Bien Chers Frères,
Le 15 septembre 1985, l’Archevêque Andréas d’Attique, en Grèce, consacrait cette première église orthodoxe en la Ville rose de Toulouse.
Quel est le nom qui occupe aujourd’hui le cœur de chacun de nous, qui sommes réunis ici ? C’est sans aucun doute celui du saint hiérarque de la terre d’Occitanie, de notre cher et grand SATURNIN.
Fils d’Égée, roi d’Achaïe, notre saint naquit sur le sol de la Grèce qui nous transmet la grâce et le salut. Selon une tradition, il fut disciple de Saint Jean Baptiste, puis de Jésus-Christ, auquel il vint s’offrir, avec saint André, lorsqu’il eut ouï de lui par ce bienheureux Précurseur : « Voilà l’Agneau de Dieu, voilà Celui qui efface les péchés du monde ». Saint Grégoire de Tours pense qu’il arriva avec Saint Denys et toute cette illustre troupe de missionnaires qui ont été les fondateurs de nos Églises pour aller conquérir à Jésus Christ ce grand royaume, alors morcelé, qui devait être le bouclier de la Foi et l’école de la piété en Occident.
Certains esprits chagrins ou rationalistes verront dans ces souvenirs du passé une tradition que la légende a pu embellir, mais la légende ne crée par un fait, elle le suppose. « C’est, comme dirait Victor Hugo, c’est de l’Histoire écoutée aux portes de la légende. » Et puis, comme s’exprimait aussi Edmond Rostand : « Ce n’est pas toujours la légende qui ment. Un rêve est moins trompeur, parfois, qu’un document. »
Ce qui est vrai c’est qu’il prêche la vérité de l’Évangile et il tâche d’en bannir la superstition de l’idolâtrie; on le chargea d’injures, on le fouetta ignominieusement; on le jeta dans une espèce de fosse sale et obscure, chargé de chaînes et destitué de tout secours humain à Carcassonne. Sa patience triomphe de tant de maux et Dieu l’en délivra enfin pour continuer ses fonctions apostoliques.
« Oh ! Le beau jour où Toulouse reçu dans ses murs l’émule et le cohéritier des apôtres, le pontife élu d’en haut, dont les vénérables pieds apportaient la paix réelle et durable, pour le faire succéder aux troubles et à la discorde » devait s’exclamer un historien ancien. À son arrivée dans notre ville, Saturnin y rencontra son ami Saint Martial, premier évêque de Limoges. Comme lui, il était envoyé dans les Gaules pour porter la bonne nouvelle à nos ancêtres, Martial évangélisait alors l’Aquitaine. La rencontre des deux saints fut pour eux une grande consolation, et Dieu voulut manifester l’union de ces deux frères dans l’apostolat par un éclatant prodige qu’ils opérèrent ensemble.
Austris, fille du gouverneur de Toulouse, atteinte d’une maladie cancéreuse, qu’aucun remède humain ne pouvait guérir, fit appeler deux étrangers dont en vantait la puissance surnaturelle : « Puisque le Dieu crucifié que vous prêchez est si puissant, priez-le pour qu’il daigne me guérir » Ils lui répondirent : « Vous serez exaucée si vous l’adorez, si vous embrassez son culte et sa morale. » Elle acquiesça à cette exhortation, on lui conféra le Saint Baptême et au sortir des fonts sacrés elle se trouva délivrée de tout mal.
Saint Saturnin était dispensateur et source intarissable. C’est au nom de ce Saint Amour qu’il avait parcouru à pied, un bâton à la main, un grand nombre de villes afin de faire connaître le grand Message, qu’il construisit des églises, qu’il ordonna des prêtres et des diacres. Apprenant le martyr de saint Papoul, il se rendit en hâte dans notre ville et ne tarda pas à y être arrêté, enchaîné, trainé au Capitole. On le somma de sacrifier aux idoles, et au nom de ce même amour, il refusa, fut dépouillé de ses vêtements, flagellé, conspué, couvert de crachats comme son Divin Maître. Alors, les idoles s’écroulèrent et vinrent rouler à ses pieds. Pleins de confusion et de rage, les prêtres païens l’attachèrent par les pieds, avec une corde, au taureau destiné au sacrifice, qu’ils lâchent en l’aiguillonnant : le taureau furieux se précipite sur la pente du Capitole, entrainant dans sa course furieuse la sainte victime, dont la tête se brise et le corps est mis en pièce.
