Communiqué de l’Assemblée des évêques de l’Église orthodoxe serbe

L’assemblée des évêques de l’Église orthodoxe serbe s’est tenue, du 9 au 18 mai 2019, au monastère de Žiča, puis à Belgrade.

Communiqué de l’Assemblée des évêques de l’Église orthodoxe serbe

« La session ordinaire de la sainte Assemblée des évêques de l’Église orthodoxe serbe de cette année a commencé le 9 mai au monastère de Žiča, qui fut le premier siège de l’Église serbe autocéphale, tandis que nous fêterons cette année le 800èmeanniversaire de cette autocéphalie, la pleine indépendance ecclésiale, un grand don de Dieu et une grande œuvre de saint Sava. Après la sainte liturgie célébrée par les évêques de l’Assemblée et l’invocation du Saint-Esprit en l’église du monastère de Žiča, ont été tenues les premières séances de l’Assemblée au monastère, les 9 et 10 mai, puis celle-ci a poursuivi ses travaux au Palais patriarcal à Belgrade, du 11 mai jusqu’à la clôture de la session de cette année. Tous les évêques diocésains de l’Église orthodoxe serbe ont participé aux travaux, à l’exception de l’évêque d’Europe occidentale, Mgr Luka.

Au début de la première séance de l’Assemblée, S.S. le patriarche a adressé aux évêques présents, selon la pratique établie, une allocution d’ouverture, dans laquelle il a pointé les questions essentielles de la vie et de la mission de l’Église orthodoxe serbe dans le monde contemporain, lequel est rempli, d’une part, de grands défis et épreuves spirituels et, d’autre part, de possibilités ouvertes de travail pour le renouveau spirituel de notre peuple.

Dès le début de ses travaux, l’Assemblée a consacré une attention particulière à la célébration liturgique et à la commémoration d’un grand jubilé, à savoir le huit centième anniversaire de l’obtention du statut autocéphale de notre Église (1219-2019), tant au niveau de toute l’Église au monastère de Žiča et à Belgrade, en octobre, que dans tous ses diocèses. Il convient de mentionner que la commémoration sera poursuivie au cours de toute l’année prochaine 2020. Il est également décidé, la même année, de commémorer liturgiquement et solennellement encore un jubilé important, le centenaire de l’unification des Églises de la région en une seule Église orthodoxe serbe, et le rétablissement de son statut de Patriarcat autocéphale.

Sur l’invitation de l’Assemblée, le Patriarcat a reçu la visite du président de la République de Serbie Aleksandar Vučić et du président de Bosnie et Herzégovine Milorad Dodik. Après la séance, dans salle solennelle du Patriarcat, l’Assemblée a écouté avec l’attention requise les exposés des deux leaders serbes sur la situation et les problèmes de notre peuple en Serbie et en République serbe de Bosnie, mais plus largement, sur les efforts et à la lutte inégale avec les potentats pour la préservation du Kosovo et de la Métochie au sein de la Serbie et sur le soutien, ainsi que sur l’assistance globale de l’État serbe à notre peuple afin qu’il puisse survivre sur la terre serbe la plus sainte, le Kosovo et la Métochie. Parallèlement, il a été question de la coopération fraternelle des organes de l’État, des institutions éducatives et culturelles et de tous les autres détenteurs de responsabilité publique en Serbie et en République de Serbie, pour le bien de notre peuple des deux côtés de la Drina, et pour sa prospérité, en général, où qu’il vive.

Au cours de l’Assemblée a été tenue également la session de l’institution centrale en charge de l’achèvement de l’église-mémorial Saint-Sava à Belgrade, qui a présenté un rapport sur tous les travaux accomplis jusqu’à maintenant, avec l’aide importante de l’État et des dons du peuple pieux, notamment la pose des mosaïques par les artistes russes, et l’annonce de la grande consécration solennelle de l’église l’an prochain.

Comme chaque année, l’Assemblée s’est préoccupée des questions de l’enseignement ecclésiastique, ainsi que de la création des conditions au fonctionnement normal de la Bibliothèque patriarcale, du Musée, et des Archives de l’Église orthodoxe serbe. L’archiprêtre Jovan Milanović est élu nouveau recteur ad interim du Séminaire Saint-Arsène à Sremski Karlovici. Il a également été discuté de la coopération de l’Église avec les organes compétents en Serbie dans le processus de la revitalisation de Sremski Karlovci et la création des conditions propices à son nouveau rôle – en réalité ancien – d’importante « ruche » spirituelle, culturelle et éducative du peuple serbe.

La date de la fête de saint Païssios, patriarche de Peć est changée : au lieu du 2/15 octobre, sa commémoration est fixée au 3/16 octobre sur la base de l’annotation trouvée récemment sur ses saintes reliques.

Il est constaté avec tristesse l’activité de différents schismatiques et membres de sectes.

Ont été entendus et analysés les rapports sur les travaux du Saint-Synode et des évêques diocésains, de même que sur la fondation caritative « Čovekoljublje » et d’autres fondations au service de l’Église orthodoxe serbe pendant la période écoulée.

