Fête de Pâques (2022)

MESSAGE DE PÂQUES 2022 du Patriarche Porphyre et de l’Assemblée des évêques orthodoxes serbes

CHRIST EST RESSUSCITÉ ! 

Voici le jour que fit le Seigneur,

Qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! (Ps 117, 24)

Chers enfants spirituels,

Ce sont ces mots, prononcés dans les temps reculés de l’Ancien Testament, que crie avec enthousiasme le roi et prophète David, en pressentant avec l’aide du Saint-Esprit, le grand jour de la victoire du Christ sur la mort ainsi que notre célébration spirituelle à ce propos. En ce grand jour mystérieux, tout l’univers baigne dans la lumière de l’éternité et entonne avec une joie indicible un chant de victoire au Seigneur qui a banni les ténèbres et nous a illuminés avec les rayons indélébiles de la vie. Et la Lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne L’ont pas saisie (Jn 1, 5) – c’est ainsi que l’essence de la révélation divine et de notre témoignage chrétien a été résumée par le saint apôtre et évangéliste Jean le Théologien qui lors du Dernier Repas avait posé sa tête sur la poitrine du Seigneur s’imprégnant ainsi de toute la force, de la beauté et du mystère de Sa personne divino-humaine et source-de-vie.

Ni la prison du tombeau ni les chaînes de la mort n’ont été en mesure de saisir ni de retenir la Lumière de Lumière, engendrée du Père avant tous les siècles et par qui tout a été fait – le Fils Unique de Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ, en dépit de tous les efforts déployés dans ce sens. À partir de la nuit où Il fut livré aux mains d’hommes sans foi ni loi, tout fut tellement imprégné d’impiété et de violence que le Christ mis sur la croix finit par S’écrier : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? (Mc 15, 34). 

En regardant comment la jadis glorieuse Jérusalem était plongée dans les ténèbres profondes du péché, le Fils Unique voyait, de la croix hautement dressée, l’ampleur béante des sombres tenailles du tombeau qui devait L’engloutir pour toujours. Du sol pierreux et tranchant, les chefs populaires et les grands prêtres se gaussaient de Lui et Lui conseillaient de troquer la Bonne Nouvelle du Salut sur la croix en l’acceptation orgueilleuse du pouvoir dans le monde déchu : Qu’Il descende maintenant de la croix et nous croirons en Lui ! (Mt 27, 42).

À l’heure du désespoir, devant les affres de la mort, les brigands qui étaient crucifiés avec Lui se mettaient à se moquer du Dieu vivant, Sauveur du monde, de Celui qui par amour était descendu parmi nous et avait illuminé les ténèbres de nos vies avec la lumière et la joie éternelles ; de Celui qui, interprète du Père éternel selon l’antique tradition juive, avait dévoilé le visage paternel de Dieu au monde entier ; de Celui qui par Ses souffrances et Sa glorieuse Résurrection, avait fait de nous des enfants de l’amour source-de-vie de Dieu ; de Celui qui a fait don de la force de vie pleine de grâce à l’Église, colonne et support de la vérité (1 Tm 3, 15) et les portes de l’enfer ne tiendront pas contre elle (Mt 16, 18) ; de Celui qui nous a encouragés à être des messagers persévérants du sens dans cette période troublée ; de Celui qui tel le doux agneau de Dieu (Jn 1, 36) offert pour nos péchés, représentera la dernière parole de Dieu au jugement dernier – le temple de la Jérusalem Nouvelle illuminée par la gloire de Dieu (Ap 21,  22-23).

Chers enfants spirituels, nous faisons toujours l’ascension du mont Golgotha car nous sommes appelés à témoigner du Dieu vivant dans le monde et c’est ainsi que nous prenons part au salut de chaque créature de Dieu. Conduits par l’Esprit Saint, nous sommes, nous dit le saint apôtre Paul, des enfants de Dieu avec l’espérance d’être libérés de la servitude de la corruption (Rm 8, 21) pour entrer dans la joie de la vie éternelle. Ce sentiment de responsabilité est tout particulièrement enraciné aujourd’hui parmi nous du fait que les flammes des destructions de la guerre sur les territoires de l’Ukraine sont venues s’ajouter à celles existant dans d’autres lieux de la planète où les conflits armés se sont avérés être la seule réponse aux différences et aux mésententes entre états, peuples et croyances. Chers frères et sœurs, nous compatissons et prenons part aux souffrances de tous les chrétiens orthodoxes, nous compatissons et prenons part aux souffrances de tous les hommes de ce monde, en observant comment les conflits survenus sur le sol ukrainien et dans tout l’univers, ne cessent de s’approfondir.