Par sa mort, il scella sa vie, par sa mort, il nous transmet un héritage ; par sa mort, il nous donne un exemple, car Saint Saturnin incarna dans sa personne les meilleures qualités de l’âme occitane, cette intrépidité que rien n’arrêtait ; il fut un modèle parfait des vertus chrétiennes au milieu d’un monde païen. En tant que Saint, Il appartient à l’Église Orthodoxe Universelle, mais c’est un saint de notre pays, notre ascète national, et nous sommes fiers de lui, nous le regardons avec admiration. C’est lui notre gloire, c’est lui notre fierté ! Par sa vie, par sa beauté lumineuse qui ravit les cœurs, il nous exhorte tous à le prier. Il nous porte à accomplir de grands actes au nom du Seigneur et au nom du salut de notre âme.
Et pour terminer je voudrais rappeler une autre page de notre histoire. Le grand archevêque de Vienne, saint Avit, a gagné le jeune roi Sigismond de Bourgogne, à la foi orthodoxe, et par son zèle apostolique, il négocie sous les influences de la grâce, et à l’aide de la douce sainte Burgonde, Clotilde, ici présente par une fresque, la conversion du roi des Francs. Et il écrira à Clovis ce mot sublime, qui sera mon bouquet spirituel : « Votre Foi, c’est notre victoire ».
Oui, que notre Foi intègre, orthodoxe, vivante… soit la victoire de Saint Saturnin et notre victoire, à nous humbles missionnaires du Christ. La Sainte Église le priant constamment dans ses tropaires :
« Fidèles, honorons le protecteur de l’Occitanie, * le saint martyr et grand hiérarque SATURNIN * lui qui délivra nos ancêtres du paganisme. Qu’il protège en ce jour ceux qui l’acclament ainsi : * Gloire au Christ qui t’a glorifié, * gloire à Celui qui t’accorda la couronne du martyre, * gloire à Celui qui fit de toi une colonne de l’Orthodoxie. »
Amen !
29 NOVEMBRE
Mémoire du saint hiéromartyr
SATURNIN ou SERNIN
premier évêque de Toulouse
Œuvre de l’archidiacre Denis, 1997, complétée en avril 2000
VÊPRES
Lucernaire, t. 4
Toulouse fête en ce jour * le martyre de Saturnin, * cet apôtre envoyé par le pontife des Romains * pour évangéliser, dans la Narbonnaise, l’Aquitaine, le nord de l’Ibérie, * le futur peuple des Navarrais et des Castillans, * les habitants de la Gascogne, du Languedoc ; * et l’entière Occitanie * pour la prédication de sa parole rend grâces au Christ notre Dieu.
Orateur sacré, * illuminateur des païens, * baptiste de ceux qui renaissent par l’eau et l’Esprit, * les confirmant par l’onction, * successeur des Apôtres en l’épiscopat, * ordonnant les anciens dans le sacerdoce du Christ, * apôtre lui-même et saint martyr, * tel est Saturnin, dont nous vénérons la mémoire en ce jour.
Un apôtre déjà, * ayant reçu son appel * non des Disciples, mais du Christ directement, * Paul de Tarse, envoyé pour prêcher * la résurrection du Seigneur Jésus * non pas aux brebis d’Israël, mais à toutes les nations, * était passé par la Narbonnaise et l’Ibérie, * mais l’évangélisation de Toulouse fut l’œuvre de Saturnin.
t. 8
Louange au luminaire brillant * qui s’est levé dans la Grèce romanisée * où des parents, dévots de Saturne, lui donnèrent un nom * qui le vouait à un dieu mort, * mais dont la grâce du Christ * a fait le serviteur fidèle du Dieu vivant * et que la puissance de l’Esprit * du Levant fit passer en Occident * pour rendre témoignage au Soleil sans couchant.
