Les Rogations

FÊTE DES ROGATIONS

Rogations, du latin « rogatio », veut dire une prière de demande. « Les Rogations » sont une prière de demande liturgique, accomplie par la Communauté chrétienne à une époque de l’année fixée au printemps, les trois jours avant l’Ascension.

Elles ont pour objet de demander à Dieu un climat favorable, une protection contre les calamités et sont accompagnées d’une bénédiction de la terre, des arbres, des arbustes, des plantations, des champs et des instruments de travail.

Les Rogations ont été instituées vers 474 par Saint Mamert, à l’époque où peuvent survenir les dernières gelées, les plus dangereuses pour la végétation.

A l’époque, il y avait des calamités de tout ordre, non seulement agricoles, mais aussi tremblements de terre, destructions, incendies et guerres. Saint Mamert, archevêque de Vienne-en-Dauphiné, proposa donc au peuple chrétien trois jours de prières, processions, litanies et jeûne. Plus tard, Charlemagne suivait lui-même à pied cette procession. Les rogations, en tout cas, avaient été étendues à toute la Gaule Romaine par Sidoine Apollinaire à Clermont et Césaire d’Arles dans son diocèse. Les Conciles d’Orléans en 511, de Tours et de Lyon en 567 ordonnent de les célébrer, et unifient leur date aux trois jours précédant l’Ascension.

L’Archimandrite DENIS né au ciel près de la Basilique St Gény de Lectoure, au-milieu de ses frères, le 18 juin 2008, et qui attend la Résurrection au Cimetière du Saint Esprit, fut un grand liturge et a traduit en de nombreuses langues, il en connaissait seize, tous les Offices orthodoxes très nombreux et qui sont utilisés notamment dans les paroisses francophones.  Les Pères du Monastère poursuivent cette tradition millénaire et utilisent la version du Père Denis pour cette procession au-milieu de la végétation du Monastère, comme le montre la photo ci-dessous à l’instar de la gravure de Saint Mamert.

Procession autour des champs ensemencés

Tout d’abord on célèbre à l’église un office d’intercession. Quand on commence à chanter le canon, on sort de l’église et l’on va vers les champs. Arrivés à la première station, le Prêtre et les Chantres s’arrêtent, se tournent vers l’orient, et l’on dit ou change le psaume 84.

Psaume 84

Tu aimes ton pays, Seigneur, * tu fais revenir les captifs de Jacob.                            Tu pardonnes à ton peuples ses torts, * tu jettes un voile sur tous ses pêchés.    Tu mets fin à ta colère,* tu réfrènes l’ardeur de ton courroux.                        Fais-nous revenir, Ô Dieu, notre salut,* détourne de nous ta fureur.                    Seras-tu pour les siècles irrité contre nous,* ta colère durera-t-elle de génération en génération ?                          O Dieu, c’est toi qui reviens nous vivifier,* et ton peuple en toi se réjouit.                                                                        Montre-nous, Seigneur, ton amour,* accorde-nous le salut.                                          J’écouterai ce que dit en moi le Seigneur notre Dieu.* car il parle de paix à son peuple, à ses fidèles,* à ceux qui reviennent à lui de tout cœur.                              Son salut est proche de ceux qui le craignent,* sa gloire habitera notre pays.        Amour et Vérité se rencontrent,* Justice et Paix s’embrassent.                                      La vérité se lève sur la terre,* la justice se penche du haut du ciel.                        Car le Seigneur accordera ce qui est bon* et notre terre va produire son fruit.  Justice marchera devant lui* et ses pas traceront le chemin.

Le Prêtre :                                                                  Prions le Seigneur.

Seigneur tout-puissant, Dieu d’avant les siècles, Père de miséricorde, abaisse ton regard, nous t’en prions, sur nos besoins de chaque jour, et accorde-nus des récoltes suffisantes pour notre existence.   Magnifie en notre faveur ton nom très-saint, et répands sur nos jardins, nos vignes et nos champs ton abondante bénédiction, afin que tous les travaux de tes serviteurs fassent fructifier pleinement nos arbres et nos plantations. Détourne de nos confins, Dieu de miséricorde, la colère du ciel, le gel, la tempête, la grêle, les averses, les inondations et tout malheur pouvant endommager ce dont les hommes ont besoin.

Car tu es notre Dieu, et nous te rendons gloire, Père, Fils et saint Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Amen.

Le Prêtre : Sagesse, debout, écoutons le saint Evangile. Paix à tous.

