Christ est né ! Noël 2019

La Lumière


Sermon sur la Nativité du Christ,
prêché dans l’église de la Résurrection,
passage de Brussov, à Moscou.

Christ est né !


Lumière et Soleil, – c’est ainsi que nous appelons Notre Seigneur Jésus-Christ Qui vient de naître. Nous L’appelons ainsi dans l’hymne solennel par lequel toute la chrétienté orthodoxe glorifie l’événement de la Nativité du Christ, et nous chantons : « Ta Nativité, Ô Notre-Seigneur Jésus-Christ, a resplendi sur le monde par la lumière de la raison… Nous
Te saluons, ô soleil de justice !… »

C‘est Lui notre Lumière, c’est Lui notre Soleil ! La Sainte Église L’appelle ainsi, parce que déjà de la bouche du saint Prophète Isaïe, il fut dit de Lui : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu briller une grande lumière ; et la lumière a resplendi sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort. » (Is. IX, 1-2). Et aussi parce que, parlant de Sa propre Personne, Notre-Seigneur Jésus-Christ a dit : « Je suis la Lumière du monde » (Jean IX, 5).

C‘est Lui notre Soleil Qui s’est levé sur l’univers pour ne plus jamais se coucher !

Toute lumière est contraire aux ténèbres. Le soleil, en se levant, chasse les ténèbres de la nuit. Et le Soleil Qui avait illuminé le genre humain par la naissance du Fils de Dieu sur la terre, éclaira de Sa lumière tous les problèmes qui se posaient devant la pensée humaine, et dont avait été préoccupée depuis toujours la raison éveillée de l’homme ; c’est aussi ce Soleil Qui apporta la réponse à toutes les aspirations du cœur vibrant de l’homme, dévoila à l’humanité tous les mystères de la vie et de la mort, – mystères qui, à travers les siècles, tourmentaient l’homme par leur énigme ; c’est encore ce Soleil Qui rendit claire et lumineuse, pour chaque homme, la carrière de sa vie terrestre. N’en est-il pas ainsi ?

Depuis que l’homme vit sur la terre, la pensée humaine s’abîme à trouver la solution au problème : y a-t-il une vie après la mort de l’homme, et s’il y en a une, qu’est-ce qui attend l’homme au-delà des bornes de la mort apparente, outre-tombe ? Cette pensée humaine s’efforce de soulever d’elle-même le rideau du mystère de la mort, et se débat dans l’impuissance. Et la conscience vivante se pose cette question: serait-il possible que toutes mes pensées, tous mes désirs, tous mes sentiments, tous mes nobles élans, tout ce dont je vis maintenant, que tout cela meure en même temps que mon corps, et pour toujours ? Pourquoi donc l’homme s’efforcerait-il, durant toute sa vie, d’embrasser le maximum de sciences ; pourquoi s’empresserait-il de les assimiler ; pourquoi s’attacherait-il aux hommes, pourquoi chercherait-il à se faire des amis; pourquoi aimerait-il d’un amour sans partage ; est-ce pour que tout cela soit fauché un jour par la faux impitoyable de la mort ? Pourquoi l’instinct de conservation est-il inhérent à tout homme, pourquoi sont-ils innés en lui : cet amour de la vie, cette soif de vivre et de ne mourir jamais, pourquoi chacun de nous s’attache-t-il à garder sa vie ? Serait-il possible que cet instinct puisse nous tromper, et que tous les autres, comme, par exemple, ceux de la faim et de la soif, soient des instincts infaillibles?

Si nous répondions à toutes ces questions d’une façon négative. – oh, comme il ferait sombre alors dans notre cœur ! Elles seraient bien fondées alors, les paroles de notre poète, paroles qu’il a proférées dans un moment de désespoir et de doute quant à la vie future :

« Et la vie, à la voir de bien près, d’un œil calme. Quelle farce stupide, insensée et sans goût ! »

Mais de dire ainsi, qui de nous l’oserait ! Et ce poète lui-même, s’étant exprimé ainsi dans un moment de désespoir, connaissait aussi ces joies apportées par la foi, puisqu’il parlait un autre jour de cette douceur que ressent une âme en prière :

« Suaves larmes des transports de foi,
Le cœur est si léger sous votre ondée limpide… »

(Lermontov)

Et voilà que ce mystère de la vie et de la mort, mystère que la pensée humaine s’était depuis toujours efforcée de dévoiler, ce mystère fut soudain éclairé par la lumière resplendissante du Soleil qui s’est levé sur le monde, dans la nuit de Noël.