Oubliant l’hellénique patrie * et la Rome de son baptême, Saturnin * se fit tout à tous au milieu des Toulousains ; * afin qu’ils puissent s’affranchir * du culte des dieux ténébreux, * il fit descendre sur eux la lumière du Christ ; * là où l’on sacrifiait des taureaux sur l’autel des démons, * il offrit le sacrifice non sanglant * en mémoire de celui qui ôte le péché du monde, Jésus, l’Agneau de Dieu.
Unissons à la louange du Trois-fois-Saint * l’éloge du saint évêque
martyr Saturnin, * rendant grâces à Dieu pour l’efficace apostolat * qui a permis à Toulouse d’exorciser les démons, * de hâter la perte des faux dieux * et de planter sur son capitole l’étendard de la foi, * la croix du Christ, qui depuis mille ans se laisse voir * évidée, cléchée, pommetée * sur la rouge bannière flottant dans le ciel azuré.
Gloire au Père…
Sanctifiée par le sang du Martyr, * la capitale du royaume d’Aquitaine, puis du Languedoc et du Comté, * a drainé vers saint Jacques des flots de pèlerins ; * comme le prophète l’avait prédit * et comme le répète la populaire chanson, * les montagnes se sont abaissées pour aplanir le chemin * entre les reliques de l’apôtre Saturnin * et celles du Disciple du Christ, * qui rendent ensemble témoignage à l’amour du Seigneur.
Maintenant… Théotokion
Espérance de tous les chrétiens * et trésor de la Vie nouvelle, réjouis-toi, * purification de nos fautes et renouveau du monde entier ; * réjouis-toi, montagne ombragée par la forêt, * réjouis-toi, colonne de feu * et nuée de la suprême Clarté ; * par ton enfantement tu as éteint * la fournaise des faux dieux, * ô Vierge toute-pure et Mère du vrai Dieu.
Entrée. Prokimenon du jour. Lectures du commun des saints Hiéromartyrs : voir Parémies, pages 137-138.
Apostiches, t. 3
Seigneur, ton évêque martyr * a donné sa vie pour ton troupeau ; * par sa mort il a répandu son propre sang, * au lieu de celui des taureaux, * et il a éteint les holocaustes des faux dieux * pour faire briller ta lumière au triple feu.
Tes prêtres se revêtent de justice
et tes fidèles jubilent de joie.
Les idoles des païens * ont une bouche, mais ne peuvent s’en servir ; * à quoi bon leur offrir la chair et le sang des taureaux, * puisqu’ils ne peuvent boire ni manger ; * et, s’ils n’ont pas d’oreille pour écouter, * il est vain de les invoquer et les prier.
Exultent les saints dans la gloire,
qu’ils jubilent au lieu de leur repos !
Mais le Dieu des dieux, le Seigneur, a parlé, * il ne garde pas le silence, notre Dieu ; * il dit que tout gibier lui appartient, * comme le bétail qui pâture dans les champs ; * à la terre, du levant à l’occident, * c’est un sacrifice de louange qu’il demande uniquement.
Gloire au Père…
Par des cantiques louons le Seigneur, * par des hymnes de louange exaltons-le ; * cela plaît à Dieu plus qu’un jeune taureau ayant cornes et sabots ; * le sacrifice de louange lui rend gloire, et lui seul : * telle est la voie par laquelle il nous accorde son salut.
Maintenant… Théotokion
Réjouis-toi, Vierge pure qui fis poindre le Soleil * sur ceux qui dans les ténèbres gisaient, * réjouis-toi, rempart et protection * de ceux qui accourent vers toi de tout cœur ; * divine splendeur des vierges, réjouis-toi, * et protectrice de tous les chrétiens.
Tropaire, t. 4
Par les premiers Apôtres tu fus envoyé * comme premier évêque de Toulouse, Saturnin ; * dans les ténèbres des païens * tu as porté la lumière du Christ : * intercède auprès de lui pour que nos âmes soient sauvées.
