Le métropolite du Monténégro Amphiloque : « La décision du Patriarcat œcuménique est non canonique »

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Dans son interview à la première chaîne de la TV russe, le métropolite Amphiloque a d’abord expliqué que le patriarche de Constantinople « dans cette décision, se réfère, comme le font ces derniers temps d’autres évêques du Patriarcat de Constantinople, au droit d’appel des Églises locales au patriarche de Constantinople. C’est « l’enkliton ».

Lorsque dans une quelconque Église locale surgit un problème avec quelques évêques, ceux-ci auraient soi-disant la possibilité d’appel au Patriarcat de Constantinople, et celui-ci pourrait alors prendre sa décision sur une telle question. Cependant, ont-ils réellement ce droit d’appel ? D’autant plus dans l’esprit où Denisenko l’a appliqué maintenant. Le patriarche œcuménique le fonde sur certains faits historiques, certains canons. Par exemple, les canons 9, 17 et 28 du IVème Concile œcuménique, qui ont été rédigés dans les temps anciens et qui se rapportent à l’état et au rôle du Patriarcat de Constantinople, précisément à cette époque. Sur quelle base lui a été donné ce droit ?

Avant tout, ce droit concerne les diocèses métropolitains se trouvant sous la direction canonique du patriarche de Constantinople. Ce droit ne se rapportait pas à toute l’Église. Deuxièmement, ce droit est fondé sur les canons d’un Concile œcuménique conformément auquel le patriarche œcuménique a reçu ce statut en tant qu’évêque de la ville de Byzance, Constantinople, puisque cette ville était la ville impériale, la résidence de l’empereur et de son conseil. Or, actuellement, la capitale impériale n’existe plus. Constantinople a cessé d’être la capitale impériale depuis 1453. Aussi, ce droit, auquel se réfère le patriarche de Constantinople est remis en question. L’Église orthodoxe ne met pas en doute son statut comme premier d’honneur au sein de l’Église orthodoxe, mais cela ne lui donne pas le droit de s’immiscer de cette façon dans la vie de quelque autre Église locale, dont l’Église orthodoxe russe. Ici, le patriarche se réfère à une certaine décision de 1686, donnant soi-disant par économie au métropolite de Moscou le droit d’ordination du métropolite de Kiev, sous condition que ce métropolite commémore en premier lieu le patriarche de Constantinople. Or, la Rus de Kiev, celles de Vladimir et de Moscou étaient une seule et même Rus à cette époque. Aussi, il est impossible de séparer la Rus de Kiev de celle de Moscou ou de Vladimir. 300 années se sont écoulées, et Constantinople n’a jamais posé la question du pouvoir ecclésiastique en Ukraine, lequel lui appartiendrait. Il l’a fait pour la première fois aujourd’hui. Et il est impossible de l’accepter. Je suis étonné que Constantinople n’a pas été arrêté en cela par la réaction négative de toutes les Églises locales, dont les patriarcats anciens d’Orient, tels que Jérusalem, Alexandrie, Antioche. Le patriarche d’Alexandrie était justement chez nous récemment. Je suis certain qu’il donnera son évaluation de tout cela. Il a séjourné récemment à Odessa et s’est prononcé là-bas, avec le métropolite de l’Église orthodoxe de Pologne, qui a également exprimé son point de vue très clairement. En général, toutes les Églises locales ont réagi, dont la nôtre, qui a adopté en Synode une lettre très documentée à ce sujet. Constantinople n’y a pas répondu. Notre patriarche vient de rencontrer le patriarche œcuménique à Thessalonique et lui a fait part de la position de notre Église. Malheureusement, ils ont répondu comme ils ont répondu. Cela ne résout pas la question ukrainienne, mais ne fait que la compliquer. Quoi qu’il en soit, cette décision, comme je l’ai déjà dit, est catastrophique. Notamment, pour la résolution de cette question importante pour l’Église orthodoxe en Ukraine. Cette décision créée le problème radical de l’immixtion dans la vie d’une autre Église locale, et non seulement de l’Église russe, mais aussi de n’importe laquelle. En même temps, cela remet en question l’unité de l’Orthodoxie. Et cela s’est déjà répercuté sur celle-ci, particulièrement sur la diaspora orthodoxe, sur les assemblées des évêques orthodoxes. Selon ce que je sais, les évêques en Amérique latine refusent de participer aux assemblées panorthodoxes, et c’est la même chose en Europe. Je suis sûr qu’il en sera ainsi également aux États-Unis. Cela a commencé déjà en partie. Or, le rôle du premier des patriarches ne consiste pas à diviser les autres, mais à les réunir. Par ses actions, le patriarche de Constantinople, précisément, divise. Il ne résout pas cette question, mais fait pénétrer plus profondément le problème dans l’Église orthodoxe.