Le grand apôtre Paul nous rappelle que Dieu a fait tout le genre humain pour qu’il habite sur toute sur la surface de la terre (Ac 17, 26). Nous avons donc été créés comme un genre humain unique, et nous sommes appelés à être un. C’est pourquoi nous prions le Seigneur Ressuscité pour qu’une paix sans conditions soit instaurée le plus vite possible, que les souffrances cessent, et que tous les exilés reviennent dans leurs foyers. Toute guerre, quelles que soient la contrée ou l’époque où elle a lieu, n’engendre que des perdants et elle constitue la défaite de la dignité humaine, elle est la défaite et la honte de tout homme en tant qu’icône de Dieu.

Et pendant que les puissances de ce monde mènent des guerres impitoyables, les plus grandes souffrances sont infligées à l’homme ordinaire. Nous qui sommes réunis aujourd’hui pour la Fête des fêtes, qui sommes réchauffés par la chaleur de nos foyers, qu’allons-nous dire à ceux que les forces de destruction ont séparé de leurs êtres les plus proches et qui ont été dispersés dans des pays étrangers ? Comment entonner les chants de Pâques quand il y a parmi nous, tant d’êtres affamés et assoiffés de justice, tant d’âmes inconsolables ? Que les réponses à ces questions nous soient données par notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même, dont le royaume n’est pas de ce monde, car Si mon royaume était de ce monde, a répondu le Sauveur à Pilate, mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs, mais mon royaume n’est pas d’ici (Jn 18, 36).

La signification de ces paroles, à l’époque où la Judée était également déchirée entre les intérêts de Rome, de la Syrie et de la Perse, le Dieu-homme Jésus-Christ l’a illustrée de diverses façons. Rappelons-nous seulement, chers frères et sœurs, la guérison du possédé gérasénien qu’on avait dit être sous l’emprise d’une légion de démons (Mc 5, 1-20). La vision de cet homme impossible à dompter qui vivait parmi les tombes et qui jour et nuit se tailladait avec des pierres, illustre la condition tragique d’un grand nombre vivant sous le règne de Rome ; elle fait le lien avec toutes les victimes passées, actuelles et futures, des conflits globaux qui sont, en l’absence du Christ, condamnées à l’autodestruction. Le Christ nous a montré que pour Lui, l’essentiel était d’abord de sortir la victime du tombeau et de lui offrir la possibilité de la vie éternelle, puis seulement après cela de s’occuper des conditions extérieures de l’existence. Seul pouvait le faire le Logos éternel, qui S’est installé parmi les hommes, plein de grâce et de vérité (Jn 1, 14).

C’est pourquoi Il laisse l’homme sauvé de la mort, témoigner de la miséricorde de Dieu dans des conditions similaires et finir par quitter de son plein gré les secteurs où Dieu S’est avéré plus puissant que toutes les impuretés mises en œuvre par leurs dirigeants. Le royaume du Christ n’est pas de ce monde et c’est la Bonne Nouvelle du salut. Le royaume du Christ n’est pas de ce monde et c’est avec cette force que nous nous levons en vue de la vie éternelle. Le royaume du Christ n’est pas de ce monde et c’est pourquoi il nous faut donner à celui qui est le plus petit parmi vous (Lc 9, 48) selon ses besoins. Le royaume du Christ n’est pas de ce monde et c’est pourquoi il nous faut chérir l’autre comme si c’était le Seigneur Lui-même, car c’est seulement ainsi que nous serons acceptés parmi les Siens.

Tournons-nous vers l’amour, chers enfants spirituels, car c’est à cela que nous appelle la voix de l’ange près du tombeau vide du Christ : Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, mais Il est ressuscité (Lc 24, 5-6). Gardons à l’esprit que notre cité se trouve dans les cieux, comme le dit l’apôtre Paul, d’où nous attendons ardemment, comme Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ (Ph 3, 20).

