Fête de Notre Dame Reine de France à Tarbes (2018)

HOMÉLIE DU Rme PÈRE ANTOINE    

Église St Aventin, TARBES – 15 AOÛT 2018

Chers Frères et Sœurs en Christ,

Regnum Galliae, regnum Mariae – Royaume de France, royaume de Marie –

La solennité de Marie, Reine de France, en revenant chaque année en cette église de Tarbes, consoler notre foi, éveille l’idée de la plupart des gloires. Reine du ciel, Marie l’est devenue pour l’éternité par l’éclat de ses grandeurs et par l’incomparable auréole qui couronne son front virginal. Reine de la terre, il ne nous est pas moins doux de la saluer sous ce titre béni qu’elle doit à notre affection et mieux encore à ses bontés : tous nous sommes heureux de lui vouer une obéissance et une tendresse filiales. Mais, pour son cœur, il y a dans le monde une famille privilégiée, une terre de choix, c’est la doulce France.

Lorsqu’on veut étudier les origines du culte de la sainte Vierge en France, il faut se reporter aux origines mêmes de l’Église. Du fait, les premiers autels élevés sur notre sol en l’honneur du vrai Dieu furent accompagnés aussitôt des autels de Marie. Le nom de France ne se disait pas encore, et déjà les premiers évêques de Lyon et de Paris, l’un disciple de St Jean, l’autre de St Paul, en apportant à nos aieux la nouvelle d’un Sauveur, leur parlait aussi de sa Mère. À n’en pas douter, ces hommes apostoliques demandèrent à Marie une bénédiction par le pays confié à leur zèle : et ce fut là comme la prise de possession de sa royauté.

 

Dès lors, et avec le cours des âges, la France devient en vérité le domaine de Marie. Partout, au seuil des maisons et à l’entrée des chemins, son image se montre parée de fleurs. Sa chapelle, cachée au fond des vallées ou sous les sombres arceaux de la forêt, garde l’empreinte des genoux qui depuis longtemps se sont courbés devant Elle. Aussi bien, à côté de l’humble sanctuaire du hameau, quels monuments admirables le génie de la France n’a-t-il pas élevés à la gloire de sa Souveraine ! Sur les bords de l’Eure, Notre Dame de Chartres, proclamée l’une des plus belles demeures de la Reine des Cieux ; Notre Dame de Paris, sur les bords de la Seine, d’une magnificence éclatante ; Notre Dame de Fourvière, au confluent de la Saône et du Rhône ; et, sur la ceinture bleue des mers qui nous entourent, comme autant de phares lumineux bâtis par la piété des fidèles, Notre Dame de la Garde, Notre Dame de Boulogne. Tous ces monuments séculaires portent sous leurs voûtes radieuses le Nom de Marie et avec son nom le symbole de sa royauté sur la France.

Depuis quinze siècles, la France n’a cessé d’ajouter de nouveaux fleurons au diadème de Marie. Nos vieux imagiers, nos sculpteurs, nos peintres sur bois et sur verre, se sont plus à la représenter le sceptre en main, tout en lui demandant leurs inspirations les plus pures. Aucun pays n’a produit autant de défenseurs dévoués à sa gloire, les Césaire d’Arles, Fulbert,  Rémy de Reims dont les noms sont inscrits à jamais dans nos annales. St Anselme et St Bernard ont trouvé des accents d’une inexprimable douceur pour la chanter. Elle a été célébrée par les Pères de l’Eglise indivise avec une éloquence sublime. Pour la glorifier, des Moines et Ermites créent des familles de vierges et de moines. Aujourd’hui même sa mémoire n’est pas moins bénie ; de toute part et sur les lèvres les plus autorisées s’élève un concert admirable pour louer Celle qui est dessus de toute louange.

Toutefois la France a donné à Marie autre chose qu’un domaine, des monuments et des hymnes : elle lui a donné son cœur, le cœur de son peuple et le cœur de ses rois, depuis le jour où ceux-ci se disputèrent la gloire, parmi tous les princes chrétiens, d’être les fils aînés de l’Eglise. On sait la tendre piété des uns envers Marie, d’autres qui récitent chaque matin l’office de la Madone ou portent suspendue à leur cou une de ses images, d’autres consacrent leur royaume par un voeu, annuellement, dont le 15 août rappelle le souvenir par Liturgie solennelle et procession, et qui nous réunit ce jour en cette terre de Bigorre, par nos prières et nos chants.