MATINES
Cathisme I, t. 4
Bienheureux l’évêque Saturnin * que le Seigneur a trouvé * les reins ceints et la lampe allumée, * comme un serviteur attendant son retour ; * il l’a fait mettre à table, en vérité, * et s’est avancé pour lui servir * les délices éternelles au royaume des cieux.
Gloire… Maintenant… Théotokion
À celle qui dans le Temple fut nourrie, * dans le Saint des saints, parée de sagesse et de foi * et d’irréprochable virginité, l’archange Gabriel apporta le message des cieux : * Réjouis-toi, Vierge bénie * et de gloire comblée, * le Seigneur est avec toi.
Cathisme II, t. 7
Nous aussi, tenons-nous prêts, * car le Fils de l’homme viendra *
à l’heure où nous n’y pensons pas : * bienheureux serons-nous,
s’il trouve nos esprits éveillés, * prêts à lui ouvrir, en serviteurs
vigilants, * la porte de notre âme, quand il viendra et frappera.
Gloire… Maintenant… Théotokion
Seigneur, nous sommes ton peuple, les brebis de ton bercail : * vers toi ramène tes enfants dispersés ; * sous ta houlette rassemble
les brebis égarées, * de ton troupeau aie pitié, bon Pasteur, * par les prières de la Mère de Dieu, * seul Ami des hommes et Seigneur compatissant.
Après le Polyéléos :
Cathisme, t. 8
Impavide, l’évêque Saturnin * ne s’est pas enfui à l’approche du danger, * il n’a pas abandonné son troupeau à la vue de la Bête cornue, * mais à l’image du bon Pasteur il s’est sacrifié pour ses brebis, * afin qu’en abondance elles trouvent la vie.
Gloire… Maintenant… Théotokion
Mystique porte de notre vie, * Mère de Dieu et Vierge immaculée * délivre de tout danger les fidèles qui accourent vers toi, * afin que nous puissions glorifier ton enfantement * pour le salut de nos âmes.
Prokimenon, t. 7 : Exultent les saints dans la gloire, * qu’ils jubilent au lieu de leur repos ! Verset : Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez sa louange en l’assemblée des saints.
Évangile selon saint Luc : dans l’ Évangéliaire, page 88, n. 67.
Stichère, t. 6
Soyez sans crainte, dit le Seigneur * aux brebis de son troupeau, * imitez en cela votre évêque Saturnin, * que les faux dieux n’ont pas effrayé, * ces dieux imaginaires, qu’il savait inexistants * et qui, selon leurs prêtres, avaient crainte de lui, * comme les démons redoutent le pouvoir du bon Pasteur.
Le canon a pour acrostiche : Sernin, je te décerne un poème. Denis. Autres acrostiches, au Lucernaire : Toulouse, aux laudes : Sernin.
Ode 1, t. 2
Sur lui-même se repliant, * l’élément liquide s’est figé, * laissant en la mer Rouge comme un chemin * pour qu’à pied sec puisse y passer * Israël, chantant la louange du Sauveur * en des cantiques divins.
Gloire : Écoute nos supplications * et demande au Verbe et Sagesse de Dieu * de nous inspirer du haut du ciel * pour que malgré notre indignité * nous puissions en ton honneur, Saturnin, chanter des cantiques divins.
Théotokion : Réjouis-toi, urne du Parfum venu du ciel, * réjouis-toi, ô Vierge ayant reçu * comme toison la divine Rosée ; * fortifie tes serviteurs pour qu’ils puissent te chanter : * Réjouis-toi divine Génitrice qui, pour ceux des ténèbres, as fait briller, * par ton enfantement, l’inaccessible Clarté.
Ode 3
Nous tous qui sommes libres des antiques rets, * puisque sont brisées les dents des fauves dévorants,* ouvrons la bouche pour des chants de joie, * tressant une guirlande de nos hymnes pour louer * le Verbe qui se plaît à nous combler de ses dons.