– Ces derniers temps, on a beaucoup parlé de l’immixtion des grandes puissances dans les affaires internes de l’Église orthodoxe. Pouvez-vous dire concrètement de quels États il s’agit, et ce qu’ils s’efforcent de réaliser ?

– Cela est manifeste en Ukraine même. C’est précisément le pouvoir ukrainien qui est le principal « acteur » dans la question de l’octroi de l’autocéphalie à l’Église d’Ukraine. Il ne faut pas perdre de vue que naguère l’État intervenait dans les affaires ecclésiales, ou en d’autres termes, il y avait une coopération, la « symphonie » entre l’État et l’Église dans l’Orthodoxie. Mais c’étaient alors des États chrétiens, des gouvernants chrétiens. Alors, l’État même défendait la foi chrétienne orthodoxe. Les gouvernants, depuis l’empereur byzantin jusqu’au tsar moscovite, jusqu’à nos rois, étaient des chrétiens orthodoxes. La constitution du Monténégro prescrivait même que le successeur du roi Nicolas Ier devait être chrétien orthodoxe. Il en est tout autrement maintenant. Ce sont tous des États séculiers, particulièrement après l’effondrement de l’Union soviétique. Cette dernière a fait naître des contradictions au sein du peuple russe, des peuples slaves sur le territoire de l’ancien Empire russe. La question de la soi-disant Église orthodoxe ukrainienne n’est pas apparue aujourd’hui. Elle a surgi précisément avec la création de l’Ukraine par le pouvoir soviétique dans les années 1920. C’est alors que sont apparus les « auto-consacrés » qui se sont déclarés eux-mêmes métropolites de Kiev. Or, le métropolite de Kiev était alors le métropolite Antoine (Khrapovitzky), candidat au trône patriarcal de Moscou, et enterré à Belgrade. Il décéda en 1936. Avec plus de trente évêques, il avait été contraint de quitter la Russie. Notre Église locale l’a aidé à créer le Synode de l’Église orthodoxe russe hors-frontières qui existe jusqu’à nos jours, à la seule différence qu’il est réuni maintenant au Patriarcat de Moscou. Donc une chose sont les États contemporains, les pouvoir actuels, et tout à fait autre chose, le temps où Constantinople était la capitale de l’Empire romain d’Orient et Moscou, la capitale de l’Empire russe comme héritier de l’Empire byzantin. Mais cette époque, celle de la symbiose de l’Église et de l’État, « l’époque constantinienne », commença avec l’empereur Constantin le Grand et est terminée. Elle s’est terminée – c’est là mon avis, et non seulement le mien – avec l’assassinat de la famille impériale en 1918. En Occident, cette période impériale du christianisme a été promulguée dogmatiquement en la personne de l’évêque de Rome, le pontifex maximus. En Orient, cela a été et est resté une tentation. Cependant, après la chute de Constantinople en 1453, il n’y avait plus d’empereur byzantin assurant comme précédemment à l’évêque de Constantinople le statut dont il disposait depuis les temps de l’empereur Constantin. Ensuite, ce rôle de l’Empire byzantin est passé, par Kiev et Vladimir à Moscou. C’est-à-dire aux tsars russes. Mais le tsar russe et sa famille ont été tués en 1918. Et cela a mis fin à l’époque constantinienne dans l’histoire de l’Église. Elle est terminée. Et maintenant, l’Église doit retourner à sa structure pré-impériale, sans imiter ce qui s’est passé dans les siècles passés, lorsqu’il y avait symbiose de l’État, de l’Église et du peuple. Elle doit revenir à la structure qui existait avant l’empereur Constantin. En ayant une attitude de respect envers ce qui s’est passé après, mais en ne se limitant pas seulement à l’expérience historique. Ce que l’Église a vécu lors de la période impériale doit être laissé au passé. Ainsi, la première Rome a abandonné la [vraie] foi, la seconde Rome est tombée et a disparu en 1453. Après l’assassinat de la famille impériale, la