Soyons aussi conscients que  les méthodes de manipulation basées sur les passions et les peurs, dont les medias de masse abusent, peuvent facilement conduire les hommes à la conscience asservie et au libre arbitre étouffé, à devenir étrangers à leur destinée céleste. Méfions-nous du sentiment de sécurité apparente de la fourmilière globale, qui souhaite faire de nous des prisonniers anonymes de l’autosuffisance. Passer son temps dans la conviction que le monde virtuel synonyme d’une vanité malsaine et la consommation de biens matériels permet d’accéder à un bien-être véritable, équivaut à se condamner à une vie sans dignité ni liberté.

Dans un monde qui refuse d’être touché par les rayons de la lumière de l’amour divin, les efforts et les sacrifices ne sont pas comparables au Golgotha du Christ, à la Croix à laquelle la bienveillance de Dieu permettra de déboucher sur la Résurrection, mais représentent des obstacles redoutables à la paix et à la sérénité personnelles. Dussions-nous en être préservés par la fidélité profonde au destin fondé sur la Croix et la Résurrection du peuple serbe, du peuple de saint Sava, et que notre choix du Nouveau Testament, notre choix du Kosovo, nous conduise vers les finalités éternelles. Un royaume terrestre est tout limité, le Royaume céleste est éternel à jamais !

Des actes immortels d’amour et de sacrifices volontaires envers Dieu et notre patrie ont été accomplis au cours des mois écoulés par un très grand nombre de nos médecins, de personnels de santé et d’innombrables autres personnes qui ont assumé de lourdes responsabilités. À l’instar des saints de l’Église du Christ et sur le modèle de nos ancêtres,  ils ont suivi et continuent à suivre la voie des vertus christiques, celle d’un amour qui contient et conçoit tout en lui-même et à quoi se reconnaissent les disciples du Christ et le peuple de Dieu. Nul n’a plus grand amour que celui-ci : déposer sa vie pour ses amis (Jn 15, 13) – c’est ainsi que notre Seigneur Jésus-Christ nous a montré le chemin de la vie véritable et de la paix, en dehors duquel les difficultés de la vie sont semblables à des arènes d’absurdités.

Dans la joie de la Résurrection, c’est avec une sollicitude pastorale particulière et un sentiment de responsabilité que nous adressons nos salutations et nos prières à nos frères et sœurs dans notre pays et dans la diaspora, partout où vivent des orthodoxes serbes, en particulier à ceux du Kosovo et de Métochie, notre berceau spirituel et national, en leur disant que nous connaissons leurs épreuves et leurs luttes, mais que leur Mère l’Église sera comme toujours à leurs côtés.

Aujourd’hui, nous sommes spirituellement et en prière avec vous tous, où que vous viviez. Que chaque foyer orthodoxe soit illuminé par la lumière du Christ Ressuscité et imprégné de la force de ce chant joyeux : Le Christ est ressuscité des morts, par la mort Il a vaincu la mort, à ceux qui sont dans les tombeaux Il a donné la vie.

Heureux soit pour vous ce jour béni par Dieu, qui nous a fait accéder à la vie éternelle ! C’est avec ces souhaits et avec nos prières au Seigneur Jésus-Christ Ressuscité que nous vous adressons nos très bons vœux ainsi que notre salutation très joyeuse :

CHRIST EST RESSUSCITÉ ! EN VÉRITÉ, IL EST RESSUSCITÉ !

Au patriarcat serbe, à Belgrade – Pâques 2022

Le patriarche serbe Porphyre et tous les évêques de l’Église orthodoxe serbe

La FRATERNITE ORTHODOXE SAINT BENOIT D’OCCITANIE

+ Le Père Abbé ANTOINE, higoumène  du  Monastère Sts Clair et Maurin de LECTOURE (32)

+ Le Hiéromoine GUILHEM, recteur de l’église Ste Foy de NERAC (47)

+ Le Père ANGELO, recteur de l’église Prophète Elie et St Denys d’ALBI (81)

+ Le Père ALAIN, recteur de l’église Sts Martial et Eutrope de BORDEAUX (33)

+ Le Père MICHEL, recteur de l’église St Aventin de TARBES (65)

+ Le Père THIERRY, recteur de l’église St Saturnin de TOULOUSE (31)

+ Le Diacre BERNARD, le Sous-Diacre ALEXANDRE, les Épitropes, les Conseils Paroissiaux et les Fidèles

           CLAMENT d’une seule voix  au PATRIARCHE PORPHYRE et à l’Évêque JUSTIN

accompagnés de nos prières,                   

C H R I S T    E S T    R E S S U S C I T É !

et

A D   M U L T O S   A N N O S  !