Lecture de l’Evangile selon saint Matthieu

(12, 1-8)

 En ce temps-là, Jésus traversa des champs de blé un jour de sabbat. Ses disciples avaient faim : ils arrachèrent des épis et se mirent à manger. Ce que voyant, les Pharisiens lui dirent : Voilà que tes disciples font ce qu’il n’est pas permis de faire pendant le sabbat !  Mais il leur dit : N’avez-vous pas lu ce que fit David lorsqu’il eut faim, lui et ses compagnons, comment il entra dans la maison de Dieu et mangea les pains de proposition, qu’il ne lui était pas permis de manger, ni à ses compagnons, mais qui étaient réservés aux prêtres seulement ? Ou encore, n’avez-vous pas lu dans la Loi que, le jour du sabbat, les prêtres dans le Temple voilent le sabbat sans se rendre coupables ? Or, je vous le dis, il y a ici plus grand que le Temple. Et si vous saviez ce que signifie cette parole : « C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice », vous n’auriez pas condamné des innocents. Car le Fils de l’homme est le maître du sabbat.

Le chœur : Gloire à toi, Seigneur, gloire à toi.

 

Le Prêtre :                                     Prions le Seigneur.

Seigneur tout-puissant, nous invoquons ta miséricorde, afin que reçoivent ta bénédiction ces semailles que tu as bien voulu nourrir d’air et de pluie. Accorde, Seigneur, à ton peuple de pouvoir toujours te rendre grâces pour tes bienfaits, et garde la terre de la stérilité, à cause des affamés, afin que riches et pauvres, faibles et forts puissent louer ton nom, Père, Fils et saint Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Amen.

Le Prêtre bénit les semailles :

Que le Seigneur Dieu nous bénisse, qu’il donne à notre terre la fertilité, qu’il la fasse produire au centuple, afin que, nous avançant avec allégresse, nous puissions récolter nos gerbes dans l’action de grâces envers le Christ Jésus notre Seigneur, à qui revient toute gloire, tout honneur et toute adoration, avec son Père éternel et son très-saint, bon et vivifiant Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Amen.

Le Prêtre asperge les champs avec l’eau bénite, puis on continue à marcher, en chantant le canon d’intercession. Arrivant à la deuxième station, on se tourne vers le sud, et l’on dit ou chante le psaume 125.

Psaume 125

Quand le Seigneur ramena les captifs de Sion,* ce fut pour nous comme un rêve.  Alors notre bouche s’emplit de joie,* et nos lèvres de chansons.                                Alors on disait chez les païens : * « Merveille que fit pour eux le Seigneur ! »                                                              Merveille que fit pour nous le Seigneur : *nous étions dans la joie.                                                                                      Ramène, Seigneur, nos captifs* comme torrents au désert.  Ceux qui sèment dans les larmes* moissonnent en chantant.                                                                                             On s’en va, on s’en va en pleurant : on porte la semence ; * on s’en vient, on s’en vient en chantant : on rapporte les gerbes.

Le Prêtre :                                                      Prions le Seigneur.

Maître saint, Père tout-puissant, Dieu d’avant les siècles, nous te prions ardemment de nous donner, en signe de ta miséricorde, quantité de récoltes, abondance de fruits, le produit de nos vergers et profusion de toutes choses, tout en détournant de ces biens les tempêtes dévastatrices, la grêle et le gel.              Car à toi revient toute gloire, tout honneur et toute adoration, Père, Fils et saint Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Amen.

Le Prêtre : Sagesse, debout, écoutons le saint Evangile. Paix à tous.

Lecture de l’Evangile selon saint Marc

(4, 24-34)

Le Seigneur dit à ses disciples : Prenez garde à ce que vous entendez. De la mesure dont vous mesurerez on usera pour vous, et à vous qui entendez on donnera encore plus. Car à celui qui a l’on donnera, mis à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. Et il disait : Il en est du royaume des cieux comme d’un homme qui aurait semé en terre du grain ; qu’il dorme ou qu’il veille, la nuit comme le jour, la semence germe et croît sans qu’il sache comment. D’elle-même, la terre produit, d’abord l’herbe, puis l’épi, puis le grain tout formé dans l’épi. Et quand le fruit s’y prête, aussitôt il y met la faucille, parce la moisson est à point. Et il disait : A quoi allons-nous comparer le royaume de Dieu, ou par quelle parabole allons-nous le figurer ? C’est comme un grain de sénevé qui, lorsqu’on le sème sur le sol, est la plus petite de toutes les graines qui existent sur la terre ; mais une fois semé, il monte et devient la plus grande de toutes les plantes potagères, et il pousse de grandes branches, au point que les oiseaux du ciel peuvent s’abriter sous son ombre.

Le chœur : Gloire à toi, Seigneur, gloire à toi.