troisième Rome a déjà perdu, dans la vie de l’Église, la place qu’elle occupait durant les siècles précédents. Aussi, la façon de vivre de l’Église et son mode de fonctionnement pendant la période impériale, doit être laissé au passé. De ce point de vue, Constantinople a fait ce qu’elle n’avait pas le droit de faire. Avant tout, cet État, l’Ukraine, est le fruit du sécularisme lénino-stalinien, du sécularisme communiste. Et cette situation pénible pour le peuple d’Ukraine, le peuple chrétien, est également le résultat de la conversion à l’uniatisme des Ukrainiens du XVIème siècle, et de ce qui s’est passé avec ce peuple en 1920. Il faut avoir en vue aussi le sens de l’appellation même « d’Ukraine ». Il est semblable à notre mot serbe « Krajina » [« confins », désignant les zones tampons de l’Empire autrichien créées en Slavonie et autres régions]. On se pose question : « confins » de quoi ? Et par ailleurs, Kiev était dans le passé l’Église-Mère de l’Église russe. Ensuite son centre a été déplacé à Vladimir (période de la Rus de Vladimir), puis à Moscou. Cette continuité de l’Église orthodoxe en Russie commence à Kiev, passe par Vladimir et se termine à Moscou. C’est une succession ininterrompue. Alors quel est le sens de faire appel pour une chose qui s’est produite au XVème, au XVIème siècle ? Sur cette base, on ne peut résoudre la question ukrainienne. En fait, il faut le résoudre sur la base de la structure de cet État, qui est laïc, à l’instar de tous les États laïcs contemporains en Occident. Ce sont des relations fondamentalement différentes des États, des nations, des nations non chrétiennes. Le même problème s’est fait jour maintenant en Macédoine. Là, les autorités civiles, les communistes, ont créé la soi-disant Église orthodoxe de Macédoine. De la même façon qu’ici, au Monténégro, les communistes, héritiers du régime titiste, tentent de créer la soi-disant Église orthodoxe du Monténégro. Les autorités monténégrines, du temps des communistes, ont tué ici 129 prêtres. Le pouvoir communiste a tué le métropolite du Monténégro Joannice. Et c’est ce pouvoir qui, pour la première fois a posé la question de la soi-disant Église orthodoxe du Monténégro. Le pouvoir athée, le pouvoir séculier dans un État séculier, où l’Église est séparée de l’État, s’immisce dans les affaires internes de l’Église. La même chose se produit en Ukraine et dans les autres États qui ont surgi après la révolution bolchevique. L’Église doit s’efforcer d’unir la société et de résoudre comme il est possible la question douloureuse de l’Église orthodoxe en Ukraine. Là-bas en tant qu’Église d’Ukraine, il existe les « uniates » ou « gréco-catholiques », ensuite la soi-disant Église autocéphale orthodoxe ukrainienne, et l’Église auto-proclamée du Patriarcat de Kiev. Constantinople, pour la première fois, sur la base soi-disant de l’ekkliton, le droit d’appel, s’immisce ainsi dans la vie d’une autre Église locale, et ce encore 300 ans après que se soit terminée sa juridiction ecclésiastique sur l’Ukraine. Ainsi, il est question d’un phénomène absolument incompréhensible. Jusqu’à maintenant, j’espère qu’il sera encore possible de ne pas produire ce tomos, et qu’il ne puisse être octroyé sans l’accord de l’Église canonique. Constantinople ne reconnaissait, comme Église canonique en Ukraine que l’Église du Patriarcat de Moscou. Mais maintenant, Constantinople a reconnu des évêques défroqués et excommuniés par l’une des Églises orthodoxes locales. Il est simplement inimaginable que le Patriarche œcuménique ait pu faire cela. Ces immixtions sont dirigées contre la Russie et en fait contre l’Orthodoxie. En ce qui concerne les immixtions, je voudrais dire, qu’elles ne sont pas seulement le fait du pouvoir ukrainien. Il est clair que celles-ci sont dirigées