nous en sondons les sublimes mystères, nous nous laissons écarter de notre but. Aspirons donc à la félicité de ces Esprits bienheureux, mais rentrons aussi en nous mêmes. Souvenons-nous que nous sommes chair ; et au lieu d’interroger curieusement les secrets du ciel humilions-nous aux yeux de notre Créateur, et avec la main de la pénitence, effaçons les taches de notre corruption.

Amen.