Pour savoir jusqu’où va le culte de la France envers la Très Sainte Vierge, entrez dans nos églises : vous y verrez agenouillés devant nos multiples icônes de Marie, le génie qui vient de lui vouer sa plume, et l’homme de labeur, heureux de rendre hommage à la Souveraine de son champ ; l’humble fille  que l’on trouve au chevet de toutes les douleurs, et la mère inquiète qui lui parle de sa famille… Pas une vertu, une gloire, une douleur, un dévouement qui ne chante sa royauté. Reine bienfaisante en tout temps et en toute saison, son Icône miraculeuse est de celles dont on a toujours peine à s’éloigner : Notre Dame Porte du Ciel, Notre Dame  Il est digne, Notre Dame aux Trois Mains, Notre Dame du Perpétuel Secours, Notre Dame du Bon Conseil… des centaines d’Icônes de la Mère de Dieu vénérées dans le monde entier sous des vocables différents.

Voilà la couronne que la main de la France a déposé sur le front de la Vierge des vierges. Les sceptres faits de main d’homme se brisent, mais le sien est immortel, les hommes politiques disparaitront, laissant aucun souvenir de leur passage si ce n’est un esprit laïc destructeur et un échec cuisant de leur politique, des révolutions violentes et sanglantes voudront supprimer la Foi de notre terre mais la France immortelle est impérissable parce qu’elle est le Royaume de Marie restera comme un phare.

Reine de France, Marie en a exercé tous les privilèges, tous les droits. Sans vouloir établir de comparaison entre les divers peuples qui envient l’honneur de sa protection et de son amour, je puis dire qu’elle a toujours eu pour nous et qu’elle nous garde une bienveillance marquée, comme pour la sainte Russie qui s’est relevée après des décennies de tyrannies et des dizaines de millions de néo-martyrs.

Pour une Nation, le premier bienfait est celui de la Foi. La religion et la foi lui sont aussi nécessaires que le pain est nécessaire à la vie : car elles forment l’appui naturel de l’ordre, et, par le fait, de la société même. Or, de toutes les faveurs dont Marie a comblé la France, la Russie et tous les pays orthodoxes de l’Est dans la suite des siècles en retour de leur piété filiale, la plus grande est de les avoir protégés contre l’hérésie. Le néo-paganisme, le laicisme, l’abomination de la désolation… pourront profaner nos sanctuaires, abattre les Croix aux croisées de nos chemins et routes, mutiler ou saccager des icônes, jeter au vent les reliques des Saints ; ce qu’elle n’a pu déraciner dans l’âme de l’humble peuple placé sous l’égide de Marie c’est son attachement à Jésus-Christ, même si la Foi a bien diminuée en certaines contrées.

Au surplus, le culte de Marie sera chez nous l’emblème du culte de la patrie et de la foi combattante. Notre nationalité se formait à peine que ce cri retentissait de toutes parts : Regnum Galliae, regnum Mariae ! Royaume de France, royaume de Marie ! Comment dire l’amour de la Sainte Vierge pour la France ? Si aucune nation n’a élevé à sa gloire autant de sanctuaires, à aucune autre la Sainte Vierge n’a donné d’aussi multiples témoignages de sa bonté et de sa puissance maternelles. C’est entre Marie et la France un échange perpétuel de bienfaits et d’hommages. Son doux nom est associé à tous nos malheurs comme à tous nos triomphes. Mille marques de reconnaissance : épées dee chevaliers, cœurs d’argent, ex-votos avec lettres gravées, témoignent des grâces reçues et des miracles accomplis par Marie.

Notre Dame Reine de France ! Quel sens profond est attaché à ce vocable. Quels touchants souvenirs il perpétue ! Quelles gloires et quelle bonté il nous rappelle !…

Daigne Marie continuer à bénir nos destinées dans un monde qui a perdu ses repères et ses valeurs, en France même. Qu’elle bénisse et protège la France de tous ceux qui veulent la détruire, de l’intérieur comme de l’extérieur, dans ses représentants, en écartant de leurs conseils l’esprit de vertige et d’erreur. Qu’Elle bénisse et protège la France dans son humble peuple, souvent écrasé par des forces occultes ou des lavages de cerveau. Et puisse la France, de son côté, garder toujours à son immortelle Patronne et à sa Protectrice séculaire un filial amour et une inaltérable confiance contre tous ceux qui en veulent à sa Foi millénaire de l’Eglise indivise. Amen