Gloire : Ils se sont tus, les oracles des faux dieux * et le sang des taureaux cessa de dire l’avenir * à la venue de Saturnin, * qui adorait Dieu le Père, et non le père de Zeus, * et qui fêtait non le samedi, mais le jour du Seigneur.
Théotokion : Notre Dame, tu es l’encensoir d’or * dans lequel la cédule condamnant * notre premier père fut brûlée * au contact du feu divin * de la Braise ardente contenue dans ton sein.
Cathisme, t. 8
Jupiter, de même que Saturne ou Cronos, * dès sa mythique naissance était un faux Vivant : * dans le néant il est retourné grâce à la révélation de la sainte Trinité.
Gloire… Maintenant… Théotokion
Réjouis-toi, qui par la voix de l’Ange as reçu le Joie de l’univers, * réjouis-toi, qui as enfanté ton Créateur et Seigneur, * réjouis-toi, qui fus digne de devenir la Mère du Christ notre Dieu.
Ode 4
Je te chante, Seigneur, car j’ai ouï ta voix * et suis rempli d’effroi, * car jusqu’à moi tu es venu, * vers la brebis perdue «que tu cherchais, * et c’est pourquoi je glorifie * ta condescendance envers moi.
Envoyé par le pontife des Romains * avec six autres porteurs de la lumière du Christ, * en Arles Saturnin reçut la mission * d’évangéliser la Narbonnaise, l’Aquitaine et les nord de l’Ibérie * pour les conduire des ténèbres à la clarté * du Soleil sans couchant.
Gloire : Toulouse eut l’honneur de devenir * le siège épiscopal de
l’apôtre Saturnin * et le saint évêque amena, parmi les païens, *
les meilleurs à confesser le vrai Dieu, * à se détourner des fausses
divinités * et, par le baptême, à renaître dans le Christ.
Théotokion : En ton sein, divine Mère, tu as abrité * le Fils qu’avant les siècles le Père engendre éternellement : * il est devenu un homme parfait * et comme source de grâce t’a montrée * à nous les fidèles qui nous prosternons * devant ton ineffable enfantement.
Ode 5
Dans ma détresse, je me souviens de toi : * Seigneur mon Dieu, * rachète-moi, protège-moi, * car je m’en vais, tout affligé, * tandis que me harcèle l’ennemi ; envoie ta lumière et par miséricorde sauve-moi, * faisant descendre sur moi ton amour.
Gloire : Exhortant, proclamant la parole et insistant, * le saint Évêque augmenta * son troupeau parmi les Toulousains, * tandis que les prêtres des faux dieux * virent diminuer le nombre des païens, * qui abandonnèrent les idoles et les sacrifices de taureaux * pour célébrer les noces de l’Église et de l’Agneau.
Théotokion : Comme on le chante dans le psaume de David, * c’est en reine que tu te tiens * à la droite du grand Roi * qui de ton sein a resplendi : * Vierge immaculée, implore-le * pour qu’à sa droite au jour du jugement * il me place, moi aussi.
Ode 6
Encerclé par l’abîme de mes péchés, * j’invoque l’abîme insondable de ta compassion ! * de la fosse, mon Dieu, relève-moi.
Rejetant toute crainte, Saturnin * faisait fi des menaces des païens, * les démons ne pouvant lui ravir son âme avec sa vie.
Gloire : Ne pouvant supporter la défaite de leurs dieux, * les prêtres se saisirent de Sernin * qui, devant les menaces de mort, confessa le Christ, notre Vie.
Théotokion : En toi, Vierge pure, nous reconnaissons * la source
dont s’est écoulée la Vie * pour que nous y puisions le flot de l’immortalité.
Kondakion, t. 6
Tu n’as pas craint les faux dieux des païens, * effrayés plutôt par ta lumière, Sernin ; * ceux qui sacrifiaient à ces démons, * pour la mort de leur âme, des taureaux * te firent traîner par l’un de ces animaux * jusqu’aux marches du Capitole, où ton chef, se brisant, * fit éclater la puissance de Satan * et, comme tête des fidèles édifia pour toujours, * à la gloire du Père, sous la mouvance de l’Esprit, * l’Église toulousaine du Christ notre Dieu.