Un changement des limites de certains diocèses a été opéré. C’est ainsi que le diocèse de Banja Luka a cédé un certain nombre de paroisses au diocèse de Bihać-Petrovac, et du diocèse de Zvornik-Tuzla au diocèse de Dabro-Bosna.

L’Assemblée, à l’unanimité, a conféré l’ordre de Saint Sava du premier degré au Dr Dimitrios (Trakatelis), jusque récemment archevêque d’Amérique dans la juridiction du Patriarcat de Constantinople, pour ses actions caritatives en faveur des diocèses de notre Église en Amérique.

A été également examinée la situation de notre Église dans la région, à savoir dans les États issus de la dissolution de l’ancienne Yougoslavie. Il a été constaté que l’animosité et la discrimination à l’égard de notre Église sont présentes, dans une plus ou moins grande mesure, pratiquement partout – En Croatie, Bosnie et Herzégovine, Macédoine du Nord, et particulièrement au Monténégro, où a été récemment confirmé le projet de loi anti-européen et anti-civilisé sur les Églises et les communautés religieuses. Par ce projet de loi sont discriminés particulièrement et intentionnellement les diocèses du Monténégro et du Littoral, et de Budimlje-Nikšić. Il est même prévu que les saintes églises soient saisies et proclamées propriétés d’État (!). De telles décisions suppriment le droit inaliénable des citoyens à la liberté religieuse et de conscience et constituent une immixtion directe dans les affaires internes de l’Église. Il y a là des tentatives de saisie violente des lieux saints en faveur de « l’Église orthodoxe du Monténégro » [groupuscule schismatique, ndt] qui est inexistante tant selon les canons que dans la réalité. Il y a également la menace de destruction de certains édifices religieux (l’église située sur le Mont Rumija et le baptistère de Prevlaka). Heureusement, partout, tant au Monténégro qu’en Croatie et ailleurs, il y a des particuliers, des communautés et organisations qui militent pour la justice et la liberté de tous. La situation de notre Archevêché autonome d’Ohrid en Macédoine du Nord est difficile. S’il n’y a pas en ce moment de persécutions directes contre l’archevêque Jean, les évêques, les clercs, les moines et fidèles de cette Église, l’épée de Damoclès de nouvelles poursuites judiciaires est suspendue en permanence au-dessus de leurs têtes. Malgré cela, notre Église continue, comme c’était le cas jusqu’à maintenant, de se prononcer pour le dialogue avec l’Église de ce pays qui, depuis des décennies déjà, demeure dans le schisme, et pour la résolution du problème sur une base authentiquement canonique.

L’évêque d’Amérique occidentale Maxime a exprimé ses regrets pour ses déclarations irréfléchies et inappropriées lors d’une interview, selon lesquelles St Sava aurait obtenu l’autocéphalie de l’Église serbe de façon non canonique. Ces propos ont scandalisé beaucoup de personnes. Mgr Maxime a déclaré devant l’Assemblée qu’il acceptait que St Sava ait agi irréprochablement, selon les saints canons, à l’occasion de l’obtention de l’autocéphalie, et a demandé et obtenu le pardon de l’Assemblée.

Relativement à l’attitude du public concernant la vaccination obligatoire des enfants ou à leur encontre, l’Assemblée considère qu’il convient de respecter les motifs scientifiques de la médecine, mais également les craintes des parents.

Le plus grand problème de l’Église orthodoxe aujourd’hui est le schisme ecclésial en Ukraine et l’échec de la tentative du Patriarcat de Constantinople de résoudre ce problème hâtivement, à sa façon, sans dialogue avec l’Église canonique en Ukraine et avec l’Église orthodoxe russe dans son ensemble, et sans consultation panorthodoxe. Aussi, l’Assemblée maintient sa position actuelle : notre Église ne reconnaît pas la structure para-ecclésiale nouvellement établie en Ukraine, ayant à sa tête les citoyens Denisenko et Doumenko, mais elle se trouve en communion liturgique et canonique, uniquement et exclusivement, avec l’Église orthodoxe canonique d’Ukraine, ayant à sa tête Sa Béatitude le métropolite Onuphre, аinsi qu’avec toutes les autres Églises orthodoxes canoniques.

L’Assemblée exprime pour la énième fois sa consternation et son amertume au sujet des intrusions anti-canoniques des évêques et des prêtres de l’Église orthodoxe roumaine dans les diocèses de l’Église orthodoxe serbe en Serbe orientale.

Les relations avec l’Église catholique-romaine et avec les Églises de la Réforme en Serbie, de même qu’avec la Communauté islamique de Serbie sont traditionnellement bonnes et correctes, ce qui, malheureusement, ne peut être dit des relations avec certains cercles de l’Église catholique-romaine en Croatie et de la Communauté islamique en Bosnie et Herzégovine.

Le Saint-Synode, dans sa nouvelle composition, est constitué du métropolite de Dabro-Bosna Chrysostome, et des évêques Irénée de Bačka, Jean de Choumadie et David de Kruševac.

Communiqué rédigé par le porte-parole de l’Église orthodoxe serbe : Mgr Irénée, évêque de Bačka »

Source 

Traduction: Orthodoxie.com