contre la Russie et en fait contre l’Orthodoxie. Elles ont pu diviser tout le monde dans ces contrées. Seule l’Église orthodoxe est restée une. Maintenant, ces forces, ces forces démoniaques de ce monde, s’appliquent à diviser aussi l’Église orthodoxe. Pour ce faire, elles ont réussi à utiliser l’ancienne Église de Constantinople, afin qu’elle applique le droit qui lui appartenait du temps de l’empire. Dans la bataille pour l’Ukraine, c’est-à-dire pour saper le fondement de la Russie, la main de l’Amérique est visible. On parle de l’immixtion de la Russie, mais comment peut-elle s’immiscer, alors qu’elle est née là ? La Rus de Kiev est née là, et s’est développée sans interruption pendant 1030 années. Le fait que les États occidentaux, l’Union européenne et, avant tout l’Amérique, attisent et soutiennent les guerres fratricides, comme ils l’ont fait chez nous au Kosovo, démontre que ce qui se produit en Ukraine est le deuxième acte de la tragédie du Kosovo : ils ont fait d’un groupe de malfaiteurs et de criminels, qui font honte au digne peuple albanais, les dirigeants du Kosovo et ont reconnu le soi-disant Kosovo indépendant, tandis que l’Église orthodoxe de Dieu, notre culture séculaire et le peuple serbe en sont expulsés. Ce qu’ont commencé les communistes a été poursuivi par le bloc de l’OTAN par ses bombardements de la Serbie et du Monténégro. Ce qui a commencé en Russie avec l’arrivée au pouvoir des bolcheviques et l’assassinat de la famille impériale donne maintenant de tels fruits amers. Je regrette que le patriarche de Constantinople n’ait pas compris à quel point ces problèmes sont profonds et sérieux. Il est parti d’une bonne intention : réunifier, mais la voie choisie n’est pas celle de la réunification, mais seulement de l’aggravation des difficultés qui se sont emparées de l’Ukraine, de la même façon que la création dans l’Église orthodoxe d’un schisme profond qui, indubitablement, n’apportera aucun bon fruit, si de telles tentatives sont poursuivies. Et non seulement chez les Russes et les Ukrainiens, mais chez nous aussi. En effet, ce Denisenko est le seul à avoir reconnu notre Miraš Dedeić [chef de la pseudo-Église du Monténégro, ndt] que le Patriarcat de Constantinople a destitué de la prêtrise et anathématisé. Nous avons communiqué à ce sujet avec le patriarche de Constantinople, mais il n’a pas répondu jusqu’à présent. Bien sûr, il ne reconnaît pas Dedeić. Mais par cet acte, en recevant celui [Denisenko] qui soutient tous les schismes dans les autres endroits comme structures canoniques, il renforce contre sa volonté les schismes qui minent l’unité de l’Église orthodoxe. Et ce sur le fondement de l’ethno-phylétisme condamné antérieurement par l’Église. Même le Concile de Crète (il est dommage que le Patriarcat de Moscou n’y ait pas participé, mais malgré cela, ses décisions restent en vigueur) a confirmé les décisions du concile de 1872 condamnant l’ethno-phylétisme comme une hérésie et comme un venin qui détruit l’unité de l’Église. Constantinople a confirmé et signé cette décision du grand concile et c’est maintenant précisément sur la base de l’ethno-phylétisme – ukrainien à caractère séculier – et sur la base des demandes de personnes formées sous l’influence du bolchevisme, et encore des admirateurs de Bandera, des fascistes ukrainiens et anciens nazis – qu’il crée une Église. Cela est-il normal ? Non. Sans parler du fait que Denisenko prétendait, en tant que métropolite d’Ukraine, au poste de patriarche de Moscou et, lorsqu’il ne fut pas élu, s’est déclaré lui-même patriarche. Telle est sa folie. Comment déclarer normal tout cela, sans accord de l’Église-mère ? Or, l’Église-mère de l’Ukraine n’est pas le Patriarcat de Constantinople, mais depuis plus de 300 ans, lPatriarcat de Moscou.