Ikos
Moi qui adore le seul Dieu véritable, dit Saturnin * aux prêtres des fausses divinités, * comment voulez-vous que je sacrifie * à des idoles faites de pierre, de métal et de bois ? * Car ils ont des yeux et ne voient pas, * ils ont des oreilles et n’entendent pas ; * leur bouche ne leur permet pas de parler * ni leurs pieds de se déplacer. * Comment pourrais-je les craindre, alors que ces démons * sont effrayés par la lumière de la sainte Trinité ? * Détruisez le temple de mon corps * et vous verrez éclater la puissance de Satan, * brisez ma tête et sur le roc de la foi * à la gloire du Père s’affermira pour toujours, * et sous la mouvance de l’Esprit, * l’Église toulousaine du Christ notre Dieu.
Synaxaire
Le 29 novembre, mémoire du saint hiéromartyr Saturnin ou Sernin, illuminateur de la Narbonnaise et premier évêque de Toulouse.
Comme apôtre martyr et pontife, Sernin auprès des grands n’est pas ce qu’on appelle un nain.
Le vingt-neuvième jour de novembre, Toulouse vénère en Saturnin le treizième des Douze.
Saint Saturnin est mort à Toulouse en 250, lors de la persécution de Dèce. Il fut lié par les prêtres païens à la queue d’un taureau destiné au sacrifice et traîné par lui hors du temple. Sa tête se brisa sur les marches du Capitole.
Par ses prières, ô Christ notre Dieu, aie pitié de nous et sauve- nous.
Amen.
Ode 7
Une brise porteuse de rosée * humecta la fournaise ardente et incita * les Jeunes Gens à louer Dieu en chantant: * Dieu de nos Pères, sois béni.
Nous les chrétiens, disait à ses disciples Saturnin, * nous ne pouvons aimer le prince de ce monde et le Seigneur : * puisque du Tout-autre est ennemi le premier, * choisissons le meilleur.
Gloire : Pénétrés des mêmes sentiments * qui furent ceux du Christ Jésus, * poursuivait Sernin, prions pour ceux * qui nous calomnient, nous dépouillent et nous tuent.
Théotokion : Ô Vierge, le buisson du Sinaï * préfigure la merveille de ton enfantement, * car tu n’as pas brûlé, toi qui reçus avec foi * dans ton sein le feu de la Divinité.
Ode 8
Elle te chante, Verbe Créateur ; * comme servante, l’entière création, * et t’exalte par-dessus tout * dans les siècles des siècles.
Mieux vaut ne pas s’attacher aux choses d’ici-bas, * qui sont corruptibles et de peu de durée, * et rechercher les biens à venir * qui sont vrais, solides et non sujets à corruption.
Bénissons le Seigneur, Père, Fils et saint Esprit.
Enviable nous paraît la condition * des martyrs livrés à la rage des tyrans * et aux affres de la corporelle mort, * si nous l’examinons avec les yeux de la foi.
Théotokion : Demeurant vierge, Toute-pure, tu as enfanté * en une seule personne et deux natures le Christ * que nous célébrons en psalmodiant : * Bénissez Dieu, exaltez-le dans tous les siècles.
Louons, bénissons le Seigneur, prosternons-nous devant lui, le chantant et l’exaltant dans tous les siècles.
Ode 9
En esprit, grâce au buisson du Sinaï * Moïse a préfiguré, * Toute-pure, ta divine maternité ; * devant elle nous prosternant, * c’est toi-même que nous magnifions.
Noblement deux femmes ont recueilli,* au mépris du danger, * les restes du Martyr * qui réduisit au silence les faux dieux * en proclamant la parole du Verbe divin.
Gloire : Immortelle demeure à tout jamais * la mémoire du saint apôtre Saturnin : * les dieux sont morts, et lui, faisant des miracles depuis le ciel, * il nous montre qu’il vit dans le Christ.
Théotokion : Seule en toute la lignée d’Adam, tu as mérité de concevoir * celui que ne peut contenir l’entière création ; * aussi, te vénérant avec foi, * c’est ta maternité divine que nous magnifions.
