Dimanche du Paralytique

Christ est ressuscité !

L’évangile de ce jour (Jean 5, 1-15) rapporte un évènement historique qui a eu lieu dans un quartier situé au nord-est de Jérusalem. C’était peut-être au moment de la Pâque, après que Jésus eût accompli son deuxième miracle à Cana, une fois revenu de Judée en Galilée.

C’est un miracle tout à fait public, dans un endroit où se pressait la foule. Soulignons toujours le caractère concret des épisodes évangéliques, quand ce ne sont pas des paraboles.

La catéchèse soulignera que la parole du Christ équivaut à l’immersion dans l’eau bouillonnant par l’Esprit. Le baptême est baptême dans la puissance de la Parole. La catéchèse montrera également que l’initiation baptismale offre à la fois la guérison de l’âme, par la rémission des péchés, et celle du corps.

Le lien du péché et de la souffrance corporelle n’est pas de caractère juridique ou pénal ; il n’est pas culpabilisant : il tient à l’unité organique du composé psychosomatique humain – les péchés de l’âme affectent, par leurs conséquences, tout l’organisme.

Le récit est une théophanie. Jésus Christ se manifeste comme Celui qu’Il est : le Verbe qui, par sa parole, crée le monde et dont la même parole guérit l’infirme : « lève-toi ! ». On peut voir dans la piscine l’allégorie de l’Église, dont le Christ est la Tête.

Bethesda, c’est la « maison de la miséricorde » (« beth » + « hésèd »). L’Église est, par la présence du Verbe incarné en elle, dans ses membres et à sa tête, le lieu par excellence où le Seigneur fait miséricorde. Les sacrements, à commencer par le baptême, sont les canaux – parole et action – par lesquels le Christ agit continuellement. Les nouveaux baptisés sont ceux à qui le Seigneur a fait miséricorde.

Guérison du Paralytique, manuscrit Monastère d’Iviron (Athos)

Si le Christ opère si souvent des guérisons le jour du Sabbat, ce n’est pas pour provoquer l’hostilité de certains Pharisiens ou scribes. C’est, d’abord, pour se manifester comme Seigneur et Maître du Sabbat. Mais le 7ème Jour est celui où le Créateur suspend son agir : pourquoi donc agit-Il ce jour-là ? L’interdiction d’agir s’adresse-t-elle à Dieu lui-même ?

Litie des défunts à la mémoire de Jacques

Ou encore : s’Il est vraiment Dieu, pourquoi agit-Il le jour de son Repos ? Pourquoi ne sanctifie-t-Il pas Lui-même son propre Sabbat ? – Peut-être est-ce parce que le Verbe incarné instaure, par sa présence, un jour nouveau, un jour qui n’a jamais existé : le 8ème Jour, le jour de sa gloire et de son règne. Il donne ainsi la vraie raison de son dépouillement du 7ème : Il s’est replié sur lui-même, Il est même entré dans la mort, Il s’est dépouillé de sa gloire pour entrer dans sa gloire et dans son règne. L’agir paradoxal du Verbe divin le jour du Sabbat annonce ainsi sa Résurrection : Il enracine le 8ème jour dans le 7ème ; Il accomplit l’attente de ce 7ème ; Il donne la réponse à la question : pourquoi le Sabbat ? – l’arrivée du Fils de David et de son Jour…