C‘est pour ainsi dire, de Ses propres paroles divines que notre Seigneur Jésus-Christ avait dit à l’homme :

Non, tu ne mourras point ! Tes pensées, tes désirs, les élans de ton cœur, tout cela constitue ton âme immortelle. Une telle âme, Je l’ai insufflée dans le premier homme à sa création, Je la donne à chaque homme à sa naissance : elle est appelée par Moi à la vie éternelle ; et ton âme ne mourra jamais !

Et tout ce par quoi se manifeste dans l’homme l’amour de la vie, cl l’instinct de conservation lui-même, – tout cela ce ont bien des signes révélateurs de cette vie éternelle de l’esprit humain ; cet attachement à la vie est un instinct infaillible et qui ne saurait tromper, l’instinct qui est inhérent à la nature même de l’homme !

Oh, de quelle musique divine, de quelle harmonie céleste retentissent ces paroles, qui nous sont si précieuses, émanant de notre Lumière Divine : « Celui qui croit au Fils à la vie éternelle » (Jean III, 36).

Et à présent, quand le rideau nous séparant de la vie l’au-delà est levé devant l’homme, quand l’homme sait que c’est une éternité infinie qui s’étend devant lui, de quel sens sublime s’éclaire donc sa vie terrestre avec sa cause finale et toute sa signification, avec toute cette plénitude de bonheur qu’elle apporte maintenant à l’homme ! La vie terrestre, c’est
un pas vers la vie éternelle, c’est une voie qui nous prépare à la vie qui n’a point de fin. La lumière de la Parole de Dieu, cette lumière qui nous a révélé le mystère de la mort, elle nous a rendu claires aussi les joies qui nous attendent dans la Cité future incréée de la Jérusalem Céleste, dont le tableau nous est donné par l’Apocalypse, cité qui resplendit de ces beautés éternelles, incorruptibles, offrant à tous ses habitants futurs les délices spirituelles, incomparables et éternelles ! Vivre pour être digne de ces joies, voilà la tâche sacrée et joyeuse de la vie terrestre. Et chacun de nous, en son âme, sait que ce bonheur de la vie éternelle, le bonheur de la communion perpétuelle avec son Seigneur Très-Doux, ne sera
pas seulement le fruit et l’achèvement mérités de la vie terrestre, mais que ce bonheur, pour chacun de nous, commence déjà ici-bas, et qu’il est propre à chaque cœur vivant en Dieu et avec Dieu, Qui est la Source de ce bonheur !

La lumière de l’Enseignement Divin nous indique la voie vers cette lumière éternelle, la voie des commandements de l’Évangile sur la pureté et la douceur, sur l’amour et la foi, sur l’espérance et l’abandon à la volonté de Dieu. Celui Qui est la Source de la lumière nous a révélé Lui-même, par Sa propre personne, cette beauté spirituelle parfaite que doit s’efforcer d’imiter chacun de nous.

Regardez ces myriades d’étoiles qui scintillent dans le ciel nocturne : le Ciel de l’Église est semblable à ce ciel étoilé : une quantité innombrable de saints nous éclairent la voie vers la gloire éternelle, et luisent de leur beauté spirituelle dans les rayons de la Source Divine de la lumière…

Oui, il fait clair maintenant dans l’âme de l’homme, sur son chemin vers la vie éternelle ! Le soleil qui ne se couche jamais rayonne sur nous !

Le Fils de Dieu, né sur la terre, a rendu clair pour nous le mystère de la Providence, Qui, jour et nuit, veille sur chaque vie humaine. Et combien de courage, combien de force spirituelle nous donne la conscience de ce que, sans la permission de Dieu, pas un seul cheveu ne tombera de la tête de l’homme (Mat. X, 30), que rien ne s’accomplit, aussi bien dans la vie de l’homme que dans les destinées des royaumes et des nations, sans la volonté du Père Céleste de l’humanité.