Exapostilaire, t. 3
La victoire de Saturnin sur les faux dieux * a fait luire sur les habitants de Toulouse la clarté * que le Christ, par sa résurrection,
a fait lever * sur ceux qui gisaient dans les ténèbres de la mort ; * désormais ils ont pu chanter l’unique et triple splendeur * du Dieu véritable, qui est Un dans la divine Trinité.
Gloire… Maintenant… Théotokion
À juste titre nous te reconnaissons pour la Mère de Dieu, * nous qui sommes sauvés grâce à toi ; * car ineffablement tu as conçu * le Dieu qui par sa croix nous délivre de la mort, * entraînant à sa suite le cortège des Saints, * avec lesquels nous célébrons ta gloire, ô Vierge immaculée.
Laudes, t. 5
Saint évêque de Toulouse et martyr Saturnin, * tu nous combles de joie, nous qui glorifions ta mémoire sacrée.
En ce jour où nous célébrons ton lumineux souvenir, * nous rendons grâces à Dieu pour ta venue parmi nous.
Relisant, Sernin, le récit de tes combats, * nous sommes remplis
d’admiration, victorieux martyr, pour tes exploits.
Gloire au Père…
N‘éprouvant nulle crainte envers les imaginaires divinités, * dans le Dieu véritable tu as gardé ta confiance, Saturnin.
Imitateur de la passion de ton Dieu, * courageux pontife, donne-nous d’avoir part à sa sainte résurrection.
Maintenant… Théotokion
Nous t’implorons, Vierge bénie, comme la Mère de Dieu : * intercède auprès de lui pour que nos âmes soient sauvées.
À la Liturgie, commun d’un saint Hiéromartyr : voir dans l’Apôtre, à la page 20. Évangile selon saint Jean : dans l’Évangéliaire, page 151, n. 36.
Saturnin, fils d’Égée, roi d’Achaïe, naquit à Patras. Il fut le disciple de saint Jean-Baptiste et de Jésus-Christ. Le prince des apôtres l’associa d’abord à ses travaux, puis le sacra évêque, et l’envoya dans les Gaules avec saint Papoul. Partout où il passa, notamment à Arles, à Nîmes, à Carcassonne, à Toulouse, Saturnin convertit un grand nombre de païens, construisit des églises, ordonna des prêtres et des diacres. La moitié de la population de Toulouse embrassa le christianisme. Confiant cette Église naissante à ses disciples Papoul et Honneste, l’apôtre se rendit à Villa-Clara (Auch), où il fit bâtir, sur les bords du Gers, une petite église en l’honneur de saint Pierre.
Il évangélisa ensuite Eauze, en nomma évêque saint Paterne, et revint à Toulouse. Il passa en Espagne, convertit Pampelune, baptisa quarante
mille infidèles, et alla jusqu’à Tolède. Ayant
laissé Honneste pour gouverner cette chrétienté, il repassa les Pyrénées, annonça la foi aux Vascons et aux Convènes (Comminges), érigea un autel à la Vierge Marie à Lugdunum (Saint-Bertrand) et bâtit une église en l’honneur de saint Pierre, dans un lieu appelé le Mas (le Mas-Saint-
Pierre, Saint-Gaudens). Ayant appris que saint Papoul venait d’être martyrisé à Toulouse, il se rendit dans cette ville où il ne tarda pas d’être arrêté, enchaîné, trainé au Capitole. On le somma de sacrifier aux idoles. Sur son refus, il fut dépouillé de ses vêtements, flagellé, conspué, couvert de crachats comme son divin Maître. Alors les idoles s’écroulèrent et vinrent rouler à ses pieds.
Pleins de confusion et de rage, les prêtres païens l’attachent par les pieds, avec une corde, au taureau destiné au sacrifice, qu’ils lâchent
en l’aiguillonnant : le taureau se précipite sur la pente du Capitole, entraînant dans sa course furieuse la sainte victime, dont la tête se brise
et le corps est mis en pièces.