Le Prêtre :                                                 Prions le Seigneur.

Seigneur, nous t’en prions, multiplie pour nous ta miséricorde, pour que descende sur nos semailles l’abondance de la bénédiction que nous souhaitons, afin que, comblés de ce dont nous avons besoin, nous puissions en tout temps magnifier le saint nom de ta gloire.                                                                                  Car tu es notre Dieu, et nous te rendons gloire. Père, Fils et saint Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Amen.

Le Prêtre bénit la terre :

Bénis, Seigneur, cette terre, pour qu’elle donne du bon fruit en son temps, et que nul vent et tempête ne puisse l’endommager, puisque sur elle ton saint nom a été invoqué.

Le Prêtre asperge les champs avec l’eau bénite, puis on continue à marcher, en chantant le canon d’intercession.  Arrivant à la troisième station, on se tourne vers le couchant, et l’on dit ou chante le psaume 146.

Psaume 146

    Louez le Seigneur : il est bon de psalmodier ; * que la louange soit agréable à notre Dieu.                                Le Seigneur qui édifie Jérusalem * rassemblera les dispersés d’Israël, lui qui guérit les cœurs brisés * et bande leurs blessures, qui compte le nombre des étoiles, * qui appelle chacune par son nom.                                                        Il est grand, notre Maître, grande est sa puissance, * à son intelligence il n’est pas de mesure.                                                    Le Seigneur soutient les humbles, * jusqu’à terre il abaisse les impies.          Entonnez pour le Seigneur l’action de grâce, * psalmodiez pour notre Dieu avec la harpe.                                                                                                                                    Il drape le ciel de nuages, * prépare pour la terre la pluie.                                            Il fait croître l’herbe sur les montagnes * et les plantes à l’usage des humains.      Il donne leur nourriture aux bestiaux, * aux petits du corbeau qui appellent vers lui.                                                                                                                                              Ce n’est pas en la force du cheval qu’il se plaît, * ni aux jarrets de l’homme          qu’il prend goût.                                                                                                                      Le Seigneur se plaît en ceux qui le craignent, * en ceux qui espèrent sa grâce.

 

Le Prêtre :                                                       Prions le Seigneur.

Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu vivant, des cieux envoie ton Ange saint pour garder nos récoltes, nos grains et nos fruits des trombes d’eau, de la foudre et des oiseaux nuisibles, des dommages causés par les rats et les vers, et de toute action diabolique, pour qu’il garde à l’abri de ses ailes nos cultures et soit autour d’elles une clôture ardente. Qu’il leur confère son angélique bénédiction et multiplie nos céréales, afin que nous puissions glorifier ton saint nom, Père, Fils et saint Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Amen.

Le Prêtre : Sagesse, debout, écoutons le saint Evangile. Paix à tous.

Lecture de l’Evangile selon saint Luc.

(8, 5-8)

Le Seigneur dit cette parabole : Le semeur est sorti pour semer sa semence. Tandis qu’il semait, une partie du grain est tombée le long du chemin : on l’a foulée aux pieds, et les oiseaux du ciel l’ont mangée. Une autre est tombée sur le roc, où à peine levée, elle s’est desséchée, faute d’humidité. Une autre est tombée au milieu des épines, et les épines, croissant avec elle, l’ont étouffée. Une autre est tombée dans la bonne terre, a poussé et donné du fruit au centuple. Ayant ainsi parlé, il s’écria : Entende qui a des oreilles pour entendre !

Le chœur : Gloire à toi, Seigneur, gloire à toi.

Le Prêtre :                                               Prions le Seigneur.

Seigneur tout-puissant, Dieu d’avant les siècles, toi qui du néant créas le monde et le maintiens suspendu, et qui as ordonné aux champs de produire les vivres du genre humain, de tout cœur nous recourons à ta miséricorde, afin que tu bénisses, d’un regard de ta bonté, ce qui a été semé ou planté de sain sur ces champs et ces vignobles, que tu rendes fertiles les semences, en exterminant la mauvaise herbe et les ronces, et que tu accordes, en temps opportun, une parfaite croissance, afin que nous, tes serviteurs, rassasiés de tes dons parvenus à leur maturité, nous puissions te rendre la gloire qui t’est due, en tout temps, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Amen.

Le Prêtre bénit les emblavures :

Que vous bénisse Dieu le Père, que vous bénisse Dieu le Fils, que vous bénisse Dieu le saint Esprit : croissez et multipliez, remplissez nos greniers et nos maisons, pour l’honneur du Dieu tout-puissant et de tous les Saints. Amen.