La Lumière Divine nous a révélé aussi le sens des souffrances, ces inévitables compagnes de la vie de chaque être humain. Pourquoi l’homme ne peut-il éviter, dans sa vie, toutes sortes de souffrances, maux, maladies, pertes et privations? Pourquoi tant de malheurs s’acharnent sur l’un, tandis qu’un autre, qui en connaît beaucoup moins, s’adonne aux plaisirs et aux joies de la vie ? Pourquoi souffrent-ils, les petits enfants innocents? La raison humaine a toujours cherché à deviner cette énigme, et nous connaissons, nous le connaissons bien maintenant, le sens de ces souffrances.

Pour certains d’entre nous, le Seigneur, Qui frappe toujours à la porte de notre cœur, veut que ces souffrances, qu’Il n’a point écartées, nous rappellent Dieu, que ces souffrances nous appellent à Lui, nous rapprochent de Lui ; Il veut lier à Lui nos âmes… Chacun de nous ne connaît-il pas autour de soi tant d’exemples, quand des êtres en proie aux malheurs et aux maladies reviennent vers Dieu, après de longues années de vie sans Lui, loin de Lui ?

Et en de tels moments de malheur, l’un se souviendra peut-être de l’icône, éclairée par la petite veilleuse, au-dessus de son lit, au temps de son enfance heureuse, l’autre se souviendra de sa mère agenouillée, en prière, le soir, de sa mère qui est morte déjà depuis longtemps, ou encore se souviendra-t-il de sa première confession, ou bien encore sentira-t-il simplement sur lui la main de Dieu… Et de nouveau, ces pécheurs tendront de tout leur cœur vers leur Soleil Éternel, comme tout ce qui vit dans la nature tend vers l’Astre du jour… N’observons-nous pas, à l’heure actuelle, comment cette guerre sanglante a réveillé à la foi tant d’âmes plongées avant dans le sommeil ? Le Seigneur sauve pour l’éternité les âmes vivantes, les appelant à Lui à travers les épreuves et les pleurs.

Par leurs souffrances, d’autres expient leurs péchés volontaires et involontaires, s’ils supportent ces souffrances avec foi et patience, en faisant leur pénitence, et s’ils savent y discerner la main de Dieu, non pas punissante, mais bienfaisante. Le Seigneur veut que ce soit ici-bas que nous expiions nos péchés, et que nous en étant ainsi purifiés par nos souffrances, comme l’or est purifié par le feu, nous puissions goûter, dans la vie éternelle, la plénitude des joies qui n’auront pas de fin. Et par les souffrances des enfants et des adolescents, le Seigneur veut aussi nous réveiller de notre sommeil de pécheurs, nous appeler à la prière, à la compassion, nous ramener à Ses pieds pour que nous y trouvions la consolation et le Secours Divin…

Et voilà que devant cette Lumière Divine, qui a éclairé toute la carrière de la vie humaine, se sont inclinées des millions d’âmes vivantes, tandis que toute la Chrétienté orthodoxe chante, par les millions de ses voix, les louanges à l’Enfant Divin comme à la Lumière de la raison, comme au Soleil de la justice !

Et le fait qu’aux pieds de l’Enfant Divin se soient rendus, et les mages, pleins de sagesse, et les simples bergers, et qu’ils aient été les premiers à adorer, au nom de toute l’huma­nité, leur Seigneur et Maître, n’est-ce point un symbole de la grandeur irrésistible, de la puissance, de la sagesse et de la beauté de Jésus de Nazareth. Devant Sa Personne Divine et devant Son Enseignement s’inclinent les savants et les igno­rants, les enfants et les vieillards, les pécheurs et les justes : pour eux tous, Son Enseignement est proche, il est pour eux d’une valeur inestimable, d’une simplicité sans égale, et en même temps, d’une inépuisable sagesse ! C’est de la lumière de cette Sagesse Divine que vit et vivra pour l’éternité toute âme dévouée à Dieu !

Et nous aussi, en glorifiant en ces jours l’Enfant Divin, né à Bethléem, empressons-nous de L’adorer au côté des mages et des bergers ! Gardons en nous, comme un trésor, la lumière de notre foi dans le Seigneur, pour vivre avec cette foi et nous en aller là-bas avec elle, en ce lieu où luit la Lumière éternelle Qui ne s’éteint jamais, en ce lieu où les joies intarissa­bles attendent les enfants de Lumière (Jean XII, 36) !

Journal du Patriarcat de Moscou
N° 12 – 1944

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