– Récemment Milo Đukanović, le président du Monténégro, a déclaré que l’Église russe est la force d’intervention des intérêts impériaux russes. Que voulait-il dire ?

– Il faut le lui demander. Probablement, il supposait que la métropole du Monténégro qui existe ici 800 ans, maintient sa relation envers l’Église russe et la Russie, maintenant tout comme dans le passé, et particulièrement à l’époque du métropolite Danilo. S’il n’y avait pas eu, comme il l’exprime « la Russie impériale », il n’y aurait pas non plus de Monténégro. Ni en 1878, ni plus tard. Le tsar Nicolas II a sauvé la Serbie et le Monténégro en 1915 et 1916, lorsque le Monténégro était contraint de capituler, et alors que le roi Pierre, avec toute l’armée serbe, se retirait par le Kosovo jusqu’à la côte albanaise. Alors le tsar russe a émis un ultimatum menaçant, suivant lequel, si les alliés n’aidaient pas l’armée serbe à se sauver (l’armée austro-hongroise poursuivait de près les Serbes), la Russie signerait une paix séparée avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. C’est ainsi que les alliés envoyèrent des bateaux pour sauver les Serbes. Si Nicolas II avait signé une paix séparée, il n’aurait pas été tué et sa famille n’aurait pas été anéantie. Le kaiser envoya Lénine et a accompli la révolution à Petrograd en 1916-1917. Le tsar et sa famille ont été tués par les bolcheviques, en fait par les Allemands. C’est lui, sa famille, et la Russie impériale qui ont payé de leur vie le salut de leurs alliés, la Serbie et le Monténégro.

– De quoi s’agit-il ? De quelle « Russie impérialiste » s’agit-il ?

– Le Monténégro, depuis 1700 et jusqu’à maintenant, a été créé par les efforts de la Russie. Tant son éducation que son organisation jusqu’au roi Nicolas en 1918. Le diocèse métropolitain [du Monténégro] ne fait que continuer la tradition. Et aucune Russie impérialiste ne s’en mêle. Des évêques russes viennent chez nous, avec lesquels, récemment, au monastère de Duklevo, avons érigé un monument aux saints martyrs impériaux, sur lequel sont sculptés leurs visages. C’est peut-être le plus beau monument à la famille impériale. Si c’est cela l’impérialisme… Je dis parfois que ce sont « les sanctions du diocèse métropolitain contre la Russie »… M. Đukanović, dans sa lutte avec « l’impérialisme russe », est devenu un jouet dans les mains de l’empire d’Europe occidentale, d’Amérique et du bloc de l’OTAN. Ceux qui ont bombardé le Monténégro, la Serbie et le Kosovo, qui faisait partie du Monténégro lorsque celui-ci était un royaume indépendant. Maintenant, le Kosovo est reconnu par Đukanović, tandis que les Russes ont tenté de sauver l’unité de notre peuple et de notre État. Malheureusement, la Russie n’était pas dirigée alors par son président actuel, mais par son prédécesseur, qui ne comprenait pas cela. Aussi, je ne comprends pas ce que Đukanović sous-entend par « impérialisme ». Si c’est ce dont j’ai parlé, alors oui. Pour revenir à la décision de Constantinople, j’ajouterais que cette décision provoque la catastrophe pour le Patriarcat de Constantinople et l’unité de l’Église orthodoxe. Aussi, nous espérons que très prochainement, comme l’a demandé le Patriarcat de Moscou et les autres Églises locales, qui en ont pleinement le droit, cette question sera résolue au niveau panorthodoxe. La question de l’Ukraine ne peut être réglée par une seule Église locale, car cette question est si large qu’elle demande la participation de toutes les Églises orthodoxes. Cette question est plus importante que toutes celles qui ont été discutées en Crète. Aussi, la position de Constantinople étonne. En effet, elle s’est toujours adressée