Le Prêtre asperge les champs avec l’eau bénite, puis on continue à marcher, en chantant le canon d’intercession. Arrivant à la quatrième station, on se tourne vers le nord, et l’on dit ou chante le psaume 147.

Psaume 147

Célèbre le Seigneur, Jérusalem, * proclame sa louange, Sion.                                      Car il a renforcé les barres et tes portes, * il a béni tes fils en tes murs.                      Il assure la paix à tes frontières, * te rassasie de la fleur du froment.                  Il envoie son verte sur la terre, * rapide court sa parole.                                              Il fait tomber la neige comme laine, * répand le givre comme cendre.                  Il jette sa glace comme on lance des miettes de pain : * à sa froidure qui peut résister ?                                                                                                                                    Il envoie son verbe pour qu’ils fondent, * fait souffler son esprit, et les eaux coulent.                                                                                                                                      Il annonce sa parole de Jacob, * ses jugements et ses préceptes à Israël.                    Il n’a pas agi de même pour toutes les nations, * ne leur a pas manifesté ses jugements.

Le Prêtre :                                                      Prions le Seigneur.

Créateur de l’univers, ô notre Dieu, toi qui as demandé à ton serviteur Moïse de dire aux fils d’Israël : « Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne et quand vous y ferez la moisson, vous apporterez au prêtre la première gerbe de votre récolte, et il offrira les gerbes en présence du Seigneur, pour qu’il vous soit favorable », nous implorons de ton incommensurable bonté de bénir nos semailles, nos légumes et nos plantes, et de bien vouloir assurer et protéger leur croissance, afin que nous puissions t’en offrir les prémices, par l’intermédiaire de tes prêtres, en donner aux pauvres, et en avoir pour notre nourriture et les besoins de nos bestiaux.

Car tu es notre nourricier, à qui revient toute gloire, tout honneur et toute adoration, Père, Fils et saint Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Amen.

Le Prêtre : Sagesse, debout, écoutons le saint Evangile. Paix à tous.

Lecture de l’Evangile selon saint Jean

(4, 35-38)

Le Seigneur dit à ses disciples : Ne dites-vous pas, vous : Encore quatre mois, et ce sera la moisson ? Eh bien moi, je vous dis : Levez les yeux et voyez, les champs sont blancs pour la moisson. Déjà le moissonneur reçoit son salaire : il amasse du grain pour la vie éternelle, et le semeur partage ainsi la joie du moissonneur. Car s’est bien le cas de dire : L’un sème, l’autre moissonne. Moi, je vous ai envoyés moissonner là où vous n’aviez pas travaillé ; d’autres ont peiné et vous, vous héritez le fruit de leur labeur.

Le chœur : Gloire à toi, Seigneur, gloire à toi.

Le Prêtre :                                                        Prions le Seigneur.

Seigneur, Père saint, créateur du ciel et de la terre, que tu ne cesses de gouverner et de garder par ta providence, humblement nous te prions et demandons, en ta grâce incomparable, de bénir nos semailles, nos champs, nos vergers, nos bois et nos prairies, et de bien vouloir le faire fructifier, pour que nous y trouvions, nous tes serviteurs et tes servantes, la sustentation et la consolation de nos corps ainsi que l’aliment spirituel de nos âmes, que nous puissions en vivre et fidèlement te servir, Père, Fils et saint Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Amen.

Le Prêtre asperge les champs avec l’eau bénite, puis on retourne vers l’église, en chantant le reste de l’office d’intercession. Le Prêtre achève par cette petite litanie, le Chœur répondant par un triple Kyrie eleison.

Aie pitié de nous, ô Dieu, en ta grande miséricorde, nous t’en prions, écoute et prends pitié.

Nous te prions encore de nous accorder un temps favorable, l’abondance des fruits de la terre et des jours de paix.

Nous te prions encore de nous accorder un temps favorable, l’abondance des fruits de la terre et des jours de paix.

Nous te prions encore pour qu’obtiennent merci, longue et paisible vie, santé de l’âme et du corps, pardon et rémission de leurs péchés tes serviteurs, les habitants de cette contrée.

Nous te prions encore pour ceux qui apportent leurs prémices et leurs offrandes à ce saint temple, pour ceux qui y servent et pour ceux qui y chantent, et pour tout le peuple ici présent, qui attend de toi le grand trésor de ta miséricorde.

Ecphonèse :

Car tu es un Dieu de miséricorde, plein d’amour pour les hommes, et nous te rendons gloire, Père, Fils et saint Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.

Ch. Amen.

Le Prêtre dit la formule habituelle du Congé.

Office de l’ Archimandrite Denis GUILLAUME