Fête de Notre-Dame des Moissons

HOMÉLIE DU Rme PÈRE ANTOINE   –   14 JUILLET 2018   ST GÉNY DE LECTOURE

Chers Frères et Sœurs en Christ !

En cette fête de Notre Dame des Moissons, patronne de la Gascogne, nous devons faire un traité avec Celle dont nous allons contempler les vertus. Nous devons lui promettre de les imiter. Essayons de faire comme un bouquet de celles qui semblent nous convenir davantage et promettons-lui, en une consécration intime, de les porter dans notre cœur si souvent blessé. Ce sera notre ressemblance avec Elle.

I/ SON HUMILITÉ

Litanie diaconale

     Le  péché est entré dans le monde par l’orgueil du démon qui disait à Dieu : « Je  ne servirai pas », et le Fils de l’homme  est venu sur la terre pour détruire l’orgueil dans l’humilité de l’Incarnation et dans tous les anéantissements qui devaient en être la suite.

     Or il s’est servi pour instrument de ce mystère prodigieux, où un Dieu consentait à prendre toutes les infirmités de la nature humaine, de la plus humble de toutes les créatures. Qui a été plus humble que Marie ? C’est l’humilité qui a fixé le regard de Dieu sur celle qui devait être la Mère du Fils de Dieu.

Posons-nous la question : Quand serai-je réellement humble ? Une petite violette de Toulouse ? Quand m’abandonnerai-je à toute humiliation, telle que Dieu peut la demander ?

Lecture de l’épitre

Ô MARIE, il faut que ce soit aujourd’hui même, et ma consécration à votre service datera de ce jour où j’aurai vaincu mon orgueil et mon amour-propre, dans une société de suffisance où l’on écrase le prochain pour arriver à ses désirs pervers et dominateurs. Je veux que ce soit sur-le-champ. Aide moi, ô ma Mère !

II/ SA PURETÉ

Quelle triste source de faiblesse pour l’homme, l’impureté devenue banale, presque un chalenge pour les esprits pervers ! Les sens le dominent et l’Esprit de Dieu ne demeure plus en lui, parce qu’il est chair. Ô esclavage de l’âme sous les chaînes de l’impureté ! Ô liberté de l’ange et de l’âme rendue, par la pureté, la sœur des anges !

Marie toujours vierge et, si on peut le dire, rendue plus vierge par la pureté même de Dieu dont elle est la Mère. Marie doit être notre modèle. Comme  Marie, nous donnerons notre être tout entier à Dieu pour être plus pur, et Jésus-Christ, me donnant avec son Corps et son Sang, lors de la Communion, le pain des anges et le vin qui fait germer les âmes nobles, m’aidera à vivre d’une  vie tout entière consacrée à la pureté.

Ô Reine des anges, dans une société pervertie où tout est permis, où des lois sont votées destructrices des valeurs éternelles d’une vraie famille, un père, une mère, des enfants unis dans l’amour sous un même toit, prie pour nous, afin que sous les ailes des séraphins qui entourent ton trône, nous ne brûlions que des flammes célestes et, y consumant toutes nos souillures ou tentations, nous soyons dignes d’être les sujets et les fils de la Reine des vierges !

III/ SA FOI

Sermon

J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé, s’écriait le prophète. N’est-ce pas Marie surtout qui peut prononcer ces paroles, après qu’un ange lui a annoncé qu’elle sera la Mère de Dieu ? Quoi ! Une pauvre et ignorée créature ? Oui, elle croit et elle donne son consentement. « Voici la servante du Seigneur ». Elle croira, à Bethléem, qu’un Dieu veut naître dans une étable, veut fuir en Égypte, vivre trente ans dans le travail de menuisier et l’obscurité. Elle croira malgré les rebuts essuyés par son Fils. Elle verra son Dieu garroté, flagellé, crucifié, expirant, déposé de la croix, réduit à l’état de cadavre, enfermé dans un tombeau, et elle croira, et sur ce tombeau scellé elle répètera son cantique : Mon âme glorifie le Seigneur, tant sera grande est sa foi.

Ô Marie, en qui s’est incarné l’auteur et le consommateur de la foi, donne-moi la foi qui transporte les montagnes, afin que, parlant conformément à ma foi comme David, je dise toujours : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé… contre des lois iniques qui permettent la fin de vie d’enfants à naître, de malades même incurables, de personnes malades, âgées, grabataires. La vie existe jusqu’au dernier souffle.

 

IV/ SON RECUEILLEMENT ET SA PRIÈRE

Marie, témoin des plus grands prodiges, les conservait dans son cœur, parce qu’Elle était recueillie. Qu’a dû être la vie de Marie après la Nativité ? Le corps de Jésus n’était plus dans ses chastes entrailles, mais l’esprit, l’amour de Jésus n’était-il pas toujours dans son cœur ?

Voilà ce que je voudrais étudier pour apprendre l’union si recueillie de la pensée de Jésus avec la prière de Marie. Qui doutera que celui qui est le Verbe de Dieu, la vérité éternelle, la sagesse infinie, ne fût son docteur ?

Pourquoi, après la communion fervente reçue du prêtre, au pied de mon crucifix, devant le tabernacle, ne dis-je pas plus souvent à Jésus-Christ : Reste avec nous ?

Ô Jésus, qui a absorbé les pensées, les sentiments, la prière de Marie, pourquoi n’absorberais-Tu pas mon être tout entier ? Pourquoi, à l’imitation de ta Mère, ne m’efforcerais-je pas de me recueillir, de prier, de penser à Toi ? Pourquoi, dans ce monde agité, médiatisé, qui a perdu ses repères, ne deviendrais-je pas enfin un chrétien de recueillement dans la solitude de ma chambre et de prière, comme une orante ?

V/ SON AMOUR POUR DIEU, JÉSUS-CHRIST, L’ÉGLISE – SON ZÈLE POUR LES ÂMES

Quel a été l’attrait de Marie ? DIEU. Le Seigneur m’a possédée au commencement de ses voies. Marie dans l’ordre de la création a été le premier être dont Dieu se soit préoccupé, et l’on peut dire que le premier éveil de l’intelligence de Marie a été DIEU. Dieu était son principe, son but, il était aussi son centre. Peut-on supposer un autre repos pour Marie que Dieu ? Mais Dieu lui avait donné son Fils, et comme ce Fils était Dieu, elle l’aimait, et comme son Dieu et comme son Fils. Et comme l’œuvre par excellence du Fils, sur la terre, était l’Église, que le Fils s’était acquise par son sang : Marie, après Dieu et Jésus son Fils, n’aimait rien tant que l’Église. Enfin, comme l’Église n’est instituée que pour les élus, Marie avait, dès le commencement, une tendresse spéciale pour les élus.

Tel est l’ordre de l’amour de Marie, et tel doit être l’ordre de notre amour : Dieu, Jésus-Christ, l’Église, les âmes, la Famille…

Ô Marie, au terme de cette divine Liturgie, offerte à ta gloire, fais, que comprenant ta raison d’être, dans la pensée de Dieu, nous y trouvions la raison de notre existence et de notre bonheur ; et, qu’ornant mon âme des vertus qui ont embelli ton âme, je sois, étant ton imitateur et imitatrice, ton fils, ta fille d’adoption ; que je trouve en toi un modèle de perfection qui attire ta tendresse et me fasse arriver à cette sainteté, à cette rigueur, à cette piété, à cette charité … qu’à tes pieds Dieu récompensera un jour au ciel.

AMEN !