aux autres Églises locales (par exemple, pendant le schisme dans l’Église bulgare en 1994, Constantinople a invité les représentants de toutes les Églises locales à régler le problème du schisme de façon canonique), tandis que maintenant, des discussions ont commencé, sur la base du précédent ukrainien, au sujet de la question de l’Église orthodoxe de Macédoine, laquelle serait réglée par l’intervention sur son territoire d’une autre Église locale. Le patriarche œcuménique n’en est empêché que par le fait que son exigence quant à la renonciation à l’appellation « Église orthodoxe de Macédoine » (en Ukraine, l’appellation « Église orthodoxe d’Ukraine » ne le gêne pas) n’a pas été remplie. La question est qu’il y avait la Macédoine, remontant à Alexandre de Macédoine et au roi Philippe, et là nous revenons à la question des mythes communistes. Comme au Monténégro, les néo-communistes continuent à les développer. Ils ont exigé que la métropole du Monténégro, c’est-à-dire l’Église orthodoxe serbe, soit enregistrée à nouveau, comme si elle est été née hier. La loi de 1987 prévoit l’enregistrement des seules communautés religieuses nouvelles, et non des Églises et des communautés religieuses traditionnelles. Et maintenant, nos néo-communistes ont commencé à exiger cela et c’est à peine s’ils n’organisent pas de persécutions. Chez nous vivent des moines et des moniales russes, des prêtres de République de Serbie (Bosnie) et de Serbie. On ne leur donne pas le permis de séjour parce qu’ils ne sont pas citoyens du Monténégro. Cette même approche est réalisée en Macédoine. Le soi-disant métropolite du Monténégro, une création des néo-communistes, Dedeić, destitué par le patriarche de Constantinople, a été reconnu seulement par Philarète. Depuis des années, il concélèbre avec lui. Et comment agira maintenant Constantinople, s’il reconnaît Philarète qui est destitué, transgressant ainsi les décisions du Patriarcat de Moscou ? Alors il lui faudra reconnaître aussi ceux qui concélèbrent avec Philarète et celui qui a été lui-même destitué par Constantinople ! Aussi, nos frères de Constantinople on mal raisonné. Je prie le Seigneur pour qu’Il les aide. Et aussi pour que le Patriarcat de Moscou et nos frères en Ukraine, avec humilité et patience, surmontent un schisme malsain, qui n’est rien d’autre que le fruit de tout ce qui s’est passé, particulièrement dans les années 1920. L’Église est la seule force qui réunit les peuples. Or, maintenant, les forces démoniaques de ce monde et les forces destructrices à l’intérieur de l’Église ainsi que les dirigeants de ce monde réalisent de véritables desseins impérialistes. La guerre en Ukraine continue, et maintenant Constantinople confirme [par sa conduite] que cette guerre est dirigée contre l’Église et l’unité du peuple de Dieu et contre la Russie comme le plus grand pays orthodoxe. Ce n’est pas bon et il n’y a rien de bon pour Constantinople non plus. Elle n’avait pas le droit d’accomplir un tel pas. Il y a encore un espoir que les gens reviendront malgré tout à la raison et au véritable ordre canonique. Comme je l’ai déjà dit, de telles actions de Constantinople remettent en question sa primauté. Je le répète, elle fonde ses actions sur le fait qu’elle est capitale impériale, or elle n’existe plus depuis le XVème siècle. Elle n’existe plus ni en Russie, ni à Constantinople. Aussi, même s’il n’y a plus d’empire, russe ou romain d’Orient, l’Église est restée et elle doit fonctionner sur des bases évangéliques saines. C’est ainsi qu’elle fonctionnait jusqu’à l’empereur Constantin.

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Source